Accusé d’avoir tenu un discours séparatiste au cours d’une prédication à l’occasion des 20 ans de la disparition de M’zée Laurent-Désiré Kabila, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda a été arrêté dans la soirée de lundi 18 janvier 2021 à Lubumbashi, par des éléments de la Police, ayant obtenu mandat du Redoc de la ville. La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux, et Ngoy Mulunda qui dénonçait la dictature qui s’installe au pays sous le régime de Félix Tshisekedi, est allé très loin lorsqu’il commençait à parler de son « Katanga » natal. Des propos qui vont lui couter chers, car après son interpellation, il va être vite conduit à la Prison de Kasapa à Lubumbashi, avant un probable transfert à Kinshasa.
L’ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), l’homme de Dieu Daniel Ngoy Mulunda a été arrêté lundi 18 janvier dans la soirée, par les agents de la Police et de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) saisis par le Redhoc de Lubumbashi. Des coups de feu ont retenti dans la même nuit à l’aéroport de Loano, dans le but de disperser des militants pros et anti Mulunda qui s’affrontaient après cette arrestation. A en croire une source sur place, les pros Noy Mulunda avaient barricadé l’avenue Kasaï, coin Kabora pour empêcher tout passage des véhicules. Et comme bilan, quelques véhicules endommagés par des manifestants qui s’affrontaient. Qu’à cela ne tienne, Ngoy Mulunda est déféré devant la Justice pour être jugé en procédure de flagrance. L’audience s’est tenue hier mardi à la Prison de Kasapa. Nous y reviendrons.
Que reproche-t-on à Ngoy Mulunda ?
L’ancien président de la Centrale électorale de la RDC et cadre du Front Commun pour le Congo (FCC) est accusé d’avoir tenu un discours « séparatiste », loin de rassembler les Congolais.
« Si vous voulez que le Katanga reste au Congo, il faut respecter Joseph Kabila… Ils doivent respecter nos dirigeants, et plus particulièrement notre leader du Katanga, le Président honoraire et sénateur à vie Joseph Kabila Kabange. Vous devez également respecter notre mère, la très respectée Olive Lembe Kabila, c'est notre maman. Si vous continuez à l'humilier, le Katanga ne le tolérera pas. Nous exigeons également le respect de nos dirigeants politiques que nous avons démocratiquement élus. Arrêtez de les corrompre, arrêtez de les humilier, arrêtez le plan de déstabilisation de nos gouverneurs et les Assemblées provinciales dans le but de vous donner notre lait et notre miel… Je donne le message à tous les autres et aux dirigeants de ce pays, si vous voulez que le Katanga continue à être dans la RDC pour toujours et que nous puissions tous partager ce que vous manquez chez vous, le lait et le miel (...) », a-t-il déclaré devant les fidèles de son église à Lubumbashi, dont la vidéo continue de défrayer la chronique.
Daniel Ngoy Mulunda, pasteur de son état, fait partie des « très fidèles » de Joseph Kabila Kabange, et dont ses propos font souvent mal à Félix Tshisekedi. Comme il faut bien le préciser, il n’a pas été arrêté parce qu’il a critiqué « Fatshi béton », mais pour avoir dérangé l’unité des congolais.
L’ordonnance-loi n°66-342 du 7 juin 1966 relative à la répression du racisme et du tribalisme, dans son articler premier stipule que : « quiconque, soit par paroles, gestes, écrits, images ou emblèmes, soit par tout autre moyen, aura manifesté de l’aversion ou de la haine raciale, ethnique, tribale ou régionale, ou aura commis un acte de nature à provoquer cette aversion ou cette haine, sera puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de cinq cents à cent mille francs, ou d’une de ces peines seulement… »
Ainsi par ses propos, Ngoy Mulunda est pris au piège, et il appartient maintenant à la Justice de statuer sur les faits.
André Lité et Georges Kapiamba condamnent les violences lors de l’arrestation du Pasteur
Le ministre des Droits Humains, André Lite, a condamné le recours aux voies de faits lors de l’interpellation de Daniel Ngoyi Mulunda.
« Rien ne justifie le recours aux voies de faits par certains agents de l'ANR/Haut-Katanga à l'occasion de l'interpellation de Pasteur Ngoy Mulunda. Peu importe ce qu'on lui reproche. De telles pratiques sont aux antipodes de l'Etat de droit », a-t-il dit, tout en refusant de se prononcer sur les faits reprochés à l’ancien patron de la CENI, laissant à la Justice de faire son travail.
De son côté, l’Ong ACAJ de Georges Kapiamba condamne aussi ces actes de violence.
« L’ACAJ est vivement préoccupée par la violence ayant caractérisé l’interpellation, à Lubumbashi, le 18 janvier 2021, du Pasteur Ngoy Mulunda. Sans préjuger sur le fond de ce qui lui serait reproché, l’ACAJ rappelle que toute personne est présumée innocente jusqu’à l’établissement de sa culpabilité », peut-on lire sur le compte twitter de Kapiamba. Affaire à suivre