Ce qu’il fallait craindre à l’Université de Kinshasa, est enfin arrivé. En effet, le Gouvernement de la République, via le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire, considérant la gravité des dégâts causés, a pris la lourde décision de fermer momentanément cet alma mater. Inévitablement, cette décision aura comme conséquence de perturber le programme académique. De même, obligation est faite à tous les occupants des homes (résidences estudiantines) d’évacuer volontairement les lieux endéans 48 heures, à partir de ce jour. Passé ce délai, recours sera fait aux forces de l’ordre. Gouverner c’est prévoir, dit-on. Le Gouvernement, suite à la répétition d’actes inciviques qui n’ont rien à voir avec les revendications estudiantines, a préféré limiter la casse. La gravité des dégâts laisse penser que les manifestants ont été infiltrés par des gens avec un mode opératoire atypique : casser et piller. Bref, de mettre l’Unikin à feu et à sang.
A la base de cette situation, rappelle-t-on, la manifestation des étudiants qui contestaient la hausse des frais académiques fixés à 490.500 FC pour les classes de recrutement, et 485.000 FC pour les classes montantes. Hier dans la matinée, les troubles se sont poursuivies, et la Police a une fois de plus enregistré deux pertes en vies humaines.
Ainsi pour pallier à ce problème et remettre de l’ordre à la colline inspirée, le gouvernement de la République Démocratique du Congo, par l'entreprise du ministère de l'Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU), a pris hier mardi 7 janvier 2020, d’importantes mesures, en accord avec le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba et après concertations avec le Comité National de Sécurité.
A cet effet, le ministre ordonne à tous les occupants des homes (résidences estudiantines) de l'Université de Kinshasa d'évacuer volontairement les lieux endéans 48 heures, à partir de ce jour. Passé ce délai, souligne Thomas Luhaka, recours sera fait aux forces de l'ordre. Il appelle par ailleurs le Comité de gestion de l'Université de Kinshasa à collaborer dans l'application de ces mesures. Ainsi, toutes les activités au sein de l’Unikin sont donc suspendues jusqu’à nouvel ordre.
« En vue de permettre une réinstallation rapide dans les homes des seuls étudiants réguliers, il sera procédé à une opération d’identification. Il est demandé aux autorités compétentes de la PNC, des services de sécurité et de la Justice de procéder, le plus rapidement possible, à l’identification et l’arrestation des auteurs de ces forfaits pour qu’ils subissent avec la plus grande fermeté, la rigueur de la loi ; et enfin, le comité de gestion de l’Université de Kinshasa est instruit de collaborer à l’application de ces mesures », renseigne le communiqué signé par Thomas Luhaka Losendjola.
L’on apprend toutefois que les étudiants qui sont logés aux homes ne sont pas de l’avis du ministre, et disent attendre que l’on vienne le déloger après 48 heures. Une situation que certains craignent, d’autant plus qu’elle peut aboutir à des affrontements redoutés entre agents de l’ordre et étudiants. Qu’à cela ne tienne, les étudiants devront comprendre que la violence ne résout rien, surtout que le dialogue n’est pas rompu avec le Gouvernement, à travers la coordination estudiantine.
L’Apukin reçoit le soutien de l’APUPN et de la coordination estudiantine
Les échauffourées entre étudiants de l’Université de Kinshasa (Unikin) et les éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC) se sont poursuivies hier mardi, alors que les futures élites du pays se dirigeaient vers le plateau des professeurs pour tout saccager. Ainsi, la manifestation pour dire non à la hausse des frais académiques a pris une autre connotation, et il fallait imposer la rigueur de la loi.
Malheureusement, le commissaire provincial de la PNC/Ville de Kinshasa, Sylvano Kasongo a annoncé qu’à la suite de ces événements, deux policiers ont sauvagement perdu leurs vies. Bien avant, le chef de la Police de Kinshasa avait informé sur l’état critique du policier lynché lundi toujours par les étudiants de l’Unikin. Lui qui avait eu la vie sauve grâce à l’intervention de ses collègues, est actuellement admis aux soins intensifs à l'hôpital militaire du Camp Kokolo.
A cet effet, l’Association des Professeurs de l'Université Pédagogique Nationale (APUPN), dénonce les actes qu’elle qualifie de vandalisme perpétré par les étudiants de l'Université de Kinshasa (UNIKIN) lundi dernier. Dans un communiqué rendu public, l’APUPN met en garde les étudiants de l'UPN qui planifieraient des actions similaires.
« L'APUPN Condamne avec la dernière énergie ces actes, soutient ses décisions portées à la connaissance du public ce lundi 06 janvier 2020; met en garde les étudiants d'autres institutions, notamment ceux de l'UPN, tendant à emboiter le pas aveuglément à leurs condisciples de l'UNIKIN manipulés par des mains noires invisibles », renseigne ledit communiqué.
Dans une déclaration écrite faite le lundi 6 janvier, Arsène Mulumba, coordonnateur des étudiants de l’UNIKIN précise que les montants de 490.500FC pour les années de recrutement et de 485.500FC pour les classes montantes, ont été négociés et adoptés par le Conseil des Partenaires de l’Université de Kinshasa (COPA/UNIKIN), composé du Comité de gestion, de l’Association des Professeurs de l’UNIKIN, de l’Association du Corps Scientifique, de l’Association du Personnel Administratif et Technique, ainsi que la Coordination estudiantine. Ce, en date du 19 décembre 2019, en vue de sauver l’année académique en cours. Contrairement à leurs camarades qui ont optés pour la violence en lieu et place du dialogue, la coordination estudiantine se désolidarise et s’attend à une solution efficace.
Malheureusement, un étudiant pense que ces frais académiques sont exorbitants : « nos revendications tournent autour des frais académiques. Auparavant, on payait 253.000 de G1 en L2. Le ministre avait réduit ce montant. Il avait dit que des classes de préparatoire, celles de G1 et celles de L1 devraient payer 210 000 FC. G2 et L2 devraient payer 171 000. Et maintenant, une nouvelle décision tombe: les classes de G1, celles de L1 et celles de préparatoires doivent payer 490 000 FC et les classes de G2 et L2 410 000 FC par an. C’est pour cela que les étudiants manifestent ».
Et par son communiqué le même jour des incidents, le recteur de l’UNIKIN avait dénoncé le fait que les revendications des étudiants avaient un autre but que les frais académiques, rien qu’à voir le niveau des actes inciviques posés. D’où, le professeur ordinaire Daniel Ngoma Ya Nzuzi a promis de prendre des mesures qui s’imposent pour que pareils comportements des étudiants ne se répètent. Tout en exigeant des sanctions exemplaires à l’endroit des étudiants fauteurs des troubles, l’Association des Cadres Scientifiques (ACS) sollicite aussi la fermeture des homes et le déguerpissement sans complaisance de tous leurs occupants sans distinction.