Profitant de son séjour de travail à Kenge dans la province du Kwango pour la résolution de la crise sanglante entre les communautés Teke et Yaka dans le territoire de Kwamouth, la ministre d’Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Rose Mutombo Kiese a eu une séance de travail le 4 septembre 2022 avec des magistrats.
La ministre d’Etat, ministre de la Justice a insisté sur l’éthique et la déontologie des magistrats, en se basant sur sa propre expérience. Elle les a exhortés à travailler en provinces puisque ses collègues qui y étaient affectés ont rapidement obtenu des grades par rapport à ceux qui étaient restés à Kinshasa. Rose Mutombo Kiese a fait savoir qu’en cherchant à tout prix à obtenir une promotion, un magistrat devient plus redevable vis-à-vis de ses parrains qui l’ont aidé.
Pour sa part, le ministre provincial de la Justice du Kwango, Me Joseph Adelard Nkisi Mazanga, a déclaré que les problèmes que rencontrent les magistrats sont multiples et identiques pratiquement pour toutes les provinces. Mais spécialement s’agissant de la province du Kwango, "nous retiendrons l’absence d'infrastructures susceptibles d’accueillir les Palais de justice dans les territoires. Donc, la justice ne fonctionne normalement que dans les chefs-lieux et à Kenge. A cela s'ajoutent les difficultés que rencontrent les magistrats dans l’exercice de leurs fonctions ainsi que l’administration parce qu’il faut quand même que nous ayons des bâtiments non pas seulement pour les palais de justice, mais aussi là où les magistrats peuvent dormir et leurs familles".
A ces difficultés s’ajoutent celle des prisons dont l’absence pose problème. Il est difficile de transférer ceux qui sont arrêtés à Kasongo Lunda à plus de 800 km pour la ville de Kenge où "ils sont sans famille lorsqu’on sait que déjà la nourriture pose problème dans la plupart de nos prisons".
"Donc voilà autant de problèmes que nous rencontrons au niveau de la justice. Le manque de mobilité des magistrats pour assurer l’itinérance pour qu’ils se rendent de temps en temps dans les territoires pour vérifier comment le travail se fait. C’est beaucoup plus pour la hiérarchie, le Procureur général de la Cour d’Appel ainsi que le Premier président de la Cour d’Appel".
Et d'ajouter : "Mais nous sommes très contents que Mme la ministre d’Etat, ministre de la Justice ait été très attentive lors de nos entretiens. Elle nous a donné beaucoup de conseils à tout ce qui constitue le corps de magistrats par rapport à la déontologie et l’éthique professionnelle qui devraient être observées pour le rayonnement de la justice spécialement ici chez nous à Kwango".
Il a également indiqué que : "Les problèmes de la justice dans la province du Kwango sont globaux en ce que nous n’avons qu’un seul magistrat militaire. Il est pratiquement le relais de la garnison militaire. Et donc cela ne suffit pas parce qu’il a tout le temps le problème avec ses pairs militaires et policiers. Pour mettre la main sur les militaires ou les policiers, il faut toujours recourir à la 11ème Région militaire dans la province voisine du Kwilu. Pour procéder à leur arrestation, il faut recourir à l’Auditeur supérieur. Normalement il nous faut un Auditorat supérieur dans la province du Kwango. Partout il n’y a pas de justice, ce sont des policiers et des militaires qui font la loi. Ces militaires et policiers sont à la fois DGM, OCC, DGI… Il faut qu’il y ait la justice militaire pour mettre un terme à ce comportement désordonné".
La ministre d’Etat, ministre de la Justice a indiqué que certaines doléances doivent être dirigées vers l’autorité provinciale.