A en croire l'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de la Tunisie en République démocratique du Congo, M. Bouzekri Rmili, le projet d'extraction du gaz méthane du Lac Kivu n'attend plus que la signature de l'ordonnance présidentielle pour sa mise en œuvre. Il l’a indiqué à l’issue de l’échange qu’il a eu mardi 28 février dernier avec le premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde.
« J'ai eu l'honneur d'être reçu en audience par son excellence monsieur le Premier ministre. L'objet de cette rencontre était de parler des projets d'investissements tunisiens. Nous avons un grand projet, celui de l'extraction du gaz méthane du Lac Kivu. Nous attendons la signature de l'ordonnance. J'ai eu une garantie de son excellence monsieur le chef du Gouvernement, qu'on aura cette ordonnance dans les plus brefs délais. C'est un grand projet évalué à 100 millions de dollars. Ce projet va développer toute la région du Kivu. J'en suis persuadé qu'avec son excellence monsieur le chef du Gouvernement, il y aura prochainement la signature par son excellence monsieur le Président de la République de l'ordonnance. Et on va commencer directement les travaux. Et la société tunisienne compte former les congolais pour cette mission. Cette société Kivu Pool a un partenaire congolais et un partenaire tunisien. C'est un projet de coopération sud-sud par excellence », a déclaré à la presse le diplomate tunisien au sortir de cette audience.
Signalons en outre que mardi dernier, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde s'est entretenu avec les ambassadeurs d'Égypte et de Tunisie accrédités en RDC autour des questions de coopération. Avec l'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République tunisienne en RDC, Bouzekri Rmili, la question abordée est celle du projet d'extraction du gaz méthane du Lac Kivu.
Et avec l'ambassadeur d'Égypte en RDC, M. Hesham Elmekwad, c’était une visite de courtoisie au chef du gouvernement congolais. Il a été question du renforcement de la coopération bilatérale entre leurs deux pays frères.
Quid de l’exploitation du gaz méthane du Lac Kivu en RDC
Comme personne ne l’ignore à ce jour, la Rd Congo est en voie de produire l’électricité à partir du gaz méthane contenu dans le Lac Kivu à l’Est du pays. Avec ce gaz, le lac Kivu présente un potentiel énergétique incommensurable pour la province.
D’ailleurs le Rwanda voisin, qui a débuté les travaux d’exploration au même moment que la Rdc, avait déjà mis en place sa première centrale à gaz qui produit 26 mégawatts. Mais en République démocratique du Congo par contre, le statu quo semble perdurer à cause de la problématique de passation des marchés liée à cette exploitation.
Pourtant, plus de deux millions d’âmes vivent autour de ce Lac Kivu. Lequel a un potentiel énergétique très considérable. Et, il existe déjà une technologie d’extraction qui peut correctement séparer le gaz de l’eau, et produire de l’électricité.
Cependant, les populations riveraines n’utilisent comme principale énergie que du bois de chauffe et son charbon pour cuisson. Exerçant ainsi une forte pression sur les îlots des forêts existantes encore pendant cette période où les effets des changements climatiques sont très palpables partout à travers le monde.
De l’autre part, les organisations de la Société civile ne cessent d’alerter l’opinion nationale et internationale sur les menaces qui pèsent sur les êtres vivants qui sont autour du Lac Kivu, vu la grande quantité du gaz qu’il renferme. Signalons qu’au sein de ce lac se trouvent emmagasinés plus de 57 milliards de mètres cubes du gaz méthane qui continuent à s’accumuler au fond de l’eau.
Ce gaz méthane du Lac Kivu est accompagné du dioxyde de carbone (C02), d’origine mantellique, qui peut s’échapper par l’effet d’un renversement du lac. L’échappement pourrait être donc provoqué par un séisme, un glissement de terrain en soulevant ce C02 liquide dans la surface. Or, le C02 liquide est une fois et demie plus lourd que l’air normal.
Cela est à l’origine des morts par asphyxie des troupeaux et des hommes. Selon la Société civile, cette réalité est déjà vécue, bien qu’à petite échelle, dans ce lac au niveau de Kabunu. Mais ce qu’il faut surtout éviter à tout prix, c’est ce qui est arrivé aux lacs Nyos (Lwi) en 1986 (1746 morts) et Monoun en 1984 (37 morts) au Cameroun et Dieng en 1974 (Indonésie).