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Réhabilitation du Stade Tata Raphaël: Le torchon brûle entre les artistes plasticiens et Deo Kasongo

La partie supérieure du mur de l’entrée principale du stade Tata Raphael a été ornée des fresques en céramiques depuis 1973 par Maître N’damvu, un excellent plasticien et ancien professeur de l’Académie des Beaux-arts. L’œuvre de Me N’Damvu décrit l’aspect omnisport de l’édifice du Père de la Kehtule par plusieurs représentations sportives. Mais un évènement heureux a manifestement mis de l’ombre sur ce patrimoine artistique, culturel, et touristique ; soulevant à cet effet le mécontentement des artistes réunis au sein de l’Association Congolaise des Artistes Plasticiens. C’est en effet à l’occasion de la célébration du 45ème anniversaire du combat qui a opposé Mohamed Ali à Georges Fourman, que la réhabilitation du stade Tata Raphaël devrait lui donner non pas une nouvelle robe, mais plutôt « une robe propre ».

Deo Kasongo, entrepreneur et patron de « Divo International », est le citoyen congolais à qui revient la rénovation dudit stade. Malheureusement, le travail de rénovation effectué par la société  de ce jeune entrepreneur n’a pas enchanté les artistes plasticiens de la République Démocratique du Congo. Les passionnés des arts plastiques reprochent à l’exécutant des travaux de réhabilitation  du complexe sportif, le non-respect d’une œuvre de l’esprit qui retrace l’histoire de l’édifice que Deo Kasongo a la charge de rénover. C’est ainsi qu’ils ont décidé d’agir en saisissant les instances directrices et le maitre d’ouvrage.

Saisie des dégâts par des sources indépendantes, le Journal l’Avenir est allé à la rencontre des concernés dans cette affaire. Et ce, après être descendu sur terrain et constater les faits. Il faut noter que la situation a pris des formes relativement désastreuse, vue la réaction du vice-président Assan Tshamala Mpoyi qui s’est exprimé sévèrement sur cette question.

« … Aujourd’hui nous devons savoir garder nos patrimoines. Si M. Kasongo accepte de faire revivre l’évènement de 1974 d’Ali- Foureman, il devait aussi respecter les artistes qui ont travaillés lorsque le stade était en train d’être construit… Aujourd’hui, les artistes ont besoin qu’on arrive à conserver ce monument-là tel qu’il était… Mais j’ai vu la manière dont on rafistole l’œuvre ; c’est triste… L’Académie des beaux-arts a des artistes restaurateurs, tels que moi-même… M. Kasongo doit associer les artistes et qu’on puisse voir ensemble comment restaurer l’œuvre, mais en la gardant sur ce mur… Mais tel qu’ils ont fait, ils ont abimé l’œuvre… nous demandons au gestionnaire du stade Tata Raphael, de tenir compte des experts en la matière… », a-t-il dit, avant de poursuivre que la décision des artistes est de saisir les autorités concernées dans les commandes de la réhabilitation de cet édifice le plus vite possible. Les artistes  présument qu’aucune étude n’a été faite pour qu’au final les responsabilités puissent être partagées selon les compétences.

« Lorsque  la rénovation a commencé, le ministère de la  Culture devrait tenir compte, en synergie avec l’Institut des musées nationaux, des œuvres qui reviennent à leur charge », renchéri Assan Tshamala, qui se pose en même temps la question de savoir pourquoi M. Kasongo, voyant qu’il y avait des œuvres d’arts, n’a-t-il pas consulté le ministère de la Culture ?

« …Le souci des artistes, c’est la conservation de l’œuvre. Deo Kasongo n’étant pas expert, ne sait pas qu’à ce stade l’œuvre est abimée…Et je souhaiterais qu’on puisse rencontrer M. Deo Kasongo, on va prouver que l’œuvre est abimée… Mais avec modestie, il doit accepter de rencontrer les artistes, et va associer un conseiller du Ministère et on lui montrera les dégâts… », indique le vice-président de l’ACAP.

 

Qu’en pense Deo Kasongo ?

Dans ce même cadre, le Journal l’Avenir a tenté de rencontrer Deo Kasongo pour avoir son point de vue à travers une interview, mais malheureusement, le patron de Divo International a refusé de nous l’accorder. Il a fait savoir au journaliste du quotidien l’Avenir qu’il n’a pas du tout dérangé l’œuvre, et que les informations en notre possession, selon lui, étaient, la base des rumeurs.

Cependant, le journal l’Avenir, pour arracher à tout prix le point de vue de l’entrepreneur Kasongo, lui enverra des photos prises sur le chantier… Malheureusement, Deo Kasongo accusera le journaliste du journal l’Avenir de harceleur…

Mais la réaction de Franc Dikisongele, Secrétaire général de l’Association Congolaise des Artistes plasticiens, avec mort dans l’âme, soutient : « …qu’il y a toute une histoire derrière cet édifice qu’est le stade Tata Raphael. Ainsi, extraire une partie de cette histoire en supprimant ou en abimant la fresque du Maître N’Damvu est un crime contre l’histoire ; contre la culture… En restaurant le stade, on ne vient pas effacer cette ancienne et symbolique image… En restaurant sans associer les experts et les corps pouvant rendre possible l’effectivité de chaque secteur ayant participé à l’élaboration pour la restauration de ce lieu est dangereux… on voudrait habiller le stade de sa plus belle robe ou d’une nouvelle robe ? Mais l’on ne prend pas l’expert… Deo n’est pas un expert en restauration d’œuvres d’art », a-t-il souligné, tout en poursuivant qu’«  on aurait pas à suivre les éléments identitaires… La configuration architecturale, l’emplacement géographique à l’entrée et les ornements présents sur les murs de l’entrée principale… le principe de restauration voudrait qu’on remette ce qui a été abimé en bon état… Mais pour le cas précis, M. Kasongo ne restaure pas. Il abime… Il doit être modeste et accepter d’apprendre à respecter les œuvres d’art », conclut-il. En attendant la suite des courriers expédiés par les artistes aux autorités compétentes, l’affaire reste à suivre.

 



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