Des échos en provenance du Palais du peuple, siège du parlement congolais, renseignent que certains députés nationaux seraient mécontents. Et ce, après la publication du premier gouvernement du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. Ces députés se recrutent parmi ceux-là qui avaient initié la pétition pour le départ du bureau Jeanine Mabunda Lioko. Au nombre de 138 élus réunis en collectif des révolutionnaires, ils disent à qui veulent les entendre qu’ils n’ont pas été récompensés à la hauteur de la lutte menée dans le basculement de la majorité parlementaire. Selon notre source, ils dénoncent également la non représentation de toutes les provinces dans le gouvernement rendu public le lundi dernier.
Il fallait s’y attendre ! La publication d’un gouvernement attendu par tout le monde ne pouvait pas faire le bonheur de toute la classe politique. Il y en a ceux qui se sont retrouvés et d’autres devront encore attendre. Aussi, dans tout ce qu’on fait, il y aura toujours les mécontents, surtout ceux-là qui pensaient que c’est leur tour de bouffer. En réalité en Rdc, on a été très mal préparé. Dans ce pays-continent, on a fait croire aux jeunes que pour être riches, avoir des parcelles, des voyages, de l’influence, … il faut être membre du Gouvernement. Pendant qu’il fallait prêcher aux jeunes l’entrepreneuriat, on les a au contraire parlés de « chance eloko pamba ». On les a fait miroiter les quelques avantages que donnent la carrière politique.
Dans la tête de ces jeunes, être au Gouvernement est le couronnement de tous les efforts entrepris. Ainsi, ne pas être nommé pendant qu’on a fourni tant d’efforts, engendre la déception et une frustration injustifiée. Sinon, on ne comprend pas pourquoi un député doit-il toujours envier un ministre ? Et pourtant, des avantages pour un ministre dépendent des portefeuilles dont on a la charge. Et de nos jours, avec la discipline imprimée par le président de la République, être ministre devient de plus en plus une pullule amère et son titulaire demeure très exposé pour occuper une chambre luxueuse de la prison de Makala. Une autre question se pose : ils sont à 138, certains parlent de 200. Et s’il fallait prendre tout le monde, la salle des congrès se viderait de ses locataires! L’Hôtel du Gouvernement sera débordé ; le budget de l’Etat, n’en parlons pas, alors que toute la classe politique criait sur la réduction de la taille du Gouvernement.
Généralement ceux-là qui veulent à tout prix être ministre, ils sont motivés par l’enrichissement facile et maintenant, et non par le véritable souci de servir le peuple congolais. Les cortèges, la sécurité, les voyages, la visibilité et certains avantages attirent plus, que la volonté de poser des actes pour le peuple qui attend et dont les défis sont incommensurables. Peut-être que cette tendance aux postes ministérielles devrait changer, si et seulement si on apprenait, surtout aux jeunes, la culture d’entreprise. Dans ce contexte, que gagnerait un millionnaire à venir passer son temps au Gouvernement ? Que perdrait un fournisseur du gouvernement en maintenant son poste, qu’à occuper un ministère qui vous expose à longueur de journée à la colère des fonctionnaires, des enseignants et des professeurs d’universités ?
Les mécontents appelés à la patience
Les mécontents qui sont à 138 ou 200 n’ont pas raison de se plaindre. Quel est ce gouvernement-là qui allait avoir une équipe de 200 personnes, dans ce contexte de la Covid-19 et où les caisses de l’Etat sont pratiquement vides ? Pourquoi une telle mauvaise foi ? Et pourtant, pour être membres du Gouvernement Sama Lukonde, il était important de remplir certains critères : compétence, intégrité, casier judiciaire vierge, équilibre géographique ou géopolitique, genre, jeune, etc. Aussi, il fallait être membres d’un parti ou regroupement politique ayant plus de 8 députés à l’Assemblée nationale.
En plus, la communication là-dessus n’a pas manqué. Il a été dit à tout le monde, surtout aux mécontents de patienter, parce que le partage des responsabilités allait continuer dans les entreprises du portefeuille de l’Etat. Et puis, qui ne dit pas que le Gouvernement peut-être remanié ? Les mécontents n’ont pas raison, eux qui ont dit à haute et intelligible voix qu’ils ont adhéré à l’union sacrée de la nation, pour soutenir la vision du président de la République, « le peuple d’abord ». Et là, ils montrent à la face du monde qu’ils n’ont jamais adhéré à la vision du chef de l’Etat et qu’ils ont agi à l’époque pour se débarrasser du bureau Mabunda qui ne garantissait plus leurs intérêts.
Peut-être que le moment est venu pour rappeler tout le monde à la raison. Que dirions-nous des Lutundula, Bazaiba, Okende, Mwando, Kainda, Lihau, etc., n’ont-ils pas œuvré pour la défenestration du bureau Mabunda ? Ils sont moins opposants que les autres ? Avec ces genres de revendications, vous décevez le peuple, vous décevez ceux-là qui vous ont élus et Dieu n’est pas avec vous. Votre souci devait être celui de permettre à Sama lukonde et à son équipe, de venir rapidement au Parlement, afin d’être investi pour leur permettre de rencontrer des défis énormes, auxquels le pays doit faire face. Une autre chose capitale est à rappeler : Félix Tshisekedi garde encore sa menace de dissoudre l’Assemblée nationale ; et les combattants qui ont assiégé hier les alentours du Palais du Peuple l’ont rappelé à l’opinion.
Ils ont écrit à Fatshi
Reçus par le président de la chambre basse du parlement hier jeudi, les députés « révolutionnaires » de l’Union sacrée de la nation ont déposé un mémo qui reprend leurs revendications contre le Gouvernement des « warriors ».
« Nous avons terminé le document et nous l’avons transmis au Chef de l’État via notre bureau », a dit à la presse, le Député Justin Dédé Kodoro qui refuse de dévoiler le contenu du mémorandum dont la primeur est réservée au Président de la République.
« Vous savez, c’est un problème interne à l’Union sacrée. Nous ne pouvons pas révéler le contenu de notre document maintenant en public. La primeur est réservée au Chef de l’Etat. Nous croyons bien qu’il va répondre. Nous restons optimistes que le Chef répondra à ce qui est contenu dans ce document », a-t-il ajouté.
Et d’après une indiscrétion, ces élus du peuple demandent à Félix Tshisekedi de surseoir l’investiture du Gouvernement de la République, en vue de régler les quelques erreurs constatées notamment en ce qui concerne la non représentativité de certaines provinces. Pour ces élus, si rien n’est fait, ils sont prêts à bloquer l’investiture du Gouvernement Sama, vu leur taille.