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Liste de ministrables chez Tshisekedi et Kabila: Fatshi a le dernier mot

Une fois qu'il a réceptionné les listes des ministrables du Front Commun pour le Congo (FCC) et ceux du Cap pour le changement (CACH),  il était nécessaire pour le Premier ministre d’aller vers les deux Autorités de la coalition pour confirmer ou infirmer les noms des personnalités qui s'y trouvent. Le faire ne signifie pas manquer d’égard au Président de la République.  C'est  contraire, s'assurer un gouvernement stable après le quitus des deux chefs de la coalition au pouvoir. C'est s'assurer lui-même si les listes du FCC sont parfaitement en harmonie avec son Autorité morale. Quoi qu'il en soit et quel que soit le bord politique du ministrable, le dernier mot revient au Président de la République qui signera l'Ordonnance de nomination,  bien entendu avec le contreseing du Premier ministre. Avant donc de signer une quelconque liste de ministrables, le chef de l'Etat peut objecter, et sur les deux listes. Consulter Kabila n'écorne pas l'autorité de Tshisekedi. C'est la conséquence d'un gouvernement de coalition.

L’on s’achemine petit à petit vers la nomination du Gouvernement de Sylvestre Ilunga Ilunkamba. En attendant que la liste de ministrables parvienne au Président de la République, Félix Tshisekedi, l’on apprend que le Premier ministre prend tout son temps à scruter les candidatures qui lui ont été proposées, à la lumière  du fil conducteur qu’il avait remis aux Coordonnateurs du FCC et de CACH.  A l’allure où vont les choses, peut-être qu’on n’aura de nouveau gouvernement qu’au retour du chef de l’Etat qui doit prendre part, du 17 au 18 août, au 39ème Sommet ordinaire des chefs d'État et de gouvernement de la SADC, à Dar-es-Salaam (Tanzanie).

Entre-temps au pays, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba essuie des critiques virulentes, depuis 72 heures. Son péché, hélas : avoir déclaré, dans le cadre de la formation de son gouvernement, qu'il allait discuter avec aussi bien le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qu'avec l'ex-président Joseph Kabila Kabange, tous deux Autorités morales de deux plateformes en coalition gouvernementale : le Front Commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement du Congo (CACH). 

Cette déclaration a été faite après la réception, dimanche des listes de ministrables déposées par le duo Néhémie Mwilanya Wilondja – Jean-Marc Kabund-A-Kabund, Coordonnateurs respectivement du FCC et du CACH. Il s’en est suivi une volée des bois verts contre Ilunga Ilunkamba.

Quelles sont ces critiques, du moins la plus récurrente ?

Le Premier ministre, en allant discuter avec Kabila, mettrait le Président Tshisekedi au même rang que son prédécesseur. Cette critique relève soit de l'ignorance soit de la mauvaise foi. Doit-on rappeler ici que la Rdc a opté pour un gouvernement de coalition ?  Dans ce contexte, en effet, le choix de la coalition gouvernementale ne découle pas d'une absence de majorité à l'Assemblée nationale, car le FCC à lui tout seul, a plus de 251 députés nationaux, suffisants pour investir un gouvernement sans l'autorisation de qui que ce soit, mais découle plutôt de la volonté de consolider la paix et la stabilité de la Rdc, afin d'envisager dans la sérénité son développement socio-économique. C'est donc un choix opéré en âme et conscience entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Ils ont préféré la coalition à la cohabitation.

Ce choix a bien entendu des conséquences politiques que voici:

1. Le Premier ministre a deux types de rapports, l'un institutionnel avec  Félix Tshisekedi en sa qualité de chef de l'État ; et l'autre politique, Joseph Kabila, en sa qualité de président du PPRD et de patron du FCC,  parti et plateforme desquels est issu Ilunga Ilunkamba.

2. Chaque fois qu'il y aura des décisions politiques importantes à prendre, le Premier ministre aura des comptes à rendre au parlement, dominé par le FCC, et donc par son Autorité morale.

3. Dans ses rapports avec l'Etat,  le Premier ministre Ilunga a pour chef exclusif Félix Tshisekedi.

4. Dans ses rapports politiques, il doit prendre en compte la donne Joseph Kabila, chef de la majorité parlementaire.

Ceci précisé,  revenons à présent à sa démarche de consulter Tshisekedi et Kabila pour affiner les listes des ministrables.  Une fois qu'il a réceptionné les listes des ministrables du FCC et du CACH,  il était nécessaire pour le Premier ministre qu'il aille vers les deux Autorités de la coalition pour infirmer ou confirmer les noms des personnalités qui s'y trouvent. Le faire ne signifie pas manquer du respect au président de la République.

Au contraire, c’est s'assurer un gouvernement stable après le quitus des deux chefs de la coalition au pouvoir. C'est s'assurer lui-même si les listes du FCC sont parfaitement en harmonie avec son Autorité morale.

Quoi qu'il en soit et quel que soit le bord politique du ministrable, le dernier mot revient au président de la République qui signera l'ordonnance de nomination,  bien entendu avec le contreseing du Premier ministre. Avant donc de signer une quelconque liste des ministrables, le chef de l'Etat peut objecter et sur les deux listes. Consulter Kabila,  n'écorne pas l'autorité de Tshisekedi. C'est la conséquence d'un gouvernement de coalition.

D’ailleurs en France,  lorsque deux fois dans son histoire la majorité parlementaire n'a pas coïncidé avec la majorité présidentielle, la droite et la gauche avaient choisi la cohabitation.  En 1986, le Premier ministre Jacques Chirac a formé seul son gouvernement, alors que François Mitterrand était président.

En 1993, la France fut contrainte à expérimenter une deuxième cohabitation, cette fois avec Édouard Balladur comme Premier ministre de Mitterrand.  En 1997,  c'est l'inverse qui s'est produit avec cette fois-ci un président de droite Jacques Chirac avec un Premier ministre de gauche, Lionel Jospin.

Ces 3 périodes de cohabitation en France, pays ayant une longue tradition démocratique, furent pourtant émaillées par des crises politiques majeures. La Rdc, jeune démocratie, ne veut pas expérimenter la cohabitation afin de consacrer son énergie,  non pas à des querelles politiciennes, mais à la réduction de la pauvreté.



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