La Coalition Lamuka, tandem Fayulu – Muzito, dit maintenir sa marche prévue pour ce mercredi 15 septembre sur l’ensemble du pays. L'objectif étant de dire non à la politisation de la CENI, et d'appeler à un consensus dans le cadre du processus de désignation de ses animateurs. A en croire un communicateur de cette plateforme, la réponse de l’Hôtel de ville de Kinshasa n’est pas arrivée dans les délais constitutionnels.
« Il n’y a pas d'autorité là où il y a violation de la constitution. L'article 26 de la constitution dit que quand vous avez une manifestation publique, veuillez en informer l’autorité qui en a compétence pour que celle-ci prenne des dispositions pour l’encadrer, ce qu’on appelle le régime d’information. Lamuka s’est conformé à la constitution depuis le 2 septembre 2021, nous avons saisi le gouverneur de la ville. Et la loi dit que cinq jours après, si l'autorité ne vous répond pas, la prise de date est affective. Le gouverneur ne nous a répondu que le 8 septembre, soit 6 jours après qu’on ait écrit, ce qui dépasse largement le délai », a dit Prince Epenge.
Si cette marche connaitra la participation d’autres regroupements politiques comme la NOGEC de Constant Mutamba, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) de Joseph Kabila de son côté, a apporté son soutien aux organisateurs et aux manifestants.
« Ceux qui vont marcher, ce sont des citoyens épris de démocratie et qui veulent se battre contre toute dérive dictatoriale. Nous ne pouvons qu’encourager la lutte contre toute dérive dictatoriale dans notre pays et pour la sauvegarde du processus électoral », a dit Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD.
Par ailleurs, Ferdinand Kambere précise tout de même que la marche a été demandée par Lamuka, pas le PPRD : « En tant que structure et parti politique, nous n’avons pas officiellement demandé de marche ».
Augustin Kabuya n'est pas surpris du rapprochement Lamuka - PPRD
De son côté, le secrétaire général a.i de L'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (Udps/Tshisekedi), Augustin Kabuya a indiqué ne pas être surpris du rapprochement Lamuka – PPRD, car pour lui, tous les membres de Lamuka étaient avec Joseph Kabila.
« C’est le retour à la case départ. Kabila, Muzito et Fayulu, ce sont des anciens amis », a-t-il dit tout en affirmant qu’il s’agit d’une opposition opportuniste.
« Nous avons combattu tout ce monde pendant 37 ans. Ce sont des opposants de circonstance. Il faut se méfier d’eux. Ce sont des opportunistes. Ils sont à la recherche de leur intérêt personnel. Nous ne sommes pas là pour céder aux caprices des gens », tance Kabuya, qui juge fondée la décision de l'Hôtel de ville d'interdire la marche de Lamuka.
À l'en croire, il a dû lui-même interrompre sa tournée en provinces, de suite des mesures liées à la lutte contre la pandémie à coronavirus au pays : « J'ai interrompu ma tournée en provinces. Puis-je également dire que c'est une injustice? Pas du tout. La décision du gouvernement provincial est fondée et moi-même je la respecte ».
Et de renchérir : « Est-ce-que le Chef de l'Etat a cessé d'assumer ses fonctions pour devenir gouverneur de la ville ? Est-ce-que l'argument avancé par l'Hôtel de ville est fondé où ne l'est-elle pas ? C'est ça la question qu'il faut se poser».
Contrairement à Kabuya, Jean-Claude Katende s'interroge sur le meeting sur le pourquoi du meeting tenu par Christophe Mboso, Président de l'Assemblée nationale, à Camp-Luka, sans être inquiété, alors que la marche projetée mercredi 15 septembre par Lamuka est interdite ? Selon cet activiste des Droits humains, traiter différemment les citoyens égaux devant la loi, crée des frustrations inutiles et montre que les institutions ne sont pas justes.
Ce faisant, le président national de l'Asadho a, sur son compte Twitter, déclaré que les libertés d'expression, d'association et des manifestations sont le socle d'une démocratie vivante.
Et d'ajouter que : « refuser une de ces libertés aux citoyens met en péril la démocratie ». Ainsi, il a recommandé aux autorités du pays de bien vouloir laisser la coalition Lamuka chapeautée par Muzito et Fayulu, faire leur marche.
Rappelons ici que le gouverneur de la ville-province de Kinshasa a déclaré ne pas être en mesure de prendre acte de la marche de Lamuka, suite aux restrictions sanitaires liées à la covid-19, afin de prévenir les contaminations en masse. La tension avant la date du 15 septembre monte, et les observateurs avertis interpellent les autorités de la Police à préparer leurs éléments pour éviter une répression sanglante.