L’humanité a célébré hier lundi 3 mai 2021, la Journée Internationale de la Liberté de la Presse, sous le thème « information comme bien public ». En République Démocratique du Congo, précisément à Kinshasa, les professionnels des médias se sont donné rendez-vous à Béatrice hôtel, où ils ont fait l’état de lieu de cette liberté de la presse sous le nouveau régime. C’était en présence du tout nouveau ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe. De toutes les allocutions, une seule note leçon à retenir : il y a encore du chemin à parcourir pour que la liberté de la presse soit effective en RDC.
Dans son rapport publié, Journaliste en Danger (JED) constate que plus de deux ans après l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir, il y a une recrudescence inquiétante d’attaques contre les journalistes et les médias. La petite détente observée quelques mois après sa prise du pouvoir, en janvier 2019, n’a été que de courte durée au vu de la recrudescence des violations de la liberté d’informer.
Dans ce rapport, il y a des chiffres ! Ainsi, les différentes statistiques des atteintes à la liberté de la presse démontrent une tendance croissante des arrestations arbitraires, des intimidations, des menaces, et la censure imposée aux médias en vue de réduire les journalistes congolais au silence. Et JED, depuis le début du quinquennat du Président Félix Tshisekedi, a déjà enregistré « 228 » cas d’atteintes à la liberté de la presse sur l’ensemble du territoire national, dont 47 cas depuis le début de cette année 2021. Il faut le repartir comme suit : « 14 journalistes ayant reçu des menaces directes ou indirectes pour des raisons professionnelles ; 11 journalistes interpellés, c’est-à-dire détenus pendant moins de 48 heures ; 9 journalistes agressés ou torturés dans l’exercice de leur profession ; 7 journalistes incarcérés, c’est-à-dire ayant été privés de sa liberté pendant plus de 48 heures ; 5 cas des censures ou d’entraves à la libre circulation de l’information ; et 1 Journaliste porté disparu ».
Rappelons que dans son dernier classement mondial de la liberté de la presse, Reporter Sans Frontière (RSF) classe la RDC à la 149ème place sur 180 pays, soit une place de plus par rapport à l’année 2020 où elle a occupé la 150ème position.
De tout ce qui précède, le changement tant attendu en matière de liberté de la presse se fait encore attendre, malgré la bonne foi pour le régime Tshisekedi d’asseoir l’Etat de Droit en République Démocratique du Congo. Ce, au-delà des conditions sociales précaires des professionnels des médias, qui peinent à bien vivre de leur métier. Dans des manifestations politiques, des journalistes sont arrêtés et mal traités au même titre que les manifestants interpellés. Et compte tenu du niveau de violence à l’encontre des journalistes et des médias, JED lance un appel pressant pour des réformes de la loi sur la presse et la lutte contre l’impunité qui doit être une priorité. Sans lesquelles, la situation des journalistes restera toujours précaire.