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Sous Fatshi, la médiation congolaise réactivée...

Gatuna, à la frontière rwando-ougandaise, a accueilli le 21 février 2020 la dernière quadripartite en date sur la crise diplomatique entre Kigali et Kampala, crise impliquant depuis l'année passée la médiation RDCongo-Angola.  Question : à quand remonte la médiation congolaise dans un conflit entre États étrangers, précisément africains ?

Avant de répondre, notons-le d'emblée : devenu lui-même pays à conflits divers depuis deux décennies, le Congo-Kinshasa n'a plus été en mesure d'entreprendre en solo ou en groupe des initiatives de réconciliation soit entre forces politiques d'un État, soit entre États.

Pourtant, des crises politiques et diplomatiques, les pays membres notamment de la CEEAC, de la SADC et de la CIRGL en connaissent. Peuvent être citées la crise post-électorale au Gabon, au Burundi et au Zimbabwe; la crise politico-armée en RCA et au Sud Soudan ou la crise diplomatique Rwanda-Ouganda, Éthiopie-Érythrée, Soudan-Sud etc.

Pour répondre alors à la question posée en introduction, les dernières médiations remontent à l'époque du maréchal, sous le MPR Parti-Etat. Comme référence : la crise politique sud-africaine quand il avait fallu mettre face-à-face De Klerk et Mandela, la crise politico-armée rwandaise quand il avait fallu mettre face-à-face une délégation du Gouvernement Habyarimana et une délégation du Fpr et la crise politico-armée ougandaise quand il avait fallu mettre face-à-face Milton Obote, renversé par Tito Okello, et un certain Museveni.

De 1990 à 2019, soit au cours des 29 dernières années, c'est la crise politique RDCongolaise qui a été et d'ailleurs continue d'être sur la table de toutes les organisations communautaires (Onu, Ua, Ue etc.). Depuis une vingtaine d'années, Kinshasa est mondialement connu pour ses faits dramatiques : guerres, maladies, pauvreté, violences sexuelles...

Que la même RDCongo, hier victime de l'agression rwando-ougandaise, se retrouve avec l'Angola dans une médiation visant la résolution de la crise diplomatique ayant pour protagonistes justement le Rwanda et l'Ouganda, ça doit (nous) interpeler. Et qu'en plus, cela arrive à la faveur de la première alternance politique issue des élections ayant ramené à la tête du pays un chef d'État civil à 100%, en la personne de Félix Tshisekedi - cela  quasiment 60 ans après Joseph Kasa-Vubu - doit (nous) interpeler davantage.

Ouvrons une parenthèse à refermer vite : Mobutu, L-D. Kabila et J. Kabila ont eu des relations presque affectueuses avec des armes. A Gatuna, la symbolique est que des quatre chefs d'État présents, l'unique civil est Félix Tshisekedi. L'Angola Lourenço, l'Ougandais Museveni et le Rwandais Kagame ont, à l'instar, de Mobutu, L-D. Kabila et J. Kabila, exercé eux aussi le métier des armes. 

Qu'est-ce qui explique ce phénomène ?

Pour l'heure, saluons plutôt le retour du Congo sur la scène internationale avec un Chef d'État civil et issu des urnes et en phase avec la communauté internationale. Il y a là des dividendes à tirer et à rentabiliser. Notamment en mettant à profit l'expertise  congolaise acquise dans la gestion des crises politiques, des crises armées, des crises  politico-armées et des crises  diplomatiques affectant plusieurs pays africains.

Kinshasa a aujourd'hui des atouts en ressources humaines et en expériences  pour aider ces pays à surmonter les épreuves auxquelles ils sont confrontés. L'expertise nationale est là avec Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba, Azarias Ruberwa, Vital Kamerhe, Alphonse Ntumba Luaba, etc.

Les uns ont  participé aux négociations ayant abouti à la signature de l'Accord de Lusaka en 1999, les autres au Dialogue inter-congolais tenu  entre 2001 et 2003, les autres encore à la mise en place et à la gestion de la Transition 1+4 entre 2003 et 2006 quand ce n'est pas au processus ayant conduit à l'Accord d'Addis-Abeba en 2013 ou à celui de la CENCO en 2016. Kinshasa est donc en mesure de mobiliser ses filles et fils pour contribuer à la résolution des crises qui plombent le continent.

Luanda avant-hier, Gatuna hier et, pourquoi pas ?, Goma ou Bunia demain : sous Félix Tshisekedi, la médiation congolaise est bel et bien réactivée. Ayons le courage et l'honnêteté d'en prendre acte.



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