Le Gouverneur de la ville-province de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka n’a pas pris acte de la marche projetée par Lamuka, plateforme de l’opposition politique, pour ce 15 septembre. Ce, afin de dire non à la politisation de la Commission électorale nationale Indépendante (CENI). Dans sa notification, il a indiqué qu’au regard des instructions du pouvoir public et les restrictions édictées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il ne pourra autoriser cette marche prévue sur l’ensemble de la République. Pour Gentiny Ngobila, cette activité est susceptible d'entraîner une contamination massive de la Covid-19.
« J'accuse réception de votre lettre sans référence du 02 Septembre 2021 par laquelle vous me tenez informé de l'organisation d'une marche pacifique pour dire NON à la CENI politisée, NON au glissement du calendrier électoral et NON à la fraude électorale en date du 15 Septembre 2021. Ce dont je vous remercie. A ce propos, tout en louant le mérite de votre démarche, je ne saurai prendre acte de votre activité qui, au regard des instructions de l'autorité Suprême ainsi que les restrictions édictées par l'OMS, est susceptible d'entraîner une contamination massive de la Covid-19 », peut-on lire dans cette correspondance de Ngobila adressée à Martin Fayulu et Adolphe Muzito, deux principaux responsables de Lamuka.
Déjà de son côté, Lamuka a déposé, vendredi 10 septembre dernier à la Haye, un mémorandum au procureur de la Cour pénale internationale (CPI). La délégation de Lamuka au Pays-Bas était composée des membres des partis politiques ECIDE de Martin Fayulu et Nouvel élan d’Adolphe Muzito. Selon Albert Mukulubundu, chargé des relations extérieures de Lamuka, l’objectif de ce memo est de demander au procureur de la CPI de documenter toutes les violations des droits de l’homme qui seront enregistrées au cours de la marche qui sera organisée le 15 septembre prochain. Cela pour amorcer d’éventuelles poursuites contre leurs auteurs.
« Ce memo a pour objectif de mettre le procureur et ses services en alerte. Pour rappel, Lamuka organise le 15 septembre, une marche pour dire non à la fraude électorale en cours en RDC, non au glissement, non surtout à la politisation de la CENI. Et par expérience, les autorités de la RDC répriment souvent les marches pacifiques alors que la constitution donne le droit de manifester pacifiquement dans le respect des lois », a expliqué Albert Mukulubundu.
Et d’ajouter : « Donc, nous avons tenu à alerter le procureur qui, sans doute avec ses services, suivront de près ce qui va se passer le 15 et même après pour voir s’il y aura violation des droits humains, s’il y aura répression. Ils pourront alors mener des enquêtes pour identifier les responsables, les poursuivre en tenant compte de ce qui s’est déjà passé au Congo, en Afrique et ailleurs ».
Rappelons que c’est depuis le 24 août dernier que le présidium de la coalition Lamuka avait annoncé la marche pour le 15 septembre prochain dans toutes les grandes villes et territoires de la République Démocratique du Congo pour exiger un consensus autour des réformes électorales en prélude des scrutins de 2023.
Avec ce refus de l’autorité urbaine, le risque d’un affrontement avec les services de sécurité est à craindre, car Lamuka tient à sa mobilisation populaire. Entretemps, le processus de désignation des animateurs de la Centrale électorale demeure bloqué. Des sources proches du palais du peuple, l’on apprend une série de consultation ouverte par le président de l’Assemblée nationale, en vue d’un atterrissage consensuel. Malheureusement, aucun signal fort n’est donné jusque-là ; la plénière prévue pour entériner les différents candidats n’est toujours pas convoquée.