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Kinshasa : « J’ai décidé de porter plainte contre mon mari », Hélène, survivante des violences conjugales

A Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, plusieurs femmes sont victimes de violences conjugales. Une forme de violences sexuelles qui, malheureusement,  reste généralement impunie suite aux coutumes locales qui obligent le silence des survivantes. Si plusieurs femmes gardent le silence, d’autres commencent à dénoncer pour obtenir justice. Ce qu’encouragent des organisations de défense des droits de la femme œuvrant dans le milieu.

Helene, 70 ans, mère de sept enfants et grand-mère a été victime des violences conjugales. Son histoire remonte d’il y a dix années. En effet, Mme Helene est épouse de M. Didier depuis plus de 30 ans. De leur union sont nés  sept enfants. Le couple a déjà des petits fils.

M. Didier, le mari d’Helene est polygame et vit avec deux femmes. Il a donné à chacune d’elles  sa propre maison dans une même parcelle. C’est à l’arrivée de sa coépouse que sa situation a commencé à dégénéré.

« Mon mari a carrément oublié de prendre soin de moi et de mes enfants et s’est plus donné à sa nouvelle femme.  Il n’a plus accompli son devoir conjugal depuis lors », raconte Hélène.  « Pendant ces temps j’ai supporté ce calvaire tout en restant dans mon mariage, pour le bien et l’éducation de mes enfants ».

Pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants, Helene s’est adonné au petit commerce. «  Il est arrivé un moment où mon mari ne voulait plus de ma présence près de lui. Et pour se séparer de moi, il m’a demandé de rentrer au Kasai central, notre province d’origine. J’avais refusé », se rappelle-t-elle. Face à cette résistance, son mari a décidé de passer à la vitesse supérieure. « Il m’a chassé de la maison. J’étais obligé de passer des nuits dehors, à la belle étoile pendant trois mois parfois sous la pluie et des intempéries. Je n’avais nulle part où aller », se rappelle-t-elle. « Quand je pense encore aujourd’hui ce que j’ai vécu, j’ai mal à la tête », soupire Helene.

Dénoncer pour recouvrer son droit

Après trois mois d’endurances, Hélène décide enfin de dénoncer. « C’est une amie qui m’avait conseillé de porter plainte contre mon mari », se rappelle-t-elle. A Kinshasa  comme dans plusieurs villes de la République démocratique du Congo, il est en effet, rare de voir une femme traduire son mari en justice pour maltraitance ou toute autre infraction commît sur elle. Les coutumes, généralement paternalistes, veulent que la femme supporte sans dénoncer sous peine d’être mal jugée par sa communauté. Mais Hélène prend tout de même le risque. « J’ai d’abord saisi le bureau de la commune de Kinshasa. Ensuite je suis allé déposer ma plainte au parquet. La justice a ordonné à mon mari de me remettre dans mes droits sous peine  d’être mis en prison et de payer des fortes amandes », témoigne-t-elle. Exécutant les ordres du parquet, son mari va finalement accepter qu’elle regagne sa maison. « Et c’est là que j’ai été rétablie dans mon droit le plus légitime, celui de bénéficier d’un toit en tant que femme marié », se réjouit-elle.   

Aujourd’hui, elle encourage d’autres femmes qui subissent des abus, comme cela a été son cas,  de réclamer leur droit et à briser le silence.

Des peines de prison pour les hommes violents

En RDC, plusieurs organisations œuvrent dans la lutte contre les violences faites à la femme. Selon l’ONG « Nous pouvons », basée à Kinshasa, au moins sept femmes sur dix souffrent des violences conjugales dans le pays.

Si la loi ne réprime pas encore explicitement les violences conjugales, les injures, les coups et blessures, l’abandon de famille, sont quant à elles sanctionnées.  L’article 926 du code de la famille punit à 2 mois de prison et d’une amende un homme qui abandonne sa famille. De son côté, l’article 47 du code pénal punit jusqu’à cinq ans de prison pour, coups et blessures, un homme qui bat sa femme. Enfin,  l’article 73 du même code punit à une année de prison des hommes auteurs d’injures publiques vis-à-vis de leurs épouses.

Mais pour qu’il y ait des poursuites, il faut au préalable une plainte de la survivante. Maitre Angel Mbiya, défenseure judiciaire, pense que la communauté devait décourager le silence des survivantes des violences conjugales. « Les violences conjugales sont l'un des fléaux de notre sociétés. Cette dernière doit rester du côté de la victime afin de la rétablir dans ses droits », martèle-t-elle.



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