La Conférence épiscopale nationale indépendante (CENCO) a formulé ce lundi 16 décembre 2019, onze recommandations à l’endroit des dirigeants du pays, en rapport avec l’application de la gratuité de l’enseignement de base prônée par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. D’abord celles d’exécuter la promesse du Chef de l’Etat de rémunérer les enseignants non-payés à partir du mois de janvier 2020 ; et de rassurer les nouvelles unités qu’elles seront payées avec effet rétroactif, afin de les motiver.
La troisième recommandation est celle d’identifier les écoles mécanisées et non budgétisées, aussi celles non mécanisées et non budgétisées, et procéder au payement de leurs frais de fonctionnement. En ce qui la concerne, la CENCO appelle les autorités à exécuter la promesse du Chef de l’Etat de mettre fin au moratoire de création des écoles, par l’harmonisation de la carte scolaire et la révision des structures des classes.
Et de prendre en charge les frais des examens d’Etat, « afin d’éviter la corruption et d’encourager la rigueur dans ces épreuves », et mettre en place un comité d’organisation indépendant au niveau national et provincial, comprenant tous les partenaires éducatifs. D’autres recommandations des Evêques sont de mettre en place un plan de construction et de réhabilitation des écoles ; puis d’assurer l’équipement en bancs et en outils didactiques ; et de procéder à la suppression ou à la fusion des bureaux gestionnaires pléthoriques et budgétivores créés en dehors des normes ; mais également à la réforme urgente du service de contrôle de la paie (SECOPE) « pour garantir la transparence du fichier du personnel enseignant et la traçabilité des fonds mis à sa disposition ».
En dernier lieu, la CENCO demande aux dirigeants étatiques de promouvoir efficacement l’éthique par le contrôle et l’application rigoureuse des sanctions administratives et pénales en cas de pratiques de monnayage des actes éducatifs ; et d’interdire les interventions intempestives de l’ANR, des partis politiques et autres services spéciaux dans les écoles.
Toutes ces recommandations ont été énumérées au cours de la conférence de presse animée par le secrétaire général de la CENCO, l’Abbé Donatien Nshole Babula, qui était accompagné du Coordinateur national des écoles conventionnées catholiques, l’Abbé Noël Ntungu Bisibu. Avant d’arriver à ces recommandations, il a fait des constats, noté des avancées et présenté des défis, ce, en plus d’une introduction.
Ainsi, l’Abbé Nshole a rappelé qu’à l’annonce de cette décision de la gratuité de l’enseignement, les Evêques membres de la CENCO ont exprimé leur satisfaction. En même temps, a-t-il souligné, ils ont prié les autorités compétentes de veiller aux préalables indispensables pour sa bonne application, « notamment la garantie d’un salaire digne pour tous les enseignants et la régularisation de la situation salariale de ceux non-payés et des nouvelles unités ».
Avancées et défis de la gratuité de l’enseignement selon la CENCO
A en croire le Secrétaire général de la CENCO, à l’issue de la réunion d’évaluation tenue sous l’égide de la Coordination nationale des écoles conventionnées catholiques trois mois après la rentrée scolaire, les coordinateurs diocésains et provinciaux ont fait des constats par rapport à la mesure de la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement.
D’abord des avancées, telles que l’afflux massif des enfants jadis déscolarisés ou dont les parents furent essoufflés par le paiement des frais de motivation ; l’augmentation des salaires des enseignants des établissements publics, et des frais de fonctionnement des écoles primaires ; la suppression des frais de motivation à tous les niveaux (maternel, primaire et secondaire), et des autres frais scolaires au niveau primaire.
Une autre avancée majeure de la gratuité de l’enseignement selon les princes de l’Eglise est que 166.649, soit 71,4 % des enseignants des écoles conventionnées catholiques sont payés, et que 11.565 écoles conventionnées catholiques, soit 70,7 % sont mécanisées et budgétisées.
Toutefois, les prélats catholiques démontrent également des défis. Entre autres, 22.698 soit 9,7 % des enseignants ne sont pas payés (N.P) ; 44.138 soit 18,9 % des enseignants sont des nouvelles unités (N.U) non enregistrés, par conséquent non payés ; 1.898 écoles soit 11,6 %, sont mécanisées mais non budgétisées ; 1.317 écoles soit 8,1 %, ne sont ni mécanisées, ni budgétisées ; 1.330 écoles, soit plus de 8 %, sont non agréées mais opérationnelles ; 243 écoles, soit 1,5 % sont agréées mais non opérationnelles.
Quant à d’autres défis, les Evêques de la CENCO notent entre autres la démotivation des enseignants NP et NU ainsi que tous les agents d’appoint en provinces (directeurs de discipline, surveillants, sentinelles, secrétaires, ouvriers) qui ne sont pas payés ; des grèves passives ou actives des enseignants dont la rémunération est non satisfaisante ; et la difficulté de fonctionnement des écoles non budgétisées par manque des frais de fonctionnement.
Mais aussi des effectifs pléthoriques entraînant l’insuffisance des infrastructures ; le manque de matériels didactiques et de manuels scolaires particulièrement dans les classes de 7ème et 8ème pour certains cours inscrits au programme ; le manque d’équité dans l’octroi des frais de fonctionnement aux écoles et aux bureaux des gestionnaires ; et l’arrêt de tous les projets entrepris au niveau des écoles, notamment ceux de construction des nouvelles infrastructures et d’équipement.
Avant de répondre à quelques préoccupations soulevées par des journalistes, l’Abbé Nshole a souligné que pour la CENCO, la gratuité de l’enseignement primaire doit être irréversible (NDR : c’est-à-dire, plus question de faire marche arrière). « La CENCO est disposée à apporter sa contribution dans la recherche des solutions pour surmonter les principales difficultés qui risquent de compromettre la réussite de cette politique de gratuité ou de contribuer à la baisse du niveau de l’enseignement qui est déjà déplorable. A savoir, le non-paiement des enseignants qui prestent depuis septembre ; l’insuffisance des salaires qui, pour certains, sont sensiblement revus à la baisse », a-t-il déclaré.