Le Mouvement d’Action Thomas More, membre du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques (CALCC), a écrit à la CENCO, en vue de solliciter auprès des pères de l’Eglise catholique de stimuler et soutenir le débat autour d’un point de vue qu’il propose sur l’organisation des élections en RDC. Cette correspondance porte la main du Secrétaire général Bamuangayi Kalukuimbi Ghislain. Le but étant de faire naître des échanges au milieu des fidèles catholiques, dans la presse, dans les milieux des intellectuels et autres indiqués qui pourront permettre la formation, sur le choix des dirigeants politiques, des opinions publiques beaucoup plus soucieuses de la paix, de la réconciliation nationale, des valeurs morales et du développement économique, lance un appel à la réflexion. En voici la teneur :
Monsieur le Secrétaire Général,
Nous avons l’honneur de venir, par la présente, porter à la connaissance des pères de notre Eglise, le fruit de la réflexion entreprise par notre groupe sur l’organisation des prochaines élections en République Démocratique du Congo.
Notre humble souhait est de voir un débat constructif naître de notre réflexion, également stimulé et soutenu par la CENCO. Les échanges au milieu des fidèles catholiques, dans la presse, dans les milieux des intellectuels et autres indiqués pourront permettre la formation, sur le choix des dirigeants politiques, des opinions publiques beaucoup plus soucieuses de la paix, de la réconciliation nationale, des valeurs morales et du développement économique.
Faisant suite à une première réflexion vous communiquée en septembre 2018 sur l’organisation du pouvoir politique, intitulée « Front populaire, la démocratie au service des intérêts du peuple congolais », en annexe, nous pensons avoir aujourd’hui l’occasion de reconstruire le système électoral de notre pays pour que les élections ne continuent à servir de cause visible de l’instabilité constante des institutions politiques.
En effet, nous avons les considérations ci-après :
- Les élections ont été organisées dans notre pays pour trouver un consensus politique entre des individus beaucoup plus préoccupés par la conquête et l’exercice du pouvoir, sans le réel souci de résoudre les vrais problèmes de la population.
- Lorsque les élections sont organisées dans la précipitation comme solution à l’alternance entre les dirigeants, en l’absence de l’alternance dans la méthode de gouverner, elles ne servent qu’à perpétuer l’état de la mauvaise gouvernance, de la misère et de l’insécurité de la population. Les élections pour les élections n’apporteront aucune réponse valable au problème de fond des congolais, qui ont besoin d’une classe de dirigeants soucieux de l’intérêt supérieur du peuple et du respect primordial de la règle de droit et capable d’instaurer la paix, d’éliminer la pauvreté et de booster le développement de notre pays.
- Le recensement de la population et l’identification des citoyens congolais sont une nécessité absolue pour la RDC, en ce qu’ils participent au principe même de l’existence de l’Etat, dont la population est un élément constitutif. L’Etat congolais est paralysé du fait de ne pas avoir une population propre à elle, connue, dénombrée et affectable aux taches de développement. Quelle population appeler à désigner les dirigeants, lorsque le peuple n’existe pas comme entité définie et capable de s’exprimer légitimement et souverainement sans le soupçon de choix par procuration ou au profit d’autres peuples ?!
- La nécessité de recenser le véritable corps électoral est une priorité pour les congolais, qui souffrent aujourd’hui de ne pas distinguer le national de l’étranger, le compatriote de l’ennemi, l’immigré légal de l’immigré clandestin, le frère ayant droit à l’hospitalité de l’égorgeur infiltré pour tuer la famille accueillante. Le recensement scientifique est un besoin vital pour la survie de la nation congolaise.
- Le droit au vote de chaque citoyen ne peut permettre la répétition des situations passées où certaines populations en ont été privé à cause de l’insécurité. L’instauration de la paix est si importante pour la qualité des élections qu’il faille tous nous y investir. La fin de la guerre, la réconciliation nationale et l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national sont des conditions substantielles au règne de la paix en République Démocratique du Congo ; il est du devoir citoyen de les privilégier dans l’intérêt supérieur de la nation.
- Les élections communales et locales sont autant importantes que l’élection présidentielle. La crise de légitimité, décriée par certains au niveau national, est vécue de manière intense dans les entités territoriales décentralisées avec des dirigeants nommés par clientélisme, par favoritisme, par discrimination, par besoin de division pour mieux régner ou par mépris des procédures légales. Nombreux conflits tribaux, y compris à l’Est de la RDC, sont une conséquence de l’absence de processus transparent, légal et crédible du mode désignation des gouvernants locaux, tant dans les entités territoriales décentralisées que déconcentrées.
- La précipitation observée dans la classe politique et la société civile à réclamer l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel et la désignation des animateurs de la Commission Electorale Nationale Indépendante, sans se préoccuper des élections communales et locales et du besoin de modifier préalablement les règles, est incompréhensible. Le souci de la constitutionnalité des élections devra être totale et ne pas se limiter, de manière intéressée, à celle qui permet juste de résoudre le problème conjoncturel posé par une partie de la classe politique.
- Le défaut d’élections communales et locales a un impact sérieux et néfaste sur le développement du pays, qui ne suscite aucun débat, y compris, curieusement, dans la société civile, plus préoccupée par les questions politiques.
- La constitution d’un électorat chrétien, formé à choisir par sa foi et en fonction des valeurs évangéliques, devrait être une préoccupation majeure des confessions religieuses. Confession chrétiennes et de son laïcat, afin que les élections prochaines permettent de donner à la République Démocratique du Congo des dirigeants plus sensibles et plus exigeants sur les questions de paix, de justice, de respect du bien commun, d’égalité des droits, de méritocratie, de travail bien fait, d’unité nationale, de respect des droits fondamentaux et de lutte contre la pauvreté. Le tribalisme, la cor