Le Registre des Appareils Mobiles (RAM), une question qui divise plus qu’elle n’unit les Congolais de tous bords. Les députés nationaux qui sont les représentants légitimes du peuple en ont l’expérience. Certains avouent recevoir des plaintes de plus en plus incessantes de la base. Fallait-il que la question reste sans réponse, au regard des rumeurs qui l’entourent? Logiquement, il fallait qu’il y ait quelqu’un qui réponde, mieux qui donne le vrai sens de RAM, qui n’est pas une taxe ; mais une rémunération affectée non seulement à l’implémentation du wifi gratuit dans les institutions universitaires et places publiques, mais aussi un moyen de contrôle des flux d’appels et des messageries.
C’est dans ce sens qu’Augustin Kibassa Maliba, ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication « PT-NTIC », était devant la représentation nationale ce mercredi 29 septembre, pour répondre à la question orale avec débat de l’honorable Misare Mugomberwa Claude, autour de la problématique du Registre des Appareils Mobiles (RAM). Plus concrètement, il était question pour le ministre de répondre à ces quatre questions : Combien d’utilisateurs d’appareils mobiles avez-vous enregistré durant les six derniers mois ? Quel est le bilan actuel de la mise en place du système CEIR en République Démocratique du Congo ? Pourquoi un simple enregistrement d’appareil mobile peut-il être transformé en une taxe qui vienne alourdir la charge de l’utilisateur des téléphones mobiles ? Si la mission de la taxe RAM est aussi de contribuer à la maximisation des recettes publiques, pourquoi le droit d’enregistrement IMEI ne devrait-il pas être payé en douze échéances ? A en croire le ministre, pour les six derniers mois, le système RAM nous a permis d’identifier 38.108.106 (trente-huit millions cent et huit mille cent six) d’appareils mobiles, dont 26.675.675 (vingt-six millions six cent septante-cinq mille six cent septante-cinq) appareils 2 G et 11.432.431 (onze millions quatre cent trente-deux mille quatre cent trente et un) appareils 3G et plus. Il sied de noter que le système RAM a permis d’identifier 17.514.777 (dix-sept millions cinq cent quatorze mille sept cent septante-sept) appareils originaux et uniques, 14.750.355 (quatorze millions sept cent cinquante-trois cent cinquante-cinq) appareils clonés et 5.842.974 (cinq millions huit cent quarante-deux mille neuf cent septante-quatre) appareils non conformes.
Un auditoire rempli d’apriori
Malheureusement, avons-nous constaté, le ministre Kibassa s’est heurté à un auditoire rempli d’apriori et qui n’était pas disposé à l’écouter. Mieux, c’est un discours qui est tombé comme de l’eau sur les plumes du canard ! C’est donc une communication unidirectionnelle où le ministre doit tout essuyer, injures publiques, préoccupations et recommandations. Surprenant, un groupe des jeunes manipulés présents dans la salle, a tenté d’interrompre à sa manière l’allocution du ministre, alors qu’il n’était que dans ses débuts. Inadmissible ! Les députés ont vite oublié que la communication, c’est aussi un enjeu sécuritaire. Celui qui maîtrise la communication peut tout faire. Et en Rdc, cette communication était laissée à la diligence des sociétés de télécommunication, du reste peu transparentes et peu orthodoxes en la matière, qui se délectaient d’une marge de manœuvre incontrôlée.
C’est ainsi que des députés, en lieu et place d'attendre la conclusion que donnerait l’auteur de la question orale avec débat, ont tantôt sollicité la démission du ministre, tantôt le retrait de RAM. Ils ont oublié que le ministre, étant membre du Gouvernement, rien ne peut se faire sans l’autorisation de cette institution. Et c’est tout à fait normal que le Gouvernement ait trouvé le bien-fondé de cette rémunération.
Visiblement alimentés par des rumeurs et des humeurs, certains députés sont passés à côté de la plaque, faute de creuser en profondeur, pour démontrer le bien-fondé de RAM. Aussi, personne d’entre eux n’a fait le droit comparé pour prouver que cette pratique ne se fait pas dans les pays voisins. Ayant compris que les attaques personnelles l’emportaient sur la qualité des débats, le président de cette chambre basse du Parlement congolais a tenté de recadrer les choses. « Celui qui, dans ses propos, va encore humilier le ministre, ou s’en prendre aux personnes qui ne peuvent pas se tenir devant nous pour rendre compte, je lui arracherai la parole », a lancé Christophe Mboso.
Et même si le ministre Kibassa va revenir avec des réponses claires aux préoccupations des députés, il est prétentieux de penser que ceux-ci vont croire à ses réponses. C’est donc une bataille perdue d’avance devant ceux-là qui ne veulent que faire passer leurs positions tranchées, ne voulant pas alimenter leur jugement par l’esprit d’écoute.
Toutefois, après son allocution, les élus du peuple ont formulé différentes préoccupations au ministre Kibassa. Plusieurs ont sollicité la suppression du RAM, d’autres voulaient comprendre combien ce Registre a mobilisé au Trésor public, et à quoi cela est bénéfique pour le peuple d’abord. Très serein, le ministre Kibassa Maliba qui a repris la parole après les interventions des élus légitimes du peuple, a sollicité 48 heures pour rencontrer leurs préoccupations. Il s’est dit par ailleurs indigné d’être taxé de tous les maux par les élus, mais a promis de faire la lumière sur ce dossier qui est venu résoudre plusieurs problèmes dans le secteur des télécommunications.