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Rdc : un rapport juge le projet Inga III très ambitieux, complexe et orienté vers l’exportation

Un nouveau rapport vient d’être publié autour du projet hydroélectrique Inga 3. Il est dénommé « Inga : un projet gardé dans l’ombre », où une question se pose : « Comment le contrat du plus gros site hydroélectrique au monde se négocie à huis-clos ? ». Ce travail est conjointement effectué par le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et l’association sans but lucratif Resource Matters.

Le GEC est un projet de recherche indépendant à but non lucratif qui mène des recherches sur différents aspects du conflit en Rdc qui s’appuient sur une connaissance historique et sociale du problème en question. Basée à Bruxelles, l’Asbl Resource Matters vise à mieux comprendre et surmonter la pauvreté économique dans les pays riches en ressources naturelles. Elle dispose d’une expertise particulière dans le domaine des investissements miniers et hydroélectriques en République démocratique du Congo.

Leur rapport indique qu’en octobre 2018, le gouvernement congolais a signé un accord pour le projet Inga III avec deux consortiums internationaux. « Après des années d’attente, ce plus grand site hydroélectrique d’Afrique, avec un coût d’environ 14 milliards de dollars, pourrait, selon les prévisions optimistes, devenir opérationnel en 2028 ».

Toutefois, estime le rapport, la façon dont le projet est actuellement mené soulève un certain nombre de préoccupations liées à la transparence, à la gestion, à l’inclusion et à l’information du public. En outre, une importante partie de la société civile exprime sa crainte face à un projet qui risque de ne pas répondre aux attentes de la population congolaise dont 80 % n’ont pas accès à l’électricité.

Pour les uns, dont le gouvernement congolais et les défenseurs du projet, Inga III serait un projet d’avenir, un projet intégrateur, soutenu par l’Union africaine à travers son Agence de développement, anciennement dénommée NEPAD. Un projet avec plusieurs axes et qui prend en compte aussi bien les besoins économiques, domestiques et ceux des partenaires extérieurs.

Tandis que pour d’autres, Inga III serait un projet intrinsèquement tourné vers l’extérieur. Il vise principalement l’exportation d’énergie – que ce soit vers l’Afrique du Sud, candidat privilégié aujourd’hui, ou le Nigeria et l’Angola, potentiels clients de demain. Dans le plan actuel, moins d’un tiers de l’électricité générée sera utilisé au Congo et la répartition de cette électricité entre la population et l’industrie minière n’est pas claire, souligne le rapport.

Et d’expliquer que « Ce projet ambitieux doit être revisité pour s’assurer que la population congolaise en bénéficie. Pour l’instant, les principaux porteurs du projet promettent que les retombées seront principalement d’ordre fiscal. Mais celles-ci risquent de ne pas profiter aux Congolais à cause du haut niveau de corruption dans le pays. En particulier, le gouvernement congolais devrait s’assurer qu’une partie considérable de l’électricité puisse servir la population. Ces défaillances de fond sont étroitement liées aux problèmes institutionnels du projet ».

En 2015, le Président Joseph Kabila a décidé d’arracher le dossier Inga III au gouvernement et de le transférer à la Présidence, rappelle le rapport qui affirme que l’impact le plus direct de cette décision fut le retrait de la Banque mondiale du projet. « Cette décision a fortement affaibli la position du Congo et retardé le processus. D’une part, elle a coupé les financements pour de multiples études cruciales et a privé de moyens de fonctionnement l’Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga (ADPI), l’institution responsable de la gestion du barrage et dont les agents passent un temps considérable à trouver des financements alternatifs pour les frais opérationnels ».

Le rapport soutient que le nouveau gouvernement de Félix Tshisekedi devra se saisir rapidement du dossier Inga III – probablement le projet d’infrastructures le plus coûteux que le pays a connu – et faire preuve d’un esprit d’inclusion et de transparence. « En plus, que ce soit grâce à des bailleurs externes ou sur fonds propres, l’ADPI a intérêt à se doter de l’expertise requise pour redresser quelque peu l’équilibre entre les parties autour de la table des négociations ».

Il note que pour l’instant, l’ADPI semble avoir avalisé les plans des investisseurs sans véritable contre-étude indépendante. Elle ne peut et ne devrait pas jouer, seule, un rôle aussi complexe, dit le rapport.

Inga III – Un projet ambitieux, complexe et orienté vers l’exportation

Le site d’Inga sur le fleuve Congo fait rêver les adeptes des grands projets d’infrastructure et les partisans de l’énergie hydroélectrique. Ayant une capacité potentielle totale de 40.000 mégawatts (MW), il héberge le plus grand potentiel hydroélectrique au monde.  Avec les centrales d’Inga I (351 MW) et Inga II (1 424 MW), construites respectivement en 1972 et 1982 moins d’un vingtième de ce potentiel est développé à ce jour. A l’échelle du pays, le Congo n’exploite que 2 % de son potentiel énergétique total.

Or Inga III ne se fera qu’à condition qu’un client bancable s’engage à le porter. Et, dans les yeux des investisseurs privés qui se profileront pour développer et opérer le projet, qui dit client bancable dit mines ou export, compte tenu de la pauvreté de la population congolaise et les problèmes de gestion de la Société nationale d’électricité (SNEL).

Cependant, Inga III demeure un projet controversé et mal perçu par les Ong nationales et internationales. Ces acteurs trouvent que le projet se déroule dans une certaine opacité et au détriment de l’environnement et des communautés locales. Ils pensent aussi que le pays n’a pas besoin d’un si grand projet mais plutôt des centrales de taille moyenne pour mieux répondre à l’insuffisance des besoins de la population.

Le projet serait en outre destiné uniquement vers l’exportation et non au service du peuple congolais. En effet, la Banque mondiale estime qu’environ 65 millions de Congolais n’ont pas accès à l’électricité, soit plus de quatre Congolais sur cinq. Selon les statistiques de la SNEL, dans la moitié des provinces du Congo, le taux d’électrification ne dépasse pas les 3 %.

Rappel des aspects techniques de la centrale et du barrage

Capacité installée au moins 10 GW (gigawatts) ; vraisemblablement 11.05 MW. La répartition d’au moins 10 GW serait comme suit : 5 GW pour la République d’Afrique du Sud, 3 GW pour la République Démocratique du Congo (sans préciser combien pour l’industrie minière et combien pour la population générale), 2 GW pour les autres pays de la région.

Il y a 13 turbines de 850 MW. En d’autres termes, chaque turbine aura une puissance équivalente à 2.5 fois la capacité totale d’Inga I. En termes d’énergie annuelle produite, Inga III sera le troisième site hydroélectrique le plus productif au monde, après Trois Gorges en Chine et Itaipu sur la frontière du Brésil et de Paraguay.

Contrairement aux conceptions précédentes qui ne prévoyaient qu’une déviation partielle de la rivière, ce barrage impliquerait la fermeture de la rivière dès la prochaine phase du Grand Inga. Inga III constituerait, comme prévu avant, une prochaine phase du projet Grand Inga qui n’est



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