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31 ans et une semaine jour pour jour après le discours de Mobutu du 24 avril 1990: Les Grands–Lacs et la guerre pour la Francophonie

‘L'Etat de siège se dit en temps de paix, des mesures de sûreté, prises en vue du maintien de l’ordre. Il suspend momentanément l’effet des lois ordinaires et remet tous les pouvoirs entre les mains de l’autorité militaire’. C’est ainsi que se défini l’Etat de siège. L’objectif est de résoudre l’équation sécuritaire de l’Est qui n’a que trop durée. Toutefois, pour résoudre efficacement ce problème, le mieux serait d'identifier les origines et  causes. Ainsi, il sera possible de faire converger les objectifs pour fixer les regards dans une même direction. A bien analyser les origines des conflits 'fichés' tribaux’, on se rend compte qu'il s'agit plutôt d'une guerre des espaces linguistiques « français et anglais à la fin de la guerre froide fin décennie 80 et début décennie 90 », à laquelle ce sont greffé d’autres enjeux. Tout part du discours de Mobutu le 24 avril 1990, donc il y a un peu plus de 30 ans! 

 Il y a environ une dizaine des jours, nombre de congolais d’un certain âge se sont souvenus du célèbre discours du Maréchal Mobutu qui l'avait vu laisser couler une larme puis dire 'comprenez mon émotion'! C'était un certain 24 avril 1990. C'est donc à partir de ce jour, il y a plus 30 ans, que nombre d'observateurs  remontent la genèse du drame congolais et, l'épopée 'AFDL' de 1994 considéré juste comme étant le début de la phase vive du drame. À la chute du mur de Berlin en 1989, après l'éclatement de l'Union des Républiques socialistes et soviétiques (URSS) sous la vague de ‘glasnost’ et de ‘perestroïka’ le monde entrait dans l'ère post guerre froide. Jusque-là, le maréchal Mobutu, Président du Zaïre (actuellement Congo), constituait le fusible pour la stabilité de la région des Grands lacs ou les ‘pasteurs nomades tutsi’ à majorité proches des anglo-saxons, étaient très présents dans la région orientale du continent et les paysans cultivateurs sédentaires  des forêts. Par son discours le 24 avril 1990, le 'Grand Léopard du Zaïre', le  maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga a fait sauter le fusible. C'est à ce jour que débuta le drame congolais. La genèse de ce qui est devenu actuellement une boucherie humaine...Comment expliquer la contradiction entre les espoirs de démocratisation et la matérialisation de la volonté du peuple telle que exprimée lors de la consultation populaire initiée par le Chef de l'État, le Président  Mobutu? Lorsqu'il engage le pays dans la voie du multipartisme, le guide de la révolution zaïroise authentique en dessine aussi le contour : multipartisme à 3. Mais suite à la pression de la rue, on bascula au multipartisme intégral sans soupçonner un seul instant que l'on basculait dans le chaos qui aboutira à une charcuterie humaine sans nom.

La France et la ‘menace anglo-saxonne’ des ougando-tutsi

 

Deux mois avant le sommet de La Baule en France à la suite duquel nombre de pays ont engagé un processus de démocratisation en Afrique noire, 24 avril 1990 Mobutu avait tenu son discours qui a balisé la voie pour la démocratie pluraliste au Zaïre. " Ce n'est donc pas La Baule qui m'a inspiré et je ne dis pas que c'est moi qui ai inspiré le Président  François Mitterrand (Chef de l'État français de l'époque) ", avait confié à Jeune Afrique économie de juin 1994, le Maréchal Mobutu. Ce dernier, le Chef de l'État du deuxième pays francophone de l'époque qui constituait le verrou en Afrique centrale  contre ce qui fut qualifié  en octobre 1990 de menace anglophone " ougando-tutsi ", selon les termes du rapport intitulé " Le France, le Rwanda et le génocide tutsi...". Ce rapport de l'enquête initié par le Président français Emmanuel Macron et qui  lui a été remis le vendredi 26 mars 2021. En 1990 donc, à son insu, le Zaïre 's'engageait' dans la guerre entre deux espaces linguistiques: anglophone et francophone. En substance, le rapport dit que la politique de la France au Rwanda « s'inscrivait dans le contexte de guerre. Le Rwanda majoritairement hutu était agressé par l’Armée patriotique Rwandaise (APR) de Paul Kagame. L'APR était considérée comme un instrument de l'Ouganda de Yoweri Museveni, dont l'action s'inscrivait dans un contexte géopolitique plus vaste: le tutsi power’ des pasteurs des grands lacs. La zone d’influence de ce Tutsi power devait en définitive s’étendre  jusqu'à la corne de l'Afrique », selon ce rapport. Il doit englober l’Ouganda, le Kenya, l’Éthiopie, la Somalie, le Rwanda, le Burundi, l’Éthiopie et la RDC. Selon cette logique, l'APR était donc une force étrangère 'anglophone tutsi' qui agressait État 'francophone hutu'. C'est cette lecture 'ethniciste' conduit au concept selon lequel soutenir les 'hutu majoritaire' revient à soutenir la 'démocratie'.  « Ce qui justifie la livraison en quantité considérable avec plus de célérité d'armes et munitions au régime d'Habyarimana », justifie le rapport français. C'est dans cette même logique que l'on comprend, comme dira le Premier Commissaire d'État Léon Kengo Wa Dondo (Premier Ministre du Zaïre à l'époque) : « La communauté internationale nous a imposée des réfugiés avec armes et dépendants en violation des prescris du Haut-commissariat aux réfugiés, HCR ». En définitive, combattre l'APR revenait donc à combattre le " monde anglo-saxons et leurs alliés incarné par l'APR du tutsi power", comme le décrit le rapport. À l'issu de la guerre froide,  l'on s'inscrivait dans la recherche de nouveaux équilibres géostratégiques dont Mobutu n'était plus la pièce maîtresse en Afrique centrale. Le curseur se déplaçant donc à l'est...sous le contrôle des anglo-saxons.

Trois décennies plus tard, Fatshi à la tête de l'UA pour remettre la pendule à l'heure

 

31 ans et une semaine après le discours du 24 avril 1990, Fatshi est à la tête  de l'UA, la relation France-Rwanda se normalise et une Rwandaise, Rose Mushikiwabo est à la tête de la Francophonie. La crise sanitaire mondiale du coronavirus a changé la donne géopolitique et les cartes de redistribuent. Avec un bon managering diplomatique, la RDC à toutes les opportunités. Le B-A, ba de la diplomatie est la gestion de la confiance dans des négociations. Confiance en soi et à l'interlocuteur. Pour s'y faire en tant que Nation, il est important de consolider la cohésion nationale et  se présenter à la face du monde comme une nation unie malgré les divergences politiques. Pour l'intérêt général de la Nation, il faut taire les divergences internes et constituer l'Union sacrée de la Nation dans le patriotisme et le civisme.



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