Le meurtre des jumeaux Max Nsenga Ntumba et Perse Muamba Ntumba, brûlés vifs le 31 juillet 2020 entre Matadi et Kinzanvuete, dans le Kongo Central, n'est pas un acte de haine tribale ni dirigé contre l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), si l'on s'en tient au récit des témoins sur les lieux de l'incident macabre. Cet homicide résulterait plutôt d'un malentendu entre le motard qui transportait les jumeaux et ses passagers. Ces derniers se plaignaient de sa conduite et décidèrent de débarquer en mi-parcours, en total désaccord avec le motard qui ira chercher le renfort de ces collègues pour se faire justice... La récupération politico-tribale et les appels au 'sionisme kasaien' sur les réseaux constituent un acte condamnable au même titre que ce meurtre. Une récuperation politico-tribale périlleuse.
C'est conforme à la vérité que les deux victimes étaient à la fois kasaiens et de l'UDPS. C'est aussi vrai qu'il n'y avait ni manifestation politique de l'UDPS ni événement en rapport avec le peuple Luba. Néanmoins, il n'est pas inutile de rappeler qu'il y a environ six mois, un peu avant l'arrestation de Ne Mwana Nsemi, un sentiment de rejet des ressortissants étrangers (particulièrement les kasaiens) se profilait dans l'opinion Ne Kongo, comme dans certaines autres communautés après l'accession à la magistrature suprême de l'UDPS Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Mais en cette fin de mois de juillet, rien de tel n'était présent dans le Kongo Central.
Kasaïen, valeur sociale et une exclusivité RD Congolaise
Le kasaien, un maillot de la chaîne nationale congolaise. Il est une exclusivité culturelle de la RDC. Le Kasaï fait partie de l'espace linguistique 'Luba' avec les Balubakat du Katanga. Un peuple qui n'existe qu'au pays de Lumumba et compte près de 8,8 millions d'âmes, soit 8,5% de la population, estimée, de la RDC. Les kasaiens se localisent sur les écotones forêt-savanes (savane borée) au centre du territoire national. Selon certains scientifiques, il est possible que des épisodes de péjorations climatiques, au cours desquelles les surfaces forestières se seraient rétractées, "il y a moins de maladie qu'en forêt, milieux hostile, et l'humidité y favorise la fécondité", affirment-ils. Ce qui fait que le Kasaï à une forte densité, ce qui engendre aussi le problème de l'occupation et de l'utilisation du sol créant 'le dynamisme agressif' du kasaien. Un griot dans un chant disait: " Babotiboti na tembe, Kinshasa ekomi molunge" (Entendez, par leur forte natalité, Kinshasa est devenu encombrant). En dix ans, selon le Pr. Jean de Dieu Mangambu Mokoso de l'Université officielle de Bukavu, ' la population du Kasaï a augmenté de 24%. Elle est très forte en milieux urbains que ruraux sur toute l'étendue de la République'. En plus, la découverte et l'exploitation du diamant dans le grand Kasaï est venue ajouter dans le trait de caractère du kasaien un grain de vantardise. Caractère pas très utile pour l'intégration nationale et l'existence Pacifique des communautés.
Présidence Félix Tshisekedi
Depuis l'accession de F.Tshisekedi à la magistrature suprême, certaines personnes, en pivot sur les réseaux sociaux, attisent le clivage entre le kasaien et ses frères des autres communautés. Il y a eu des tentatives d'opposer les originaires du Bandundu (dont est originaire Martin Fayulu, le challenger de Tshisekedi aux dernières présidentielles) et les kasaiens ('frères' de Félix). On a forgé des termes péjoratifs comme 'Pangistanais' et 'Talibans', pour opposer "Bayaka" du Bandundu et les "Baluba" du Kasaï, sans succès. C'est sûrement, dans cet optique machiavélique, que les pseudos 'sionistes du Kasaï' veulent diriger les Congolais en faisant de la récupération politico-tribale d'une affaire qui ne concerne ni le Kasaï, ni l'UDPS. La réalité socio-politique de la RDC, fait qu'à l'absence d'idéologie politique claire et de projet social réaliste, la sympathie et l'adhésion à un parti se fait principalement par affinité tribale. Vous remarquerez que la plupart des adhérents d’un parti sont les ressortissants de sa tribu. Mais une fois aux affaires, les politiques se liguent plus en fonction de leur intérêts 'partisans' et dans la 'cité' on s'attache plus à son voisin sans nécessairement épier ses origines tribales. Ce qui prouve que le congolais, connu pour son hospitalité légendaire, n'est pas forcément tribaliste. Il est facile de déclencher un conflit ethnique mais l'éteindre n'est pas aisé. Ainsi donc, pour ce qui est du meurtre de Max et Perse Ntumba, il faut savoir que 'une récupération politico tribale est périlleuse'.