Week-end agitée dans la ville de Matadi, chef-lieu de la province du Kongo Central en République Démocratique du Congo.La marche que voulait organiser un groupe des députés nationaux, provinciaux et sénateurs a finalement eu lieu le vendredi 31 juillet 2020. Puisqu’interdite par le conseil provincial de sécurité, la marche n’est pas arrivée à son terme ; les manifestants étant dispersés à coup des gaz lacrymogènes par les éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC). De son côté, le gouverneur de province AtouMatubuanaNkuluki appelle ses détracteurs au dialogue, afin de régler les différends et permettre à la province de décoller et de se développer.
Un groupe d’élus nationaux et provinciaux était dans la rue le vendredi 31 juillet 2020 dans la ville de Matadi. C’est aux environs de 10 heures que le rassemblement a eu lieu sur la place « Le Copain » dans un quartier populaire du chef-lieu de la province du Kongo Central. Sur place, l’on pouvait apercevoir des députés nationaux tels que Fabrice Puela, Adrien Phoba, mais aussi certains élus provinciaux dont le vice-président de l’Assemblée provinciale du Kongo Central tant d’autres. Outre les personnalités précitées, plusieurs chefs coutumiers et des jeunes de différents partis politiques et mouvements citoyens étaient de la partie. Après le go donné par les organisateurs, cette marche pourtant non autorisée a été stoppée net par les forces de l’ordre après une dizaine des minutes. Des manifestants dispersés à coup des gaz lacrymogènes, paralysant ainsi la circulation mais aussi le déroulement des activités dans cette partie de la ville portuaire.
Après ces événements, l’on note quelques interpellations du côté des manifestants dont des chefs coutumiers et certains jeunes. En termes de blessés, l’on enregistre jusque-là un seul, dont le député national Fabrice Puela qui s’est fracturé la jambe droite. Ainsi, le groupe des députés promet de poursuivre des manifestations jusqu’à obtenir le départ du gouverneur AtouMatubuana à la tête de la province du Kongo Central. De signaler par ailleurs que bien avant la marche, la résidence du député national Papy Mantezolo a été encerclée par des élements de la Police, en vue d’empêcher à l’élu du Kongo Central de prendre part à la marche. Ce dernier est resté chez lui jusqu’à la fin de la manifestation dont il était commanditaire.
De la nomination d’un gouverneur intérimaire au Kongo Central
Dans une déclaration faite à la presse après cette marche, le groupe de député a lancé un message au Chef de l’Etat Félix-Antoine TshisekediTshilombo, en vue de la désignation d’un « gouverneur intérimaire » à la tête du Kongo Central.
« La manifestation d’aujourd’hui est un signal fort que nous lançons à Kinshasa pour dire au Chef de l’Etat qu’il a prêté serment pour servir cette nation et respecter la Constitution de la République. Aujourd’hui nous sommes en face d’un Chef de l’Etat qui garde silence face à un Arrêt de la Cour Constitutionnelle et à la lettre du Procureur général près la Cour Constitutionnelle. La Constitution et la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle donnent au Procureur près la Haute Cour, cette compétence d’exécuter un Arrêt de la Cour et nous sommes en phase d’exécution. Il a été demandé au Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité de désigner un gouverneur intérimaire pour diriger le Kongo Central. Hélas, il n’y a toujours pas un intérimaire depuis que la lettre du Procureur demandant au gouverneur Atou de déposer sa démission, est arrivée à Matadi, il n’y a rien allant dans ce sens. L’Etat de Droit veut signifier le respect de la Constitution », dit ce groupe des élus Né Kongo.
Ils lancent un ultimatum au VPM de l’Intérieur en vue de la désignation d’un gouverneur intérimaire au plus tard ce jeudi 6 août 2020, avant de poursuivre avec des actions de grande envergure.
AtouMatubuana appelle au dialogue
Au cours de notre récent séjour à Matadi, nous avons aussi rencontré le gouverneur du Kongo Central, AtouMatubuanaNkuluki. Au cours d’un entretien dans son cabinet de travail, le patron de cette province a lancé un appel au dialogue en vue de trouver des solutions eux problèmes de la province et du peuple Né Kongo.
Pour ce qui est de la marche, le gouverneur AtouMatubuana parle d’une manifestation interdite par le Conseil provincial de sécurité, et dénonce la manipulation de ce groupe des députés qui veut déstabiliser laprovince.
« Ils n’ont pas pu marcher parce que l’activité a été interdite par le Conseil provincial de sécurité. Il est regrettable que le groupe des députés soit animé d’une intention de nuire, mais aussi de perturber l’ordre public. Ils ont commis une erreur d’écrire au Maire de la ville, alors que la loi dit que lorsque vous êtes dans une ville qui est le chef-lieu de la province, on s’adresse au gouverneur de province. Ils avaient l’intention de nuire, car ils ont recruté des délinquants pour semer la terreur dans la ville. Ce n’est pas un comportement Né Kongo ; c’est de la barbarie. Ils n’ont pas pu mobiliser la population ; et les services de l’ordre ne pouvaient qu’agir en tout professionnalisme en dispersant ces manifestants afin de rétablir l’ordre public », a dit le gouverneur de province.
Ainsi, l’homme qui affirme avoir la confiance de tout le peuple Né Kongo tend sa main à tous les fils et filles de la province afin de réfléchir autrement : « J’ai la mission de promouvoir la paix au Kongo Central et de développer la province.Nous pouvons trouver des solutions à nos problèmes ; et d’ailleurs, qu’est ce qui s’est passé de grave dans notre province ? Il y a une main noire derrière tous ces députés.Ils ont reçu des billets de banque auprès des personnes qu’on connait bien pour déstabiliser leur propre province. Les Né Kongo sont épris de paix, et la voix de la raison c’est le « Kinzonzi », le dialogue. On ne peut pas bâtir notre province par des chamailleries ».
De ce fait, le gouverneur déclare avoir reçu une délégation composé de 15 députés nationaux Né Kongo qui sont d’accord avec le dialogue.
Il appelle plutôt le groupe des députés à marcher pour que le Kongo Central se retrouve dans ses droits. Des vignettes et plusieurs autres impôts ne sont pas payés à la province, mais envoyés à Kinshasa alors qu’ils devaient rester au Kongo Central.
« Il faut marcher pour de telles situations. L’heure n’appartient plus à ces genres des manifestations », dit-il, avant de déplorer le fait que ces députés voulaient même assiéger et sceller le gouvernorat de province.
Pour ce qui est de la présence des chefs coutumiers dans cette marche, le gouverneur AtouMatubuana a signifié que des chefs coutumiers ont quitté leurs entités sans autorisations de sortie de leurs administrateurs du territoire, mais ont préféré la clandestinité pour prendre part à cette marche.
De tout ce qui précède, il revient alors au Chef de l’Etat, garant du bon fonctionnement de toutes les institutions de la République, de sauver la province du Kongo Central qui tend vers une crise politique qui risquerait de freiner l’élan de son développement.