L’humanité a célébré le 28 septembre dernier, la journée internationale pour l’avortement sécurisé. En République Démocratique du Congo, cette journée a été célébrée le jeudi 03 octobre 2019 à Kinshasa. Activité organisée par la Coalition de lutte contre les Grossesses non Désirées (CGND), et qui a connu la présence de plusieurs membres du Gouvernement, notamment la Ministre d’Etat en charge du Genre, Famille et Enfant, du Ministre d’Etat en charge de la Communication et Médias, et du Ministre des Droits Humains. Elle avait pour thème : « réflexion sur la mise en œuvre de l’article 14 du Protocole de Maputo en RDC ». Outre les membres du Gouvernement, plusieurs organismes œuvrant dans le domaine de la promotion des Droits de la Femme, des professionnels des médias membres du Réseau des Journaliste pour la Santé Sexuelle et Reproductive (RJSSR/RDC), des partenaires techniques et financiers, des jeunes…ont répondu présent à cette activité.
D’entrée, le secrétaire exécutif de la Coalition de lutte contre les Grossesses non Désirées, le Docteur Moïse Mbila a dans son mot de bienvenue, salué l’engagement du Gouvernement congolais traduit par la publication du Protocole de Maputo dans le Journal officiel.
« Cette question de la mise en œuvre du Protocole de Maputo est une question du Gouvernement. Et donc, nous en tant que société civile, en tant que partenaires techniques et financiers, nous devons donc nous aligner pour soutenir le Gouvernement dans sa politique qu’elle a souscrit ensemble avec les autres Etats d’Afrique », a-t-il dit.
Ensuite dans son allocution, la Ministre d’Etat en charge du Genre, Famille et Enfant, Béatrice Lomeya Atilite a exprimé son total soutien à cette initiative qui concourt aux efforts de la réflexion en vue de la réduction de taux de mortalité maternelle en République Démocratique du Congo, compté parmi les six pays au niveau mondial qui contribuent à l’échelle mondiale à la moitié de la mortalité maternelle.
Quant aux efforts déjà consentis par le Gouvernement de la République dans le cadre de la réduction de la mortalité maternelle, Béatrice Lomeya qui vient d’arriver à la tête du Ministère du Genre, Famille et Enfant, salue le travail abattu par ses prédécesseurs particulièrement en matière de la Santé sexuelle et Reproductive, tout en affirmant qu’elle « travaillera elle aussi, dans la logique de la continuité de ce qui a été amorcé ».
« Notre pays a adhéré sans réserve au Protocole de Maputo en 2008. Cette adhésion est un signe fort de son engagement de donner aux femmes congolaises l’accès aux Droits protégés dans cet instrument juridique africain. Parmi ces droits protégés et contenus dans le Protocole de Maputo, figure le Droit à la Santé et à la Reproduction abordé par l’article 14 », a déclaré la Ministre d’Etat.
En sa qualité de présidente du Comité Technique spécialisé de l’Union Africaine sur le Genre et l’autonomisation de la Femme, Béatrice Lomeya attend promouvoir sans réserve cet instrument juridique sur toute la RDC, tout en encourageant toutes les initiatives exemplaires sur l’ensemble du continent africain.
« Le Gouvernement de la République reconnait aux femmes le Droit d’accéder à l’avortement médicalisé selon les indications reprises dans l’article 14 du Protocole de Maputo, et pour ce faire, il faudra disposer des normes et directives qui définissent les conditions dans lesquelles un avortement médicalisé peut être fait. Cela viendra compléter utilement la note circulaire du Conseil supérieur de la magistrature émise à cet effet depuis le mois d’avril 2018 », a ajouté la Ministre d’Etat en charge du Genre, Famille et Enfant, tout en saluant le partenariat exemplaire entre l’Ong internationale Ipas, et la cellule d’Etude et planification de promotion de la femme et de la famille et de la protection de l’enfant, structure spécialisée de son Ministère. Partenariat qui a permis de réaliser un certain nombre d’activités, notamment le lancement officiel du processus de vulgarisation du Protocole de Maputo en RDC, le 30 juillet 2018 et tant d’autres encore.
Quid des normes et directives
Après le mot de la Ministre, la Directrice Générale du Programme Nationale de la Santé de la Reproduction, Lys Lombeya a fait un état de lieu du processus d’élaboration des normes et directives pour les soins complets d’avortements centrés sur la femme.
« Le comité de rédaction, avec l’appui de plusieurs partenaires, a commencé depuis 2018, sur base des normes de l’Organisation Mondiale de la Santé, à rédiger les normes et directives des soins complets d’avortement centrés sur la femme. Des experts du Gouvernement sont allés prendre de l’expérience en Tunisie. Nous avons recruté une consultante internationale, et plusieurs réunions et ateliers sont déjà réalisés et d’autres en cours de réalisation, pour élaborer les normes et directives. Ces derniers reposent et sur la Constitution, sur le Protocole de Maputo et d’autres textes légaux de la RDC. L’objectif premier c’est de sauver des vies des femmes en recourant à l’avortement médicalisé sur base de l’article 14 du Protocole de Maputo. Le comité de rédaction est en cours d’élaboration de ces normes et directives, et un draft existe déjà, et précise dans quel cadre l’avortement médicalisé peut être réalisé, soit dans un centre de centré spécialisé et par un prestataire formé. A cet effet, différents techniques sont disponibles. La femme devra donc signer un document de consentement, avant de bénéficier d’un soin complet d’avortement sur base du Protocole de Maputo », a dit le Docteur Lys Lombeya.
De la remise du Prix « Mongongo na Biso 2 » aux Journalistes
Cent-vingt journalistes de quatre provinces de la RD Congo ont participé durant six mois à ce concours organisé par la Coalition de lutte contre les grossesses non désirées (CGND).
Ainsi hier, trois journalistes ont été primés à Kinshasa, dans le cadre du concours « Mongongo na Biso 2 » (notre voix, en français). Innocent Buchu du Nord-Kivu a terminé à la première position. Il est suivi d’Alice Kajabika et d’Anne Mushigo, tous du Sud-Kivu. Ils ont réceptionné leurs prix des mains de la ministre d’État chargée du Genre, Enfant et Famille, du ministre des Droits humains et du ministre de la Communication et des Médias.
Ces trois lauréats se sont distingués parmi les 120 journalistes de Kinshasa, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Kongo Central qui durant six mois, ont réalisé des reportages sur les questions d’avortement et les lois y relatives. Il y a eu 30 journalistes par province formés préalablement sur le traitement de cette question délicate de la santé publique.