La question du financement des infrastructures, une nouvelle fois au cœur du sommet Union européenne-Union africaine, avec des engagements à être plus dans l'action dorénavant. Les chantiers en Afrique subsaharienne sont nombreux et ce qui semble manquer le plus : ce sont des investissements à hauteur des travaux à réaliser. Nicolas Kazadi est le ministre des Finances de la République démocratique du Congo et il répond aux questions d'Africanews.
Africanews : En 2021, la croissance économique est positive en RDC et les perspectives pour 2022 semblent également être intéressantes...
Nicolas Kazadi : En 2021, nous avons eu une croissance de plus de 5.5, disons 5.8 ou 5.7, donc à peu près presque le double de la moyenne africaine. Nous avons rejoint les pays les plus performants qui sont entre 5 et 7 et demi pour cent et pour 2022, nous avons adopté des prévisions encourageantes. Nous nous rapprochons de cette croissance si tout se passe bien. Cela vient dans un contexte de réformes, un contexte de gouvernance renouvelée, améliorée. Vous savez que nous sommes encore en programme avec le Fonds monétaire international. Nous avons un programme de lutte contre la corruption qui est très fort et nous avons également un programme de diversification de l'économie qui est en cours de formulation.
Mais vous savez qu'il y a des voix qui s'élèvent pour dire que l'économie verte n'est forcément une priorité pour l'Afrique en ce moment, qu'en dites-vous?
Nous devons travailler avec la communauté internationale et l'Union européenne sur les engagements liés à la préservation du climat. Mais pour y parvenir, nous devons nous assurer un développement rapide parce que nous avons un grand retard à rattraper, mais un développement sain, résilient et en phase avec ces objectifs environnementaux
Tout à l'heure, on a parlé de la bonne santé de l'économie qui n'est pas souvent inclusive....
Ne laisser personne au bord de la route reste un défi permanent. Voilà pourquoi nous sommes ouverts à la solidarité internationale tout en relevant nos défis internes. Mais nous savons que ça n'ira bien que lorsque nous aurons totalement pris en charge nos économies. Voilà pourquoi nous travaillons sur nos capacités internes.
Où en êtes-vous avec la diversification?
L'Agriculture est notre vocation naturelle parce qu'elle est éternelle et nous avons un potentiel énorme avec plus de 80 millions d'hectares de terres arables. Nous avons de quoi faire, mais le grand défi pour nous, c'est les infrastructures. Pour ce qui est de la diversification dans l'agro-industrie, il faut les infrastructures. Et puis il nous faut des entrepreneurs locaux. Mais en attendant, il faut bien qu'on fasse avec tout le monde. Voilà pourquoi nous avons une politique très ouverte en matière d'attrait des investisseurs. Prenons un des exemples qui est le plus emblématique, celui des batteries. Nous avons un projet de production de batteries aujourd'hui au lithium cobalt, lithium, etc. Nous pouvons accroître, démultiplier la valeur ajoutée sur ces produits.
On a toujours l'impression que c'est un vœu pieux, monsieur le ministre!
Un vœu pieux... je ne sais pas, mais aujourd'hui, on est dans l'action. Une étude menée par Bloomberg a démontré que c'était trois fois moins cher de produire des batteries en RDC que de le faire en Chine ou aux Etats-Unis, qui sont, eux, les détenteurs de la technologie. Cela veut dire qu'il y a une perspective.
Vous disiez tout à l'heure que la RDC n'a pas assez d'entrepreneurs locaux. La solution serait de financer les jeunes?
La question de l'entrepreneuriat des jeunes, des jeunes n'est pas seulement une question de financement, c'est aussi une question d'accompagnement d'écosystèmes. Il faut que dès le départ, on puisse tourner les jeunes vers l'entrepreneuriat, qu'ils perçoivent que c'est une perspective utile et même plus forte que les emplois classiques et que les meilleurs d'entre eux soient accompagnés dans leur capacité à créer des entreprises, à créer des produits ou des technologies et à progresser. C'est tout cet écosystème qu'il faut créer et nous y travaillons. Nous avons un ministre de L'entrepreneuriat qui a un programme là-dessus, avec l'appui de certains partenaires et l'appui du secteur privé.
Le président Macky Sall est le président en exercice de l'Union africaine, peu avant, c'était votre président. S'il fallait faire un bilan de la présidence de Felix Tshisekedi, qu'est-ce qu'on pourrait en dire?
Le président Tshisekedi, est venu à un moment où on avait deux types de défis. Le premier, c'est celui lié à la covid. Et de ce point de vue-là, les résultats sont très parlants, à la fois sur l'accès aux vaccins, l'accès au financement, financements innovants, les allocations de DTS, les réallocations. Tout ce débat qui s'est fait autour du G20, etc. Il a apporté une part importante pour arriver à ces résolutions qui, aujourd'hui, sont en train de dessiner l'architecture financière qui va accompagner la reprise post-covid. Et vous savez que cette année a été également une année de résurgence des coups d'Etat. Surtout dans la partie Ouest. Un contexte qui est lié à la crise liée au terrorisme international. Voilà, le contexte dans lequel sa présidence s'est faite. Mais il a réussi à trouver des réponses pour préserver la stabilité au-delà de cette turbulence.