M. Herman De Croo, ministre d’Etat belge et ancien Président de la Chambre des Représentants, a séjourné dernièrement en République démocratique du Congo, où il a échangé avec les officiels congolais. De retour dans son pays, la Belgique, il a affirmé, dans une interview accordée à une chaine de télévision et relayée par la Rtbf, que lorsqu’on va là-bas (Rdc), on se rend compte que les 2/3 du Parlement sont des Kabilistes ou associés. C’est pareil au Sénat. « On peut se poser, en âme et conscience, quelques questions sur la manière d’élire les députés et les sénateurs », s’étonne-t-il, avant de constater que la marge de manœuvre de Felix Tshisekedi devra donc être intelligente. Autrement dit, il y a des privilèges de pouvoir à la présidence de la RD Congo, mais l’important c’est d’utiliser ces privilèges de manière à survivre politiquement et à faire ancrer des changements importants. Au Congo, un accord est intervenu sur la constitution du nouveau gouvernement. Herman De Croo, de retour d’un voyage en République Démocratique du Congo, connaît bien ce pays. Il a notamment rencontré le président Felix Tshisekedi, en visite à Bruxelles bientôt. « Il sera ici vers la mi-septembre. C’est un homme qui connaît bien Bruxelles. Sa visite se prépare bien. Et ce changement de cap au Congo, d’une présidence hostile à l’Europe, on passe à une présidence, qui connaît bien l’Europe et à beaucoup d’estime pour notre pays », dit-il, lors d’une émission relayée par la Rtbf. Les problèmes survenus entre la Belgique et le Congo sous l’ancien gouvernement semblent également être du passé. Signe de ce dégel politique : la nomination d’un ambassadeur belge là-bas. "Le nombre de vols de 'Brussels airlines' à destination du Congo est revenu à la normale. Le nouvel ambassadeur belge sera en poste avant la fin du mois d’août. Cela se normalise, fort heureusement", affirme l’ancien Président de la Chambre des Représentants de la Belgique. Le Congo a donc un nouveau gouvernement, après des mois de discussions. C’est une coalition entre le clan de Joseph Kabila et celui de Félix Tshisekedi. Cependant, il semble que ce soit le clan de Joseph Kabila qui détient l’essentiel des rouages du pouvoir, comme l’a également constaté Herman De Croo. "Oui. Lorsqu’on va là-bas, on se rend compte que les 2/3 du Parlement sont des Kabilistes ou associés. C’est pareil au Sénat. On peut se poser, en âme et conscience, quelques questions sur la manière d’élire les députés et les sénateurs. La marge de manœuvre de Felix Tshisekedi devra donc être intelligente. Autrement dit, il y a des privilèges de pouvoir à la présidence du Congo, mais c’est utiliser ces privilèges de manière à survivre politiquement et à faire ancrer des changements importants. On peut manifester presque librement dans les rues, on a libéré des prisonniers politiques. Il y a une brise nouvelle qui souffle, mais malheureusement, c’est un pays aux problèmes majeurs. Maintenant, il y a 90 millions de personnes au Congo. C’est une bombe démographique sans communication dans un pays riche. Je disais au Congolais : vous savez, quand vous avez un coffre-fort rempli, qu’il est fermé et que vous n’en avez pas la clé, votre coffre-fort ne sert pas à grand-chose. C’est le cas du Congo", explique-t-il. De là, peut-on dire que Felix Tshisekedi sera la marionnette du clan "Kabila", comme l’a affirmé Martin Fayulu ? Pour Herman De Croo, c’est un peu excessif. "Félix est un homme pugnace, et agréable à fréquenter. Bien sûr, les résultats sont étonnants, car les résultats pour le Parlement ne sont même pas officiellement connus. Les élections pour le Sénat ont connu des choses étonnantes. Par conséquent, c’est difficile, mais quand le bateau coule, la bouée de sauvetage doit être importante." De Wever entre deux chaises vis-à-vis du Vlaams Belang et des autres partis En Belgique, un signe de Bart De Wever était attendu pour savoir avec quel parti il allait entrer en négociation, en Flandre. Mais, ce signe n’est pas venu. Que pense Herman De Croo, député libéral flamand. "Bart De Wever est Président de la N-VA depuis 17 ans. Le parti existe depuis 20 ans, et il a perdu 1/3 de ses voix aux dernières élections. Il y a donc une préoccupation de sa part de ne pas trop perdre au Vlaams Belang et rester acceptable pour les autres partis. Sa partie n’est donc pas facile." Et qu’en est-il de l’attitude des nationalistes qui discutent toujours avec le Vlaams Belang ? "Peut-être monsieur De Wever s’est dit que s’il avait des préaccords avec le Vlaams Belang, je peux les faire taire, lorsqu’ils seront dans l’opposition, en leur disant : 'Vous avez déjà plus ou moins votre accord'. En plus de cela, 1/3 de ses voix sont allés au Vlaams Belang. Si la N-VA gouverne avec le Vlaams Belang, ils n’ont pas la majorité. C’est un pari. Ou alors il reste trop longtemps à discuter avec eux, et il les civilise un peu, dans le bon sens du mot. Ou bien, c’est une technique pour leur dire qu’il avait dès le début l’intention de vous laisser tomber, et je vous ai amusé quelque peu. Ce qui n’est pas très malin, politiquement parlant. Le Vlaams Belang met également sous pression Bart De Wever et lui demande de respecter les électeurs de son parti. "Il faut savoir ce qu’on veut", déclare Herman De Croo. "Les socialistes ont été dans l’opposition au Parlement wallon de 85 à 88 et ils avaient près de 44%. Si 44% sont dans l’opposition, pourquoi 18% iraient dans la majorité ? On n’a pas droit à être au gouvernement si on a 18 ou 20%. Il y a d’autres qualités, d’autres entendements, qu’il faut pouvoir mettre sous la table." La coalition flamande se fera, semble-t-il, avec l’Open Vld. La préférence de l’ancien Président de la Chambre va en faveur d’un gouvernement fédéral rapide. "Nous avons un budget à déposer, un plan climat à faire. Il faut aller vite dans un gouvernement, et ce gouvernement doit se faire entre les deux plus grands partis, le PS et la N-VA. Mon sentiment est qu’on peut les associer, car il faut gouverner ce pays. Il faut gouverner entre francophones, flamands, et les Bruxellois. A mes yeux, il n’y a pas d’hésitation à cela." Mathématiquement, une coalition fédérale est possible sans le Vlaams Belang et la N-VA. Un scénario qui ne semble pas avoir les faveurs de l’invité de Matin Première. "Les uns plaident pour une similitude politique entre les gouvernements régionaux, communautaires et le fédéral. Certains appliquent ça en Wallonie, ou en Flandre. D’autres ne l’appliquent pas. Je pense à Bruxelles. Mais, il vaut mieux dans un pays compliqué, avoir les correspondances maximales entre les gouvernements régionaux et le Fédéral. Ce n’est pas obligatoire, mais ça donne, davantage, un goût pour gouverner. On gouverne pour les gens, pas pour les partis politiques." Enfin, si l’Open Vld part avec la N-VA en Flandre, quel serait le partenaire idéal ? "Il faut d’abord que le partenaire veuille. Est-ce que la sp.a, qui a reçu une grosse baffe électorale, veut monter au gouvernement en Flandre, avec une voix de majorité ? C’est risqué. Est-ce qu’ils veulent se consolider dans l’opposition ? C’est leur choix. Il faut quand même un gouvernement avec quelques députés de majorité. Lorsque les gouvernements sont trop majoritaires, c’est encore mauvais. Mais lorsqu’ils sont 'scherps', cela revigore la majorité."
03/10/2024 à 17h00
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