Dans une initiative désespérée, Martin Fayulu, candidat malheureux à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, propose une série de mesures à dormir debout. Mieux, il réitère sa demande d’emploi au Président de la République élu, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en lui demandant de créer le Haut conseil national des réformes institutionnelles (HCNRI) dont il serait le principal animateur. En plus, pendant la période des réformes de 18 mois environ, la coalition CACH/FCC dirigera le pays et la coalition Lamuka pilotera, elle, le Haut conseil national des réformes institutionnelles (HCNRI).
Nombreux sont ceux-là qui ne comprennent pas le sens de ce document qui circule du reste sur les réseaux sociaux et dont ignore le destinataire. Et pourtant, la logique voudrait qu’il soit adressé aux institutions du pays qui, seules, sont habilitées à donner une réponse satisfaisante. Est-ce un manque de respect ou de considération aux institutions légitimes du peuple ? Est-ce une façon pour lui de se considérer toujours comme étant le président élu ? Qu’à cela ne tienne, ses propositions ne peuvent être prises en compte que par les institutions établies du pays. Pourquoi Fayulu n’est-il pas allé au bout de sa logique en s’adressant directement à qui de droit ?
A parcourir le document signé par Fayulu, qui n’a même pas voulu avoir le quitus de l’actuel coordonnateur de Lamuka, Jean-Pierre Bemba et qui doit être remplacé par Adolphe Muzito, on sent une frustration de quelqu’un qui a parcouru le Congo profond, l’Europe et les Etats-Unis, sans parvenir à mobiliser les masses qui adhèreraient à sa cause. Pratiquement 11 mois après l’investiture du président de la République, il revient sur une imaginaire crise multidimensionnelle profonde, qui exigerait un dialogue.
Sinon, Fayulu ne doit pas avoir la mémoire courte, pour comprendre que la Rdc a toujours connu des crises de légitimité. Et Joseph Kabila qui en était confronté, surtout qu’il n’avait pas organisé à temps les élections, pendant que son deuxième mandat était arrivé à échéance, était obligé d’organiser le dialogue tant de la Cité de l’Union africaine que du Centre interdiocésain, qui aboutira à l’accord de la Saint Sylvestre grâce auquel les élections ont été organisées.
Avec l’élection d’un nouveau président, Félix Tshisekedi, la Rdc a mis fin à la crise de légitimité et Fayulu ne peut plus distraire les Congolais qui ont fait leur choix. Maintenant qu’il y a le débat au niveau du Parlement congolais, en vue de la désignation du porte-parole de l’Opposition, l’opinion nationale voudrait que Fayulu prouve de quoi il est capable, en s’imposant comme nouveau chef de file de l’opposition, bénéficiant de son statut d’ancien candidat président de la République.
Sachant bien qu’il n’avait aucune chance, parce que la désignation risque de se jouer au niveau du nombre de députés au Parlement, il sait très bien qu’en tenant compte de ce critère, il ne passerait pas. Voilà pourquoi il se désolidarise des autres, en proposant des choses qui n’intéressent personne. Comment vont réagir ses collègues de Lamuka ? Vont-t-ils soutenir cette initiative rétrograde ? Par ailleurs, le Président de la République n’a cessé de manifester sa volonté de voir une opposition structurée, organisée, jouer valablement son rôle.
En Rdc, le dialogue est devenu une institution, même s’il faut toujours savoir sur quoi il va porter. Et Fayulu doit savoir, une bonne fois pour toutes, que le pays a déjà entamé sa marche vers son émergence, pour lui permettre de satisfaire les doléances du « Peuple d’abord ». Le temps n’est plus aux conciliabules et autres initiatives qui font perdre à l’Etat le temps et l’argent.
Concernant d’autres propositions : créer le HCNRI, mettre en œuvre le programme d’urgence, organiser les élections anticipées, …Fayulu doit comprendre que la Rdc a des institutions qui jouent pleinement leur rôle et toutes ces propositions sont prises en compte dans ce cadre-là. Il doit se rappeler que la Rdc a annoncé qu’il se prépare à lancer une opération de grande envergure, pour mettre un terme à l’activisme des Adf qui accumule de victimes. L’on ne peut que faire confiance à l’armée qui a certes, des problèmes, mais est 9ème en Afrique.
Il n’y a pas péril en la demeure ! Qu’il se rende compte de l’évidence et comprenne que son discours sur la vérité des urnes ou sa danse « Se ye » ne portent plus. Sachant que Moïse Katumbi, grâce à ses moyens et son réseau mobilise beaucoup de gens derrière lui, peut-être que Fayulu ne veut pas disparaitre de l’actualité, qu’il cherche par tous les moyens à rester dans les objectifs des caméras.