« Malheur aux adeptes de la République des Juges parce qu'ils ne seraient pas à l'abri de leur violente témérité. Nous ne serions plus dans une République Démocratique, mais dans l'antichambre de l'arbitraire », écrit Ambassadeur André-Alain Atundu Liongo, qui pense que pour combattre efficacement la corruption et d'autres travers de la société, le pays n'a besoin ni d'une dictature ni d'une République des juges. Plutôt que d'une République des juges, le pays a besoin de disposer des magistrats intègres pour consolider l'état de droit, l'autorité de la loi et le leadership du Magistrat Suprême.
Dans notre communauté nationale, comme dans toutes les communautés humaines à travers les âges, écrit André-Alain Atundu, un corps d'élite est chargé de régler les conflits et toutes les situations contra légem. Dans notre monde moderne, on les appelle magistrats.
Pour lui, c'est grâce à la qualité morale et à l'équité de leur sentence que la société peut connaître une homéostasie et une paix sociale. Si dans l'ancien temps le Magistrat était un personnage presque mythique voire impersonnel parce que réputé droit, juste et incorruptible, aujourd'hui le Magistrat dans notre société n'est qu'une pâle image et un lumidon par rapport à ses prestigieux prédécesseurs tant le magistrat est soumis à une pression sociale inconsidérée au point d'y succomber avec comme justification légitime la faiblesse de l'homme devant la misère et ses charges sociales.
Dans ces conditions, poursuit-t-il, décréter l'avènement de l'Etat de droit et une campagne féroce contre la corruption risque de n'avoir qu'un effet de feu de paille. Et pourtant ce sont les magistrats qui constituent les vecteurs de la dignité des Peuples et de l'élévation des Nations.
« En tout état de cause, il serait judicieux d'éviter de placer la charrue devant le bœuf, c'est-à-dire arrêter et juger avant d'améliorer les conditions de travail et de vie du Magistrat. Autrement, il serait humainement et pratiquement impossible d'assainir le milieu judiciaire. Car, ils sauront toujours trouver des subterfuges pour transformer la corruption en un système souterrain, imperceptible mais toujours présent dans la société », martèle-t-il.
Améliorer les conditions de vie du magistrat
Dans ce contexte, notre justice ne serait alors qu'un tombeau blanchi qui, de temps en temps, laisse échapper l'odeur nauséabonde, des Magistrats pourris et putrides. Pour mener une campagne efficace contre la corruption dans notre société, il faudrait consacrer les sacrifices nécessaires en faveur du Magistrat, véritable fer de lance.
Etant donné qu'un Magistrat démuni est exposé sans bouclier au vent de l'omnipotente corruption, il faudrait globalement améliorer ses conditions d'existence. Ceci suppose non seulement un bureau équipé en mobilier, en personnel, en documentation et en véhicule mais aussi un salaire à la hauteur des risques et des sanctions socialement encourus comme les agressions physiques ou les pressions sociales de toutes sortes.
La mort d'un Magistrat en charge de lutte contre la corruption n'intervient pas seulement en Italie, patrie de la mafia, mais aussi chez nous comme le montre la mort du Juge chargé du procès de 100 jours. La société congolaise court le risque réel de tomber dans les travers des vices des Magistrats.
Deux caractéristiques du règne de la République des juges
C'est dans ces conditions que survient le règne de la République des Juges qui a deux caractéristiques essentielles: soit les juges agissent de façon intempestive à travers des initiatives désordonnées soit ils tombent sous le charme malfaisant de l'instrumentalisation politique avec comme résultat pour les 2 cas un terrorisme rampant sur l'ensemble de l'Etat grâce à leur holdup sur le leadership national au détriment du Chef de l'Etat, Magistrat Suprême.
Malheur aux adeptes de la République des Juges parce qu'ils ne seraient pas à l'abri de leur violente témérité. Nous ne serions plus dans une République Démocratique mais dans l'antichambre de l'arbitraire. Déjà maintenant, tout justiciable tremble à la réception d'une simple invitation à comparaitre. Non pas tant qu'il se reproche quelque faute, mais à cause du libellé obscur et inquiétant «le motif sera communiqué sur place » comme si le principal concerné n'est pas sensé connaître l'objet de son invitation ou de son mandat à comparaître.
Le libellé est par ailleurs traumatisant parce que ce face-à-face se termine toujours soit par une amende transactionnelle exorbitante pour acheter provisoirement sa liberté, soit par un passage plus ou moins long à Makala comme si dans notre régime judiciaire l'arrestation était la règle et la liberté l'exception: Ne vivons-nous pas déjà sous le régime des juges?
Pour combattre efficacement la corruption et d'autres travers de la société, conseille l’Ambassadeur André-Alain Atundu Liongo, le pays n'a besoin ni d'une dictature, ni d'une République des Juges. Plutôt que d'une République des juges, le pays a besoin de disposer des magistrats intègres pour consolider l'état de droit, l'autorité de la loi et le leadership du Magistrat Suprême. Alors, abas la République des Juges et vive les Magistrats de la République !