Lorsqu’un pays emprunte auprès du FMI, ses autorités acceptent d’ajuster leurs politiques économiques pour surmonter les problèmes qui les ont conduites à solliciter l’aide financière de la communauté internationale. Les conditions de ces prêts permettent également de veiller à ce que le pays soit en mesure de rembourser le FMI, afin de mettre les ressources à la disposition d’autres pays membres qui en ont besoin. Les réformes adoptées en 2009 ont simplifié la conditionnalité du FMI pour permettre aux pays membres de s’approprier des politiques solides et performantes.
A l’heure où la Rdc se prépare à reprendre le programme formel avec le Fonds monétaire international (FMI), certains analystes se posent la pertinente question de savoir si le pays de Félix Tshisekedi avec ses atouts et ses faiblesses économiques et politiques saura tenir face aux multiples exigences de cette institution de Bretton Wood. Réputé rigoriste, le FMI a présentement soumis quelques pays qui sont en programme avec lui à des conditions très difficiles à réaliser au regard des attentes de la population. Examinons ce jour l’une de ces conditions qui semble poser problème :
Mettre fin à la subvention du pétrole
La Rdc n’est pas un pays producteur du pétrole. Mais comme dans toutes les économies modernes, le carburant (pétrole) joue un rôle très important dans toutes les transactions congolaises.
Le gouvernement est obligé de subventionner ce précieux produit pour éviter la grogne sociale chaque fois que le baril tente de flamber. C’est ainsi que depuis plusieurs années, le litre à la pompe a gardé le même prix, stabilisant par la même action les prix de biens et services de première nécessité. Si ce secteur était laissé entre les mains des opérateurs spéculateurs qui ne voient que leurs intérêts, le litre du carburant allait sans cesse augmenter et entrainer la crise sociale.
Il se fait malheureusement que le Fond monétaire international demande à tous les pays qu’il assiste de libéraliser les prix et d’arrêter toute subvention pour faire face à la vérité de prix. Dans les conditions actuelles, le gouvernement Ilunkamba ne peut pas se permettre un tel choix. Si la surchauffe du prix du pain a entrainé l’ex-président soudanais Al Bechir et que d’autres pays sont dans la même tourmente, la RDC doit faire attention. Avec l’alternance politique, la population s’attend à un bien-être social et non une pilule qui viendrait du FMI.
L’augmentation régulière du prix de carburant va entrainer l’augmentation du prix de transport routier, maritime, fluvial et aérien. Les conséquences seront ressenties sur le reste des pans de l’économie du pays. Le pouvoir d’achat de la population ne pouvant permettre de faire face à une telle hausse de prix, la révolte sociale s’installera car le peu d’employeurs viables qui existent payant un salaire de misère à leurs travailleurs.
Somme toute, la RDC peut mettre de la discipline dans sa gestion en ne dépensant que ce qu’elle gagne, sans nécessairement avoir besoin d’avaler cette pilule qui lui viendrait de Washington.
Plusieurs pays qui ont axé leur économie sur une certaine orthodoxie en mettant fin au détournement, à la corruption, concussion et autres pratiques de bas étage, ont réussi à redresser leur assiette financière sans être formellement en programme avec le FMI qui s’illustre souvent par des conditions drastiques et anti-sociales.
Il y a quelques années, des congolais ont serré la ceinture pour satisfaire aux conditions de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Résultat : la misère s’était accentuée avec des licenciements dans toutes les entreprises publiques et les privatisations en cascade qui n’ont rien emmené.