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Eviter le pire: Pour une réglementation des « Wewa »

A Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, un nouveau fait de société a vu le jour. Il s'agit du phénomène "Wewa ",  ou « toi », traduit du Tshiluba, l’une des langues parlées dans l’espace Grand Kasaï. En réalité, il s'agit des motocyclistes dont la majorité provient du Grand Kasaï, victime  de la chute des cours des matières premières, plus particulièrement du diamant. Ceux-ci, faute de débouchés, n'ont eu d'autres choix que de s'imposer dans les grandes villes de la Rdc, particulièrement à Kinshasa dans la conduite de la moto.

Cette pratique qui devait se dérouler dans le calme, mieux dans l'observance du code de la route, est à la base de la dérive ayant même entraîné à Kinshasa des morts. Pas plus tard qu’hier, un bus en provenance de Lufu, localité située à la frontière entre la Rdc et l’Angola, a été brûlé, au motif qu’il aurait heurté un motocycliste qui, malheureusement, a perdu la vie. A-t-on désormais autorisé aux Wewa de se faire justice ? Comment mettre un terme à cette situation, au moment où les Wewa sont considérés par une certaine opinion comme étant une milice au profit de politiciens véreux ? C’est le sens de l’intervention du président des Wewa, qui pense qu’ils sont infiltrés par des délinquants n’ayant en tête que l’idée de semer trouble et désolation à Kinshasa.

Dans ce dossier, les fins limiers de L’Avenir tentent de pénétrer et de mieux comprendre le Wewa, phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur, et dont on ne peut pas se passer. Et ce, surtout qu'ils sont présents dans toutes les communes et viennent à la rescousse de ceux qui veulent aller vite, pour ne pas être bloqués par les embouteillages. Si pendant les années 70 et 80 les taxis pouvaient ramener le client jusque devant sa porte, de nos jours, c'est la moto qui joue ce rôle, au grand désavantage des chauffeurs qui accusent ainsi un manque à gagner.

Les raisons de réformer le secteur

Ainsi, Kinshasa semble ne pas être prêt  à s'habituer avec ce phénomène, à cause de beaucoup de raisons. De 1, les routes de Kinshasa, dans le format laissé par le colonisateur, ne sont pas adaptées à la circulation des motos. C’est ainsi qu’ils roulent en désordre, perturbant des fois la circulation. D'où la nécessité, si on veut promouvoir les motos, moyen de transport très prisé par la gente féminine, de moderniser les routes. De 2, il s'avère que Kinshasa demeure un paradis fiscal pour les Wewa. Ceux-ci achètent leurs motos entre 500 - 1200$, mais ne prennent pas le soin d'acheter les documents ou de s'acheter d'autres formalités de protection individuelle comme le casque, etc.  D'où, la nécessité d'identifier les Wewa, les doter des numéros en vue de leur identification. Pour une capitale pas totalement urbanisée et avec des moyens de transport insuffisants, la moto a encore de longs jours. C'est question de réglementer le secteur, pour les empêcher de faire de la concurrence déloyale aux taxis, taxis-bus, bus et autres minibus Hiaces.

De 3, peut être que dans la tête de certains Wewa, Kinshasa est une ville sans règle ni loi, donc une jungle. Une ville où le code de la route est presqu’inexistant et où chacun peut conduire comme bon lui semble. Et pourtant, le code de la route est applicable à tout le monde: véhicules, motos, tout comme les personnes physiques. D'où, la nécessité d'appliquer avec sévérité le code de la route à l'endroit des Wewa. Et ce, tout en insistant sur le respect du sens unique pour certaines routes comme les avenues Kasaï, Bokassa ou Kasavubu en certains coins.

De 5, la nécessité pour les gouvernements central et provincial d'investir massivement dans l'agriculture. Dans le Grand Kasaï, le diamant a contribué depuis des années, au budget de l'Etat. Mais on avait malheureusement oublié que le diamant était épuisable et que son cours pouvait sensiblement dégringoler. La preuve est que lorsqu'une crise des cours des matières premières surgit, ceux qui vivaient de ce minerai, ne pouvaient plus nouer les deux bouts du mois. Comme conséquence, il faut migrer vers les provinces qui offrent plus d’opportunités. De nos jours, il y en a qui proposent au Gouvernement de mettre de côté un montant pour les générations futures. Ce montant permettrait de palier à la chute continuelle des cours, mais aussi pour se préparer contre l’épuisement du diamant.

De 6, les Wewa doivent éviter de se faire justice. On n'est plus à l'époque de la violence privée où dans une jungle qui permet à celui qui est fort de s’imposer. Et ce, parce qu'il est constaté que les Wewa roulent comme s'ils étaient immortels. Ils se permettent de faire des zigzags, oubliant que la moto n’a pas assez d’équilibre. D’autres conduisent à l’état d’ébriété caractérisé et sortent des énormités dans leurs bouches. Il suffit d'un rien pour qu’un accident se produise. Vu leur nombre, ils se permettent de se faire justice en brûlant le bus accidenté. C’est ce qui est arrivé hier matin vers Mont Ngafula, où les Wewa ont mis du feu dans un bus d’un privé, portant les marchandises des Congolais qui acceptent de faire le commerce pour l’auto-prise en charge ! Ceci ne devrait plus se reproduire. Combien n'ont pas payé de leur vie, en voulant porter secours à un Wewa après l’accident ? Ils doivent savoir qu'en cas d'accident, il y a non seulement les cours et tribunaux pour connaître de l’accident qui a causé mort d’homme, mais aussi les assureurs qui sont disposés à indemniser le motocycliste assuré. Ici, les Wewa évoluant pour leur majorité dans l’informel, ne peuvent jamais accepter une assurance. Et pourtant, l’assurance protège le motocycliste lui-même, la ou les personnes transportées, les victimes, mais aussi la moto.

De 7, il s’avère que les Wewa, venant en majorité du Grand Kasaï, ont un déficit criant en termes d’éducation. Preuve qu’une incompréhension se crée, même si le problème est simple. D’où, la nécessité de moraliser ce métier, pour qu’il ne soit pas réservé aux hors-la-loi, aux milices et autres bandits de grand chemin. Reconnaissons quand même qu’en tant qu’activité lucrative, il connait la présence d’intellectuels et autres, à la recherche des débouchés. Surtout que la Rdc demeure un pays où le chômage de masse frappe plus de 80% de Congolais, selon certaines statistiques.

Comme vous allez vous en rendre compte, le phénomène Wewa est abordé ici dans tous ses aspects : sécurité, rentabilité, abus, … tout en proposant des mesures à l’autorité, la seule qui soit habilitée à règlementer ce secteur à l’instar d’autres.



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