Depuis dimanche 02 août 2020, le franc congolais, la monnaie nationale qui avait perdu de sa valeur sur le marché de change, par rapport au ‘’roi’’dollar américain, est en train de s’apprécier de plus en plus au grand étonnement de tout le monde. Hier lundi, au parallèle, les tableaux des cambistes ont affiché 1600 Fc, voir 1300 pour 1 dollar Usen certains endroits. Pendant qu’à l’officiel, le taux de la Banque centrale du Congo est demeuré inchangé, soit 1.937,4311 contre 1 dollar Us.
Cette appréciation du franc congolais, attendue de tout le monde, est-elle réellement perçue comme une conséquence directe des mesures prises tant par le Gouvernement de la République que par la Banque centrale du Congo (BCC), ou bien une simple spéculation de cambistes et autres opérateurs économiques véreux ? Tentative de réponse.
Qu’en pense la BCC ?
Contacté par plusieurs médias à Kinshasa, Jean-Louis Kayembe, Directeur général de la BCC explique que le taux de change est flottant, c’est-à-dire, il est déterminé par le marché au regard de la loi de l’offre et de la demande. Et de préciser que son institution a pris plusieurs mesures pour changer la tendance. Le Franc congolais a été retiré sur le marché et une importante quantité de dollars a été injectée, ce qui confirme la tendance baissière actuelle.
«Le taux est déterminé par le marché, et ce n’est qu’un taux indicatif. Là, nous avons observé depuis une semaine une tendance à la baisse. Comme on l’avait annoncé avec toutes les mesures qui ont été prises, maintenant, c’est la loi de l’offre et de la demande qui produit ses effets », explique-t-il, avant d’ajouter que comme les cambistes spéculaient à la hausse, maintenant ils spéculent à la baisse. Mais jusqu’à un certain moment, cela va se stabiliser. Dans tout ça, ce sont les cambistes qui tirent leur épingle du jeu. Toutefois, avec toutes les mesures qui ont été prises et à prendre, le Franc congolais va s’apprécier.
J-LKayembede renchérir qu’il s’agissait d’abord d’un problème de la demande.« Nous avons retiré beaucoup de Franc congolais en circulation sur le marché, avant de stabiliser la demande de dollar, soit la maîtrise des moyens en circulation. Et la deuxième action, c’était de conforter l’offre des devises. On va encore intervenir d’ici-là», précise-t-il.
Est-ce une stratégie des Indo-pakistanais ?
Si la Banque centrale dit qu’elle a usé des instruments en sa possession, notamment les instruments « réserves obligatoires » et « Bon BCC » ainsi qu’à procéder à des interventions directes et indirectes sur le marché des changes en vue d’améliorer l’offre de devises sur le marché et contribuer au lissage du taux de change, nombreux sont-ceux-là qui pensent qu’il s’agit d’un trompe-l’œil. « Sachant qu’ils doivent payer les Congolais en dollar américain, ils ont tout fait pour qu’ils n’aient rien entre leurs mains », disent certains, qui accusent ces opérateurs économiques moins préoccupés par le pouvoir d’achat de la population.
Les mêmes sceptiques disent à qui veut les entendre que le Gouvernement s’emploierait à récupérer le trop plein de francs congolais sur le marché, afin de payer les fonctionnaires de l’Etat qui, eux, totalise, un mois sans être payés.
Qui dit vrai ou faux dans ce contexte ? Mais l’on doit tout simplement relever que la dépréciation du franc congolais a toujours préoccupé le Gouvernement de la République, qui a mis en place une batterie de mesures, qui semblent produire les effets. On se souviendra qu’à chaque conseil des ministres, le Président de la République n’a cessé de demander au Gouvernement dirigé par le Premier ministre Ilunga Ilunkambadefaire preuve de beaucoup d’audace dans la recherche des solutions permettant de stabiliser dans un premier temps le taux de change, de le rendre ensuite favorable pour notre économie et le bien-être de la population.
Aussi, on se souviendra qu’à l’occasion d’une réunion de conjoncture économique, le Gouvernement avait fustigé le comportement des opérateurs économiques qui, ayant bénéficié des avantages de l’Etat dans le cadre des mesures de riposte contre la Covid-19. Le comportement observé aujourd’hui sur le marché des changes risque d’être considéré comme une réponse directe, non seulement aux mesures mises en œuvre, mais aussi à cette interpellation des opérateurs économiques.
Une situation conjoncturelle
La dépréciation du franc congolais n’est pas une situation propre à la Rdc. Tous les autres pays du monde sont aussi frappés, chacun à son niveau. Si les mesures contre la Covid-19 ont une portée internationale, de même que les solutions auront aussi un caractère international. Ainsi, toutes choses restant égales par ailleurs, il est attendu que le retour des importations permettra à la Rdc de tirer profit des recettes minières. De même, à partir du 15 août 2020, il n’y aura plus de raison pour que les entreprises ne s’acquittent pas de leurs impôts et taxes. Ce qui permettra à l’Etat d’avoir une panoplie de moyens pour relancer son économie.
Au-delà de ces retombées, la Rdc devrait chercher à élargir son assiette fiscale, surtout que le pays de Tshisekedi est en-deçà de la moyenne africaine en termes de mobilisation des recettes fiscales et non fiscales. De même, la Rdc doit relancer son économie, notamment en faisant la première transformation des produits miniers, forestier et d’agriculture au pays. Ce qui permettra de donner de l’emploi et de renflouer les caisses de l’Etat.
Dans le contexte de la Rdc, il est prouvé qu’on ne peut durablement stabiliser le marché de change que lorsque le pays commencera réellement à produire. Ceci doit impérativement conduire à la diversification de l’économie congolaise. Une économie demeurée depuis des années dépendantes de l’évolution des cours des matières premières.