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Egypte, Mort de Morsi : Ce que France 24 n’a pas dit

Annonçant, lundi dernier le décès inopiné de l’ex Président de la République arabe d’Egypte, M. Mohamed Morsi, la chaine de télévision internationale France 24 a présenté un récit du bref mandat de ce premier Chef d’Etat égyptien élu démocratiquement. Ce reportage, élaboré et rendu de façon assez ramassée au regard des contraintes du temps dans le journal télévisé, n’a pu laisser indifférents les observateurs indépendants qui connaissent des péripéties de la venue au pouvoir d’Abdel Fattah Al-Sissi, devenu plus tard Maréchal. Aussi nous livrons nous à cet exercice dans l’intention, non de polémiquer mais de compléter ledit reportage, pour des raisons d’édification. Lorsque, par exemple, l’on affirme dans ce reportage qu’à sa déchéance par l’Armée, Mohamed Morsi avait été remplacé par le Maréchal Abdel Fattah Al-Sissi. Ici, la vérité historique est qu’au moment des faits, ce dernier n’était pas encore Maréchal. Puisqu’au départ de Morsi, les fonctions de Chef de l’Etat égyptien ont été officiellement exercées par M. Adly Mansour, en sa qualité de Président de la Haute Cour égyptienne. Ce n’était par le Maréchal Sissi comme, hélas, cela a été hâtivement rendu par France 24. C’est donc Adly Mansour qui assumait à l’époque, et cela à titre intérimaire, le rôle de Président de la République d’Egypte, idem après la déchéance de l’ex-Président Hosni Moubarak. Il nous revient que cette disposition est prévue dans la Constitution égyptienne. Et l’actuel Chef de l’Etat égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a continué, en ce temps-là, d’exercer les mêmes fonctions qu’il avait sous Mohamed Morsi, celles de chef de l’Armée et de ministre de la Défense, dans le gouvernement de transition (juillet 2013 – mai 2014) qui avait été mis en place par le Président Mansour. Dans ce même récit de nos confrères de France 24, Abdel Fattah Al-Sissi est présenté comme le Maréchal qui a pris le pouvoir après avoir renversé le Président Morsi, élu démocratiquement. Il convient, estimons-nous sincèrement, de rendre la vérité historique pour aider à préserver l’unité égyptienne d’aujourd’hui et de demain, d’autant plus que de partout, la disparition d’un leader a de tous temps été ressentie tel un vide difficile à combler. Et, dans cet ordre d’idée, la vérité historique c’est qu’en août 2012, Abdel Fattah Al-Sissi avait été nommé ministre de la Défense et commandant général des Forces armées égyptiennes par le Président islamiste déchu Mohamed Morsi. En même temps, il avait été promu du grade de général-major à celui de général d’armée. Et au moment de la déchéance du Président islamiste Morsi, Abdel Fattah Al-Sissi n’était pas encore devenu maréchal. C’est seulement en date du 27 janvier 2014, quelques six mois après le renversement de l’ex-Président Mohamed Morsi par l’Armée égyptienne à la suite de la seconde révolution populaire égyptienne du 30 juin 2013, qu’Abdel Fattah Al-Sissi a été promu du grade de général d’armée au grade de maréchal. Et cela a été fait par l’Armée égyptienne pour une raison ultime : permettre au général Al-Sissi de prendre sa retraite anticipée de la vie militaire, afin de basculer à la vie civile et s’engager dans la politique. Il était réclamé par la population égyptienne dans sa plus grande majorité. Bon nombre d’Egyptiens le considérait déjà comme ‘’le deuxième Nasser’’ (premier Président égyptien). D’abord, parce qu’en tant que Chef de l’Armée, Abdel Fattah Al-Sissi a positivement répondu à la volonté populaire de la majorité d’Egyptiens réclamant mordicus la chute du Président islamiste Mohamed Morsi. Et puis, il a su également mâter les frères musulmans (des islamistes extrémistes égyptiens) qui s’adonnaient à des actes terroristes pour protester violemment contre les nouvelles autorités du pays, après la déchéance de leur condisciple Président Morsi. Et le 26 mars 2014, il avait remis sa démission de ministre de la Défense, dans le but de se présenter comme candidat à l’élection présidentielle. Le moment venu, il avait remportée brillement avec près de 97 % de suffrage exprimé, face à son unique challenger de l’époque, M. Hamdeen Sabahy, militant de longue date issu de la gauche nassérienne. Donc, Abdel Fattah Al-Sissi n’avait pas renversé Mohamed Morsi, pour le remplacer illico tempore. C’était pour obtempérer à la volonté populaire et surtout pour éviter une guerre civile au pays (comme celles de la Lybie et de la Syrie). Et c’est à la suite d’une demande majoritairement exprimée par le peuple égyptien qu’Al-Sissi avait décidé de quitter ses fonctions au sein de l’armée et du gouvernement intérimaire égyptien, pour se présenter à la présidentielle. Pour preuve, sa première et brillante élection comme Président démocratiquement élu d’Egypte. Laquelle a été vue comme une sorte de reconnaissance de la population égyptienne à son égard, pour avoir sauvé le pays de la guerre civile qui s’annonçait farouche lors de la dernière révolution du 30 juin 2013. Disons que par cette première élection de Sissi, le peuple égyptien avait tenu à exprimer de manière brillante sa reconnaissance à son « héros de la révolution ». Et, de fil en aiguille, pour sa clairvoyance, son patriotisme et sa fermeté dans le traitement de la question, ô combien complexe, de l’unité égyptienne. Son action patriotique menée en juillet 2013 en tant que chef de l’Armée qui a destitué de force le Président islamiste Mohamed Morsi, répondant ainsi aux désidératas de la masse populaire, a ému le cœur des Egyptiens. Ancien chef des services de renseignements militaires, Abdel Fattah Al-Sissi est décrit à la fois comme « nationaliste et conservateur », mais soucieux de préserver la stabilité de son pays. Rappelons en outre que l’ex Président de la République d’Egypte Mohamed Morsi est décédé le lundi 17 juin dernier. Il a été le tout premier Chef de l’Etat égyptien démocratiquement élu. Cependant, son mandat n’a duré que deux ans, sur les cinq que prévoyait la Constitution égyptienne. Et retenons qu’il a été destitué par l’Armée à la suite de la seconde révolution populaire égyptienne du 30 juin 2013. A l’instar de son prédécesseur Hosni Moubarak, le Président islamiste Morsi a été arrêté par l’Armée et remis à la disposition de la justice égyptienne. L’histoire retiendra qu’il a succombé lundi 17 juin, d’un malaise survenu en cours de procès.



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