Deux semaines après la tenue de la conférence interprovinciale entre les provinces du Grand Katanga et celles du Grand Kasaï », initiée par le Président de la République, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’était ouvert le 17 mai 2022, à Lubumbashi, le « Forum pour l’unité et la réconciliation des Katangais ». Pour diverses raisons, la tenue de ses assises inquiète certaines sensibilités pendant que d’autres félicitent plutôt l’Archevêque Métropolitain de Lubumbashi, Muteba Mugalu Fulgence, pour cette initiative. En quoi cette ‘réconciliation des Katangais inquiète’ ?
Ce forum qui est allé jusqu’au 19 mai 2022 avait comme objectif « d’aider des filles et fils du Katanga à poser des gestes d’une authentique réconciliation, travailler ensemble et défendre les intérêts du peuple Katangais et de tous ceux qui vivent au Katanga ». Le prince de l’Eglise compte « Amener les leaders katangais, toutes tendances confondues, à s’asseoir ensemble pour oser regarder dans la même direction, se dire la vérité sans se focaliser sur les atrocités du passé, mais, plutôt se pardonner mutuellement en relevant les obstacles à vaincre […] ». Plus de deux-cents personnes se sont donc réunies au centre pastoral Mgr Tafunga Jean-Pierre.
Selon l’Avocat et Défenseur des droits humains Tshiswaka Masoka Hubert, « l’orientation qui est donc donnée au forum semble se fonder sur quatre points : Du contexte politique » ; De la perception publique ; Du langage et concepts utilisés comme « Peuple katangais », « les autres qui vivent au Katanga », « non originaires » ou « non-katangais ». Du rôle de l’Eglise".
Pour ce juriste, le mémorandum qui affirme qu'« au-delà de la main noire étrangère, il y a la volonté de certains compatriotes non originaires qui cherchent à tout prix, à s’assurer la soumission et l’exploitation du peuple katangais et le pillage de son sous-sol » et affirme que des richesses du Katanga suscitent des convoitises de toute part inquiètent du fait qu’elles ramènent le débat en sourdine aux « compatriotes non-originaires » ou « non-Katangais » , dans l’optique des droits humains, ce document de travail suscite des craintes. Et le document de poursuivre dans son argumentaire que : « […] Les querelles de chapelle et les divisions des frères et sœurs politiciens ou d’autres personnalités importantes du Katanga ne servent pas les intérêts de la population katangaise, elles servent la cause des non-katangais […] ».
En termes de conclusion, après examen des faits, le forum pour l’unité et la réconciliation des Katangais », convoqué par l’Archevêque métropolitain de Lubumbashi propose des recommandations. Après analyse des faits, il est dit que le fait pour certains politiciens de considérer les déplacements massif de kasaïens au Katanga comme un risque de modification de la cartographie de l’électorat de 2023, en défaveur des katangais.
Par ces propos, l’on ne fait que confirmer ce que montre clairement les résultats des élections africaines qui se déclinent en deux types d’approches : d’un côté il y a la réalité politique et de l’autre la réalité sociologique. En outre, cette crainte s'explique par le fait que la mouvance politique au Congo pivote non seulement sur l'axe politique mais principalement sur des considérations sociologiques. Il s'observe que les grands partis nationaux se reposent sur la communauté tribale et linguistique et généralement la province d'origine du leader est réputée être son 'fief'. On observera donc que le PALU est majoritaire au Bandundu, MLC l’est à l'Equateur, l'UDPS au Kasaï, RCD au Nord-Kivu, CCU au Sankuru, ABACO au Congo central etc...
Schéma de l’ethnicité, une voie dangereuse
Ce schéma de l'ethnicité avait déjà conduit certains leaders nationaux à faire recours aux discours politiques désobligeants d’incitation à la haine ethnique ou au suprématisme ethnique rappelant des faits historiques sinistres, comme les évènements malheureux des années 1960 lors des tentatives de sécession katangaise ou du séparatisme prôné par l'État autonome du Sud-Kasaï (faits liés aux premières élections de 1957) ; 1990 la chasse aux kasaïens du Katanga, à la suite de l’opposition ‘radicale’ de l’UDPS (parti dominé par les originaires lubas du Kasaï), au régime de MOBUTU des années 1980-90. Ce même type des propos émergera après les élections de 2018 faisant montée des phénomènes 'Talibans' et 'Mpanguistanais' des extrémistes aux connotations tribales et aux tendances proches de l’extrême droite et extrême gauche. Des suprématistes ethniques et des haineux tribaux. Chaque camp multipliant des insultes et diabolisations de l’adversaire politique dans les réseaux sociaux.
Dans son mot de clôture de la conférence de « cohabitation pacifique », le Président de la République avait dit : « Nous sommes un même peuple, une seule et même nation. […] Préservons notre unité, notre solidarité et notre intégrité nationale ». Des propos qui n’ont pas manqué de rappeler le « Tata Bo ? Maman Bo ? Ekolo Bo ?» du Maréchal Mobutu. Et, le Premier ministre, Sama Lukonde, le Vice-Premier , ministre de l’Intérieur, Daniel Aselo, ainsi que les neuf Gouverneurs des provinces concernées s’étaient engagées à aborder le fond de cette problématique déstabilisatrice du Centre et du Sud-Ouest de la RDC, afin de renforcer « le vivre ensemble » ou « la cohabitation pacifique » entre membres des groupes ethniques vivant au Katanga.
Comment préserver l’unité, la solidarité et l’intégrité?
Le vivre ensemble est mis-en mal par le suprématisme et la haine tribale, deux facettes d'une même pièce qu'est le tribalisme.
Eu égard à l’histoire de ces violences, au contexte politique tendu et à la prédisposition des politiciens à manipuler opportunément le citoyen lambda, en période pré-électorale agitée, il est impérieux que l’Eglise apporte un message d’apaisement sans désigner des boucs émissaires profiteurs des conflits entre « filles et fils du Katanga ». Il est aussi important d’éviter des procès d’intentions.
D’ores et déjà, il convient de noter que ledit Forum a amené à la table de réconciliation « des leaders politiques » des plus influents. D’aucuns prédisaient une réconciliation entre deux figures emblématiques de la scène politique nationale, à savoir le Président de République honoraire, Kabila Kabange Joseph et le Président du regroupement politique Ensemble, Katumbi Chapwe Moïse.
Selon le même entendement, « les autres vivant au Katanga » sont des personnes dites « non-originaires » ou « non-katangaises » qui appartiendraient aux groupes ethniques non listés par ces associations dites socioculturelles du Katanga. C’est ainsi que le Forum des « fils et filles du Katanga » n’avait associé aucune personnalité dite « non-originaire ». « Ni député élu et siégeant dans l’hémicycle du Katanga, ni ministre provincial du Katanga, ni scientifique, ni Recteur d’Université, ni Bâtonnier en exercice, aucun membre de la sociét&eac