Au cours d’un point de presse que le président de la République, Félix Tshisekedi et le Premier ministre Alexander De Croo ont conjointement animé, dans l’esplanade du Palais de la nation, l’homme politique belge a affirmé que la Rdc a le droit d’exiger à ses voisins que son territoire soit respecté. « Elle a droit de demander à chacun de ses voisins de faire les choses qui sont nécessaires pour éviter qu’il y ait une situation d’insécurité au pays », dit-il. De même, pense-t-il, la Rdc doit rappeler à ses voisins de prendre leurs responsabilités, et si elle estime que c’est nécessaire, la Belgique est prête à jouer un rôle pour que ses responsabilités soient respectées.
C’est le mardi 07 juin 2022 que le couple royal belge a foulé le sol de la République démocratique du Congo. Et c’est ce mercredi que le programme conçu à cet effet a commencé à être exécuté. Tout a commencé par la décoration par le Roi Philippe, en présence de Félix Tshisekedi, du caporal Kunyuku, ancien de la Force publique de l’époque coloniale.
Par la suite, le cortège s’est fixé comme cap le musée où une visite des œuvres d’art était prévue. Tout juste après, le président de la République et le Roi des Belges se sont retrouvés en face-à-face, avant l’organisation d’un point de presse conjoint. Parce qu’en Belgique, le Roi règne mais ne gouverne pas, c’est le Premier ministre Alexander De Croo qui a été face à la presse.
Premier à prendre la parole, Félix Tshisekedi a expliqué que tout est parti d’un vœu qu’il avait émis au Roi Philippe en septembre 2019, de le voir visiter la Rdc, d’autant qu’il ne l’avait jamais visité de sa vie. « Cette rencontre est d’une grande importance pour moi en particulier, parce que je considère la Rdc comme mon autre Congo. Ça couronne les efforts que j’ai fournis depuis que je suis à la tête de ce pays, de me rapprocher de la Belgique », dit-il, avant de souligner que pour la Rdc, la porte d’entrée de l’Europe diplomatique et politique, l’Europe des affaires, c’est la Belgique. Si la Belgique gronde ou si elle est fiévreuse par rapport à la Rdc, toute l’Europe la suivra. A l’en croire, c’est important pour nous de redorer ces relations, de les améliorer et pourquoi pas de les projeter vers l’avenir.
« Nous ne nous sommes pas appesantis sur le passé qui est le passé, qui n’est pas à reconsidérer, mais nous avons regardé l’avenir, qu’est-ce que nous pouvons faire ensemble. Cela est allé sur plusieurs secteurs : éducation, santé, infrastructures, assurances, banques, bref on a passé en revue un certain nombre de secteurs pour voir dans quelle mesure nous pouvons reprendre la coopération qui jadis était privilégiée, mais que nous souhaitons davantage plus fructueuse pour nos deux pays. Une visite qui honore le peuple congolais », dit-il.
Cap sur l’avenir
Dans son mot en luminaire, le Premier ministre Alexander De Croo a remercié le président de la République pour l’accueil. A l’en croire, ils sont arrivés en Rdc pour deux messages. Le premier message, regarder le passé droit dans les yeux. On sait tous qu’il y a eu une période qui était douloureuse pour la population congolaise. C’est important de la regarder droit dans les yeux, de ne pas avoir peur pas pour se perdre dans le passé, mieux comprendre le passé et mieux faire dans le futur. « Comment est-ce qu’on peut ensemble travailler pour améliorer les perspectives de la population congolaise », c’est le sens de ce message qu’il a donné.
« … vous avez adressé les points qui sont importants, mais aussi parfois difficiles. Vous avez dit que c’est une priorité de combattre la corruption, de réformer le système de justice, on aimerait travailler avec la Belgique. Nous sommes de votre côté pour faire des choses nécessaires, même si ce sont des choses qui ne sont pas toujours évidentes », mentionne-t-il.
Alexander De Croo a aussi insisté sur des choses de base qui sont indispensables : la stabilité juridique, foncière, fiscale. Pour lui, si la Rdc sollicite l’accompagnement de la Belgique, ceci montre qu’elle a une confiance en la Belgique et on est prêt de travailler avec vous. Ainsi a-t-il insisté sur le fait que la relation entre la Belgique et le Congo doit passer de la parole aux actes, pour rendre cette coopération fructueuse pour les deux populations.
Pas de développement sans sécurité
Appelé à se prononcer sur les priorités de son pays, Félix Tshisekedi a insisté sur le fait qu’il n’y a pas de développement sans sécurité, il n’y a pas de stabilité sans paix. Selon lui, s’il y a une priorité que nous attendons de la Belgique, c’est un accompagnement dans ce sens. « Il y a déjà un début dans ce sens. Comme vous le savez, la coopération militaire a repris avec la Belgique, la formation des troupes d’élite se fait déjà en ce moment. C’est à la Belgique de voir ce qu’elle peut apporter de plus, parce que notre volonté est de monter en puissance au niveau de nos forces de défense et de sécurité pour être suffisamment dissuasif et assurer la défense du territoire national, mais également la sécurité de nos concitoyens », explique-t-il.
L’autre priorité, pour le n°1 des Congolais, ce sont les difficultés du quotidien que nous connaissons. « Nous avons lancé un ambitieux programme de développement de 145 territoires. Il y a à boire et à manger. Il y a toute une panoplie des secteurs dans lesquelles la Belgique peut amener ses investisseurs ou ses investissements et nous accompagner dans le développement de notre pays. Et là-dedans, il y a l’éducation, la santé, l’énergie, l’eau et l’électricité, les infrastructures, à côté de l’agriculture, l’élevage et la pêche. Il y a beaucoup de choses à faire dans ce programme et d’opportunités à saisir », énumère-t-il.
Les regrets de la Belgique
Pensez-vous que la Belgique doit carrément présenter des excuses, c’est la question qui a été posée à Félix Tshisekedi, qui pense que c’est à ce pays de penser à cela et de savoir ce qu’elle peut faire par rapport à son passé. « Nos discussions n’ont pas servi à s’appesantir sur le passé. Nous voulons regarder l’avenir. Le passé est à la fois glorieux et triste. Le but ici est de construire quelque chose de nouveau, surtout de définitif qui soit constructif pour nos deux pays. Aujourd’hui on parle d’enjeux climatiques, la Belgique est déjà présente en Rdc du côté de Yangambi où elle nous aide à prélever les indices pour apprécier l’état de l’environnement », note-t-il.
Et de poursuivre que le site d’Inga par exemple, attend énormément des moyens, d’accompagnements pour se développer et fournir une énergie propre et durable. Ce sont des choses sur lesquelles nous voulons nous lancer, que ressasser le passé et risquer de soulever des nouvelles tensions inutiles. Aujourd’hui nos peuples ont besoin de se développer, que de se regarder en chien de faïence.
M. Alexander de Croo a terminé son intervention par évoquer la situation à l’Est de la Rdc. D’un ton ferme, il a dit que chaque pays a le droit de défendre l’intégrité de son territoire. C’est un sujet que l’on connait en Europe aujourd’hui car, lorsqu’on parle de la situation en Ukraine, tout le monde dira que l’Ukraine a raison de faire respecter l’intégrité de son territoire. Je ne vois pas comment ça