Le nombre insignifiant de candidatures féminines aux postes électifs en RDC devient un obstacle majeur, réduisant la chance aux femmes de se faire élire en plus grand nombre. Cette situation est prouvée lors des élections des gouverneurs et vice- gouverneurs tenues récemment en RDC.
Lors des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs tenues le 6 mai 2022, la Commission Électorale Nationale indépendante (CENI) avait bien avant rendu public les listes provisoires des candidats dans 14 provinces de la République démocratique du Congo.
Sur les 103 candidatures retenues sur ces listes, seulement 15 candidatures étaient féminines, soit un taux de 14,5 % parmi lesquelles certaines ont été rejetées.
Pour le Mouvement congolais des femmes politiques et de la société civile dénommé Synergie des Congolaises pour la représentativité féminine, la situation de faible taux de candidature féminine observée au processus électoral des gouverneurs peut illustrer la situation générale des autres élections qui se sont déjà déroulées respectivement à l’Assemblée nationale, au Sénat, aux Assemblées provinciales.
“Les femmes présentent de moins en moins de candidatures, ce qui fait qu’elles aient moins de voix après publication des résultats”, explique-t-il. D’où, l’idée d’encourager plus de candidatures féminines lors des prochaines élections de 2023 pour maximiser les chances d’avoir plus de femmes élues, renchérit ledit Mouvement.
Il préconise, toutefois, un encadrement par l’ensemble de la communauté à savoir les partis politiques, les regroupements politiques, les organisations de la promotion des droits des femmes et autres instances.
Ce qui est aussi soutenu par l’Association politique des femmes espoir du Congo”. Pour Marie Madeleine Ngondi, présidente de cette association, le nombre de candidatures féminines doit cette fois-ci être égal à celui des candidatures masculines. “Ainsi avec ces calculs, il y aura plus de chance qu’il y ait un nombre élevé de voix pour des femmes aux postes électifs en 2023”, espère-t-elle.
Marie Madeleine estime qu’avec au moins 50 % de candidatures féminines aux élections prochaines, il y aura davantage de chance que les femmes obtiennent aussi plus de voix lors des élections. Ainsi, elle appelle toutes les femmes à participer aux élections qui pointent à l’horizon ; "Nous appelons les femmes à se représenter massivement aux élections de 2023, en postulant et appelons en même temps toutes les femmes à voter pour les femmes".
De son côté, une députée nationale qui a requis l’anonymat pour des raisons personnelles pense que les femmes qui ont réussi à se faire élire à l’Assemblée nationale et au Sénat doivent aider les autres femmes à leur emboîter les pas. “Ceci sera un moyen d’avoir beaucoup de femmes aux postes électifs. Pour cette représentante nationale, la parité est un combat qui doit se solder par la victoire qui sera de voir un jour les deux chambres parlementaires congolaises être occupées équitablement par les hommes et les femmes”.
La maximisation des candidatures féminines passe par la mobilisation et l’encadrement
Mme Christine Mansioni, présidente de la Ligue des femmes du parti politique Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS Tshisekedi, plusieurs femmes affichent des ambitions pour les élections de 2023 mais manquent d’encadrement à travers, notamment, des sensibilisations et des formations de mise à niveau “C’est une affaire qui concerne tout le monde, homme et femme. A force de répéter la même chose dans les formations politiques, comme il est dit : ‘’la répétition est la mère de sciences’’, il y a lieu de s’attendre à des transformations positives et considérables dans le chef des femmes. Tous les partis politiques ont la lourde charge de former les femmes”, insiste-t-elle.
Mme Angel Mbiya, défenseure judiciaire et militante dans un parti politique de la place, pense qu’il faille pousser les différentes parties prenantes à respecter l’article 14 de la Constitution. Celui-ci stipule que “la femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’État garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions”.
«La question de la promotion des femmes aux postes électifs renvoie à l’idée de l’effectivité de la parité. Celle-ci est une disposition reprise dans la constitution congolaise en son article 14. Il est vrai que la RDC n’a pas encore respecté cette disposition effectivement », souligne Me Mbiya.
Pour Marie Madeleine Ngondi de l’Association des femmes Espoir du Congo, l’établissement des listes électorales par les partis et regroupements politiques doit prendre en compte la parité homme femme. Ce qui sera un meilleur moyen de booster la maximisation des candidatures féminines.
Elle exhorte les partis et regroupements politiques, à encourager et proposer un grand nombre de candidatures féminines, de respecter la constitution et les lois qui encouragent la participation des femmes dans les enjeux électoraux. “Aux femmes candidates d’exprimer leurs ambitions au sein de leur partis et regroupements politiques. Et, en amont en informer les mouvements féministes pour avoir leur soutien et fédérer les efforts pour maximiser les chances d’élire les femmes”, ajoute-elle.