Outre son impact global sur le climat, la disparition de la forêt congolaise aurait également de lourdes conséquences sur l’économie et la vie des Congolais eux-mêmes, et leur sécurité alimentaire. C’est ce qu’indique le document de la Politique de l’agriculture durable (PAD) de la République démocratique du Congo, élaborée en novembre 2022.
Selon donc cet instrument de référence et d’orientation du secteur agricole congolais, la protection de la forêt congolaise s’avère primordiale et urgente au regard des éléments évoqués en son sein. C’est l’objectif clairement formulé dans la Stratégie nationale cadre de Réduction des émissions de carbone due à la déforestation et à la dégradation forestière (2012) et dans le Plan d’investissement REDD+ de 2013, adoptés par le Gouvernement de la RDC.
Ce document de la Politique de l’agriculture durable renseigne en effet que la RDC possède la plus grande part des forêts tropicales humides du Bassin du Congo, et ses forêts claires sont également importantes. Elle possède 130 millions d’hectares de forêt, soit quelques 60 % de la superficie totale du pays.
En dépit de son contexte climatique, hydrographique et géologique extrêmement favorable et largement sous-exploité, la RDC subit cependant une forte déforestation, surtout concentrée au niveau de « points chauds » qui sont les bassins d’approvisionnement des grandes villes et les zones de production agricole suite à l’agriculture itinérante sur brulis. Sur la période allant de 2000 à 2010, les experts ont estimé le taux de déforestation en RDC à 0,23% par an.
Ce taux paraît faible, mais il se traduit chaque année par la disparition de quelques 500.000 hectares de couvert forestier. Le rythme de déforestation et des pratiques non respectueuses de l’environnement, tel qu’observé en RDC chaque année, risque de détruire en un siècle la quasi-totalité du couvert forestier et des zones de tourbières, si rien n’est fait.
La cause principale de la déforestation (Stratégie cadre nationale REDD+ 2012) est l’agriculture sur abattis brulis, dont la pression augmente chaque année avec la croissance démographique. Par conséquent, avec un taux de croissance démographique de 3% par an, sans gain de productivité agricole et changement profond dans les techniques de production, les besoins en surface cultivée, les besoins alimentaires et les besoins en bois énergie doublent tous les 25 ans.
Une telle évolution aurait d’importantes conséquences sur le régime des pluies, sur le processus de déforestation et de dégradation des terres, sur la production agricole et sur la sécurité alimentaire.
En outre, la PAD de la RDC rappelle que la RD Congo est l’un des plus grands pays d’Afrique subsaharienne, tant par sa taille (2.345.410 Km2) que par sa population (95.784.841 habitants). Elle dispose de 80 millions d’hectares de terres arables dont 4 millions irrigables, un important réseau hydrographique, les étendues d’élevage et de savanes susceptibles de supporter un élevage de plus ou moins 40 millions de têtes de gros bétail, un potentiel halieutique pouvant produire 700.000 Tonnes de poissons par an.
Avec ces potentialités, la RDC est capable de nourrir environ 2 milliards de personnes dans le monde. Ce potentiel est largement sous exploité au point que le pays dépend fortement d’importations agroalimentaires et comprend de larges poches de malnutrition.