Le président congolais Félix Tshisekedi est arrivé en Belgique lundi pour sa première visite officielle dans l'ex-métropole, avec l'intention de normaliser une relation bilatérale particulièrement éprouvée lors des dernières années de la présidence Kabila. Son avion a atterri en fin de journée à l'aéroport militaire de Melsbroek. Hier soir, un dîner a été offert par le Premier ministre au Lambermont, la résidence de fonction des chefs du gouvernement fédéral. Après la journée officielle d’hier, Félix Tshisekedi consacrera deux jours de travail dans les trois Régions.
C’est une foule impressionnante qui a accueilli hier soir le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui effectue son premier voyage en Belgique. Nombreux sont les Congolais qui sont arrivés hier à l’aéroport, mais qui n’ont même pas eu l’occasion de le voir. Tant l’engouement était à son comble, que la Police commise à sa sécurité était prête à intervenir, pour lui réserver un accueil historique.
Félix Tshisekedi qui a hérité d’une situation difficile caractérisée par le gel de la coopération entre la Belgique et la Rdc, sans oublier avec l’Union européenne, a été obligé de désamorcer la crise et d’ouvrir son pays à une coopération multisectorielle, au profit de la population congolaise. C’est ainsi qu’il a ordonné l’ouverture de la Maison Schengen « new-look », Brussels Airlines a repris ses vols et les consulats belges de Goma et Lubumbashi ont rouvert. Du côté de l’Union européenne, là aussi le calme est constaté et il a été convenu la nomination d’un autre Chef de la délégation en Rdc, en remplacement de Bart Ouvry.
En Afrique, plus particulièrement au niveau des neuf voisins du grand Congo, Félix Tshisekedi est parvenu à les rassurer tous et montrer sa disponibilité à lutter contre l’insécurité au pays. Au niveau de l’Union africaine, la Rdc à travers Félix Tshisekedi occupe la vice-présidence pour la Région Afrique. Voilà un contexte apaisé qui permet à tous les pays, par la voie de la coopération, de contribuer au développement de la Rdc.
Sur le plan interne, Félix Tshisekedi qui est arrivé au pouvoir à un moment d’incertitude politique, a pu redonner confiance aux Congolais, en lançant le programme de 100 jours et dont les changements sont perceptibles au niveau du vécu quotidien de la population. Il reste que le budget à présenter au cours de cette session parlementaire intègre les priorités du programme du gouvernement, pour répondre aux désidératas des Congolais, et booster ainsi le développement du pays.
Donc, c’est un Tshisekedi sûr de lui-même et serein qui arrive en Belgique, pays avec lequel il entretient des relations historiques et dont la voix porte encore dans le concert des Nations. Au vu des efforts qui sont menées et à mener dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires, les hommes d’affaires belges ne peuvent qu’être les bienvenus.
Cimenter la coopération
Félix Tshisekedi avait effectué un déplacement en avril à Washington, où il avait été reçu par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Mais c'est la première fois qu'il se rend en Europe depuis qu'il a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle du 30 décembre 2018 en République démocratique du Congo. La visite officielle en Belgique doit durer 24 heures, avec notamment au programme une invitation à déjeuner mardi chez le couple royal, Philippe et Mathilde, avant un discours devant le patronat de la Fédération des entreprises belges (FEB) à Bruxelles.
Mercredi, le président congolais sera en "visite de travail" respectivement à Anvers, à Flandre, et à Gembloux, à Wallonie, pour soigner le lien avec les deux communautés linguistiques, néerlandophone et francophone. Un rendez-vous est prévu à Anvers avec l'industrie diamantaire. Il doit aussi être reçu jeudi par le président sortant de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Pour le chef de la diplomatie belge Didier Reynders, qui doit accueillir Félix Tshisekedi à l'aéroport lundi en fin d'après-midi, la visite vise à rétablir "progressivement" une relation qui a souffert depuis 2015 et la volonté affichée par l'ex-président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat. Ce dernier avait finalement renoncé en août 2018, un geste salué par la Belgique.
"Remonter étage par étage"
Mais il a fallu plusieurs mois, jusqu'en avril, pour que l'ancienne puissance coloniale accepte le résultat contesté des élections, alors que Joseph Kabila a gardé la majorité au Parlement et que ses partisans occupent des postes-clés au gouvernement. "On sait que les relations entre nos deux Etats ont connu beaucoup des hauts et des bas, nous venons de très loin sous l'ancienne présidence, on va essayer de remonter étage par étage, sans brusquer les choses", a affirmé Didier Reynders au quotidien La Libre Belgique.
De son côté, Félix Tshisekedi dit attendre de cette visite une reprise de la coopération militaire belgo-congolaise et la promesse d'aides pour "renforcer" les systèmes de santé et d'éducation dans son pays, parmi les plus pauvres du monde. "Cependant, compte tenu d'un passé récent, la Belgique demeure assez frileuse et ma crainte, c'est que le capital de sympathie disparaisse", met-il en garde dans le journal Le Soir.
Les engagements de la Belgique, actuellement sans gouvernement de plein exercice, devraient se limiter à des protocoles d'accord ou lettres d'intention dans la défense, les finances et le développement. Est notamment prévue la reprise du versement direct à Kinshasa des fonds de la coopération qui avaient été gelés par Bruxelles, début 2018.