Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo compte près de 350 mille conducteurs professionnels de moto, selon l’Hôtel de ville. Ils sont dans le transport public à travers toutes les 24 communes de la capitale. A l’heure où le gouvernement Ngobila cherche comment financer son opération Kin Bopeto, certains analystes pensent que l’argent est autour de nous, mais mal recueilli par les services de l’Hôtel de ville.
Les ‘’Wewa’’ ne paient rien, alors rien à l’Etat. Ils achètent simplement leurs motos au grand marché et se mettent à prendre des clients, sans que l’Etat congolais (qui tracasse pourtant les chauffeurs de ketchs et autres voitures de transport en commun) ne leur exige quelque chose. Pourquoi le gouvernement provincial a choisi délibérément d’oublier ou d’exempter cette catégorie de contribuables, alors qu’ils exercent une activité lucrative et qui fait même concurrence aux taxis et bus d’autres privés ?
Avis des spécialistes
Lorsque nous l’avons interrogé sur cette question, Paulin Kabeya, Économiste de formation et auditeur dans une entreprise publique ici à Kinshasa a estimé qu’il s’agissait simplement du manque de vision et d’approche de la part du gouvernement provincial. Pour lui, Kinshasa peut mobiliser beaucoup d’argent enfoui dans le secteur informel.
En ce qui concerne les Wewa, l’auditeur public estime qu’il est possible de les organiser en coopératives ou autres mouvements associatifs. Ensuite, les identifier avant de les obliger à payer d’abord chacun sa plaque-moto, ensuite payer de temps en temps une taxe de circulation (genre vignette). Dans un pays pauvre comme la Rdc, poursuit-il, chacun doit contribuer au fonctionnement des institutions à la hauteur de son revenu.
Rien qu’en payant une plaque à 30 dollars américains par exemple, le gouvernement aurait un peu d’argent pour payer les agents chargés de curer les caniveaux et autres taches de Kin Bopeto, par exemple. Il est temps de bouger cette catégorie socio-professionnelle qui opère en terrain conquis. Paulin Kabeya explique l’importance de cette identification sur le plan sécuritaire. Un pays normal ne peux pas regarder plus de 350 mille personnes travailler à longueur de journées sans que l’on sache qui est qui réellement. Chacun doit obligatoirement porter un gilet et un numéro d’identification.
Mireille Kasevi, Fonctionnaire de l’État (agent au ministère du Budget) pense également qu’il faut associer tous les Congolais à la mobilisation des recettes. Elle note qu’il est facile pour les Congolais de solliciter l’appui de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI), que de mobiliser ce qu’ils peuvent avoir à l’intérieur. Certes, les Wewa ne paieront pas des millions de dollars au Trésor public, mais tout fait nombre. Leur effort est comparable à celui des vendeuses au marché qui s’acquittent chaque jour de leur petite taxe, permettant au gouvernement provincial de faire face à certaines dépenses. Mme Mireille Kasevi va même plus loin. Où va l’argent des pénalités payé par ces mêmes Wewa lors des infractions ? Ailleurs la police permet au fisc d’engranger le trésor public. Toutes ces amendes liées à l’interpellation de ces conducteurs des motos devaient entrer dans la caisse du gouvernement provincial qui semble préoccupé seulement par les taxes des indo-pakistanais.
Tout compte fait, les Wewa à l’instar d’autres catégories socio-professionnelles sont imposables et doivent être bien structurés. Si en Afrique de l’Est et même de l’Ouest, ou à Goma (Rdc), ces transporteurs sont très bien identifiés, connus et enregistrés en tant qu’imposables, pourquoi d’autres provinces de la Rdc ferait exception au moment où elle cherche à accroitre son budget. Le gouvernement NGOBILA doit se réveiller et chercher par tous les moyens à maximiser ses recettes, au lieu d’attendre la manne qui ne tombera jamais du ciel.