Enfin, Maweja Muteba est tombé, serait-on tenté de dire. Depuis plus de deux ans à la tête de la plus petite province de la Rdc (le Kasaï-Oriental actuel), Jean Maweja Muteba alias Mao Djouness pour les intimes a été l’un des piètres gouverneurs du mandat de Fatshi. Presqu’imposé pour des raisons obscures par son Udps, ce diamantaire transformé en politique par opportunisme n’avait pas réussi à résoudre multiples problèmes auxquels fait face cet espace jadis milieu de bonheur où coulait à flots dollars et diamant. Il était temps que les députés provinciaux prennent leur responsabilité en le mettant dehors au profit d’un gouverneur suffisamment outillé pour ce genre de situation. Le nouveau patron du Kasaï-Oriental aura du pain sur la planche. Et voici de façon simplifiée les défis qui l’attendent dès son élection à la tête de cette province :
- Restaurer l’autorité de l’Etat par une vision claire du développement
Le prochain gouverneur est très attendu. Parfois même au-delà de ce qu’il peut réellement faire. Voilà pourquoi il doit avoir une vision claire de son mandat. C’est en fonction de cette vision qu’il choisira ses collaborateurs ainsi que ses axes de communication. C’est sa vision qui permettra de savoir quelle place il accorde à l’agriculture, mines, promotion féminine, sport ainsi que les moyens d’y parvenir. Le peuple a tendance à se comporter en rebelle lorsque le dirigeant ne sait pas imposer l’autorité de l’Etat par une vision. L’exploitation artisanale du diamant qui est censée donner des moyens au gouvernement provincial exige une certaine discipline et de l’autorité, ce qui a manqué à Maweja et son équipe.
- Chercher des moyens de la relance économique
Chaque province, selon la constitution a l’autorisation de chercher des moyens même en dehors du pays. Le nouveau gouverneur ne doit pas être un homme oisif. Vivant dans une province complètement sinistrée, où la Miba tente difficilement de se mettre debout, il doit remuer ciel et terre pour trouver des partenariats gagnant-gagnant avec d’autres villes voire même avec d’autres pays à travers le monde. Certains pays qui n’ont pas eu les minerais ont développé d’autres voies par lesquelles le peuple trouve son bonheur. Le Kasaï-Oriental n’a pas que le diamant. D’autres potentialités peuvent être mises en valeur en vue de la relance de son économie. Il suffit de tourner la tête pour y arriver. Notonsque c’est à travers des idées et approches qu’on arrive à développer un pays.
- Consolider l’unité
Comme d’autres provinces, le Kasaï-Oriental est confronté à des conflits inter ethniques. Plus d’une fois, il y a eu des accrochages entre les villages voisins, accentuant la misère sociale parmi la population au départ paupérisée. Le nouvel exécutif va faire face à ce défi de réconciliation provinciale sans oublier d’autres conflits avec des provinces voisines (cas du territoire de Kabeya Kamuanga dont certains villages en conflit permanent avec ceux du territoire de Dimbelenge dans le Kasaï Central).L’unité reste le ciment qui permet de mobiliser les énergies pour construire ensemble.
- Séduire Kinshasa
Pour amorcer son développement, le Kasaï-Oriental a besoin de l’eau et de l’électricité. Ces deux denrées rares ne peuvent lui être fournies que par le gouvernement central. Si Kinshasa à travers des gros investissements ne s’impliquent pas, Mbuji-Mayi et les autres centres péri-urbains continueront à crier mais n’obtiendront guère des solutions localement. La réhabilitation de la centrale hydro électrique de Tshiala exige des nouveaux investissements de la part de Kinshasa. Une fois que l’électricité est garantie, l’eau va couler dans les robinets.Le défi consiste à impliquer Kinshasa dans la réhabilitation des routes de desserte agricole pour inonder Mbuji-Mayi par les centres producteurs. Il en est de même pour l’exploitation minière qui a besoin d’une politique appropriée. Un gouverneur dynamique peut même arracher quelques sommes à titre de rétrocession pour la relance de l’économie locale.
- Assainir la gestion
L’un des plus grands défis du nouvel exécutif est la gestion financière et matérielle. Dans une province dont le budget est maigre, chaque sou doit être bien utilisé et dans la transparence. Les députés provinciaux veulent que tout soit orienté vers le bien-être de la population.
Maintenant que la Miba tente de se relancer, des nouveaux moyens financiers pourront aider la province. Il est alors question de bien les gérer. L’argent constitue les nerfs de la guerre.Conformément à la constitution, le gouvernement provincial doit trouver les moyens de payer les députés provinciaux qui peuvent à tout moment renverser l’exécutif. Le détournement et les projets fantômes sont à la base d’une frustration permanente dans le chef de la population qui attend toujours plus de la part de ses élus.