Le Président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a été présent au consistoire du 5 octobre 2019, au cours duquel l’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo a été créé cardinal, avec douze autres. Une occasion pour lui d’évoquer notamment sa vie de chrétien et son rapport avec l’Eglise catholique depuis qu’il est Président de la République. Interviewé par Jean-Pierre Bodjoko, SJ - Cité du Vatican, le Président congolais soutient que l’incompréhension née des déclarations des évêques congolais lors de son élection à la tête de l’Etat relève des manipulations politiciennes. « Là où il y a des politiciens, il ne faut jamais exclure ce genre de choses », dit-il. Fatshi voudrait que dans son combat et son appel au redressement, un combat contre la pauvreté, la corruption, et dans sa lutte pour le changement des mentalités, l’Eglise soit un partenaire, un allié important. Il est donc loin, selon lui, de prendre l’Eglise catholique pour un adversaire.
Le président congolais a, d’emblée, affirmé que le motif de sa présence à Rome était de faire honneur au nouveau cardinal de son pays, Fridolin Ambongo, un des « dignes fils du pays », selon lui, « qui excellent à travers le monde », qui donnent la dignité au Congo et à son peuple. Dans le lot du cardinal Ambongo, M. Tshisekedi a également cité en exemple le lauréat du prix Nobel de la Paix, le Dr Denis Mukwege, ainsi que le Professeur Dr Jean-Jacques Muyembe. Ces figures, assure-t-il, font la fierté du peuple congolais qui était découragé, meurtri, désespéré. A travers ces personnages célèbres, l’image de la RD Congo est redorée, a-t-il ajouté.
“ Je suis un enfant de l’Eglise catholique ”
Le Président Tshisekedi sait que sa présence à la cérémonie du consistoire a dissipé plusieurs préjugés à propos de son rapport avec l’Eglise catholique. « Beaucoup de choses se sont dites », a-t-il fait noter. Pour lui, sa présence au Vatican et à Rome est un signal fort pour que l’on arrête de penser qu’il y a une tension entre l’Eglise Catholique et lui. Il entend d’ailleurs travailler main dans la main avec l’Eglise Catholique comme partenaire. M. Tshisekedi clame son appartenance à l’Eglise depuis sa tendre enfance. « Je suis un enfant de l’Eglise catholique, et j’ai été baptisé dès l’âge de deux mois. J’ai grandi dans l’Eglise catholique et mes grands-parents étaient très pieux », a fait remarquer M. Tshisekedi, avant de préciser que deux de ses tantes maternelles avaient été des religieuses, et qu’il a un oncle paternel évêque. Un « neveu » des évêques congolais donc. Il reconnait cependant avoir pris d’autres options pour sa vie spirituelle en étant plus évangéliste. « Mais ça ne veut rien dire », estime-t-il. « Je suis resté très proche de l’Eglise catholique. Je vais à l’église catholique de fois, je continue de prier en catholique ». Pour le président congolais, en matière de foi, c’est la relation avec Dieu qui prime. Catholiques et évangélistes sont tous chrétiens, reconnait-il pour appuyer son orientation.
“ Ce serait pour moi ingrat que de m’en prendre à l’Eglise catholique ”
Le Président congolais soutient que l’incompréhension née des déclarations des évêques congolais lors de son élection à la tête de l’Etat relève des manipulations politiciennes. « Là où il y a des politiciens, il ne faut jamais exclure ce genre de choses », a-t-il indiqué. Tshisekedi reconnait par ailleurs que l’Eglise catholique a marqué la vie du paysage politico-social de la République démocratique du Congo. Les pasteurs de l’Eglise catholique, du Cardinal Joseph Malula jusqu’à nos jours, se sont toujours opposés aux méfaits des régimes. L’Eglise catholique, reconnait le successeur de Kabila, a marché aux côtés du peuple et a toujours été pour les intérêts du peuple. La mission de l’Eglise catholique est donc à louer et à féliciter, a affirmé le président congolais qui souhaite raffermir les relations entre l’Eglise et l’Etat, chacun dans son domaine. Il voudrait que dans son combat et son appel au redressement, un combat contre la pauvreté, la corruption, et dans sa lutte pour le changement des mentalités, l’Eglise soit un partenaire, un allié important. Il est donc loin, selon lui, de prendre l’Eglise catholique pour un adversaire. « C’est aussi un signal que je voudrais envoyer », a-t-il lancé.
Le « Tout est grâce » de Tshisekedi
A sa sortie de la Basilique Saint-Pierre, il s’était observé un attroupement de fidèles originaires de la République démocratique du Congo qui ovationnaient leur président. « Moi je n’ai rien fait de plus par rapport à ce que Dieu m’a donné : le caractère, l’intelligence que j’ai, les intentions que j’ai, louables ou pas, peu importe, si tout cela est apprécié par le peuple, c’est grâce à Dieu qui m’a créé ainsi. Je n’invente rien ; je l’ai reçu de quelque part et je rends grâce à Dieu ».
Pas facile d’être Président de la république
A la question de savoir s’il était facile d’être président de la République, Tshisekedi a répondu négativement sans hésiter. « Ce n’est pas facile, ça, vous pouvez me croire ». Et entre être président de la République et être Président d’un parti politique d’opposition ? « Les deux situations sont difficiles et cela dépend aussi, en ce qui concerne la fonction du président d’un parti d’opposition, du genre de l’opposition que l’on fait », soutient-il. « Un vrai opposant doit se fixer un idéal pour son pays et se priver de beaucoup de choses. Nous savons que nous avons plein d’amis opposants qui mangent dans tous les râteliers. On ne peut pas parler de vraie opposition dans un cas pareil. Mais si l’on veut vraiment s’engager dans l’opposition comme nous l’avons fait, c’est aussi difficile qu’être Président de la République, même si les difficultés sont d’ordres différents », a affirmé Tshisekedi qui ne voudrait pas pratiquer le « débauchage » et la corruption des opposants. Il compte plutôt faire participer l’opposition au pouvoir, en lui confiant par exemple des commissions importantes pour surveiller le pouvoir en place, tel que prévu dans la Constitution congolaise.
« En arrivant au pouvoir, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait beaucoup de choses qu’on ne savait pas comme opposant. Evidemment, il y a des situations qui créent de l’incompréhension avec ceux qui sont au pouvoir, parce qu’on les soupçonne en nourrissant des préjugés », a-t-il affirmé. Il estime que c’est important d’avoir des interlocuteurs qui pensent différemment et aident, par leurs critiques constructives. « Le pays gagne dans cet esprit », a insisté le président Fatshi, comme l’appellent ses proches et comme il aime à être appelé.
Le rêve de Tshisekedi pour son pays
« Faire de la République démocratique du Congo un pays puissant. Mon pays mérite la place de leader en Afrique et même dans le monde, parce que nous avons des atouts à enjeux mondiaux, mais nous ne les utilisons pas », affirme le président congolais, pour qui le rêve est celui de faire de son pays un des moteurs de l’Afrique. « J’ai beaucoup d’ambitions pour l’Afrique. Il faut que l’Afrique se développe. On dit que l’Afrique c’est l’avenir de ce monde, mais elle doit le d&ea