Depuis quelques semaines, une certaine classe politique (nommée G13) entreprend, dans une démarche totalement indépendante des boards de CACH et FCC, deux gros poids lourds de la coalition, consistant à discuter sérieusement les options des futures échéances électorales. Ces acteurs politiques fondent leur approche sur les derniers troubles liés à la désignation contestée de Ronsard Malonda comme président de la CENI par les confessions religieuses, mais aussi les trois propositions de loi Minaku et Sakata. A les entendre, la nation a besoin d’un minimum de consensus autour des principes généraux de l’organisation des élections. Ces 13 personnalités dont la plupart sont des députés nationaux estiment que le choix fait par les confessions religieuses doit être annulé dans la mesure où il doit attendre les reformes tant souhaitées par les uns et les autres. C’est ainsi qu’ils ont rencontré différentes autorités du pays dont le chef de l’État et le Premier ministre autour de cette question.
Quid des reformes électorales en question ?
Ce débat sur les reformes du processus électoral ne date pas d’aujourd’hui. Mais la classe politique congolaise oublie vite et revient souvent sur les vieilles idées qu’elle croit toutes neuves. Plusieurs acteurs politiques dont Joseph Kabila en son temps avaient souhaité cette réflexion, mais apeurés par les circonstances d’autrefois, beaucoup avaient pensé que l’homme de Kingakatile faisait pour sa survie politique ou qu’il voulait s’éterniser à la tête du pays. Plus d’une fois, les esprits lucides s’étaient déjà demandés s’il fallait continuer chaque cinq ans à claquer un demi-milliard de dollars pour les élections( du reste avec des résultats toujours contestés) ou fallait-il trouver le moyen de concilier les bonnes élections au coût raisonnable avec l’impératif du développement.
Qu’est-ce que le Congolais de Miabi au Kasaï-Oriental retient des dernièresélections si les routes de son territoire sont toujours coupées et même davantage ?Qu’est-ce qu’une femme de Moba gagne en allant aux élections chaque cinq ans si les poissons qu’elle pêche ne sont toujours pas bien évacués ?
Si le politicien voit les élections pour son repositionnement (voir son enrichissement), la population a une autre vision de celles-ci. Elle continue à croire que les prochaines élections lui emmèneront du bonheur. Le constat est amer à ce jour : beaucoup d’argent dépensé, beaucoup de sacrifices humains et matériels pour trop peu de changement social. N’est-il pas temps de changer de fusil d’épaule ? Les élections en RDC coutent trop cher. Toutes les économies sur tout un mandat ne sont destinées qu’à organiser ces élections, alors que chaque année, la population augmente ainsi que les défis liés à son bien-être.
Vu sous cet angle, le dialogue ne peut qu’être soutenu aussi bien par le FCC que par CACH ainsi que tout individu soucieux de voir les congolais se développer. Faut-il organiser les élections semi-directes ? Faut-il prolonger la durée d’un mandat ? Faut-ilréduire le nombre de députés ? Faut-il supprimer le Sénat ? Faut-il supprimer les Assemblées provinciales ? Autant de questions qui demandent que la classe politique s’assoit et lève des options courageuses.
Voici les mauvaises pratiques
L’histoire nous apprend malheureusement que les politiques congolais ont une grande soif du pouvoir. Ils pratiquent le ‘’ ôte-toi de là que je m’y mette’’,reléguant au second plan l’intérêt supérieur de la nation.
Presque tous les forums organisés jusqu’ici par les politiques débouchent inévitablement sur des nouveaux gouvernements (GouvernementTshisekedi, Birindwa, Kengo, Samy Badibanga…) et finalement le peuple se rend compte que les résolutions issues de ces concertations sont jetées dans la mer de l’oubli.Qui peut se rappeler de deux résolutions de la conférence nationale souveraine qui sont d’application aujourd’hui ? Difficile.
Peu importe comment le G13 essaie d’habiller sa démarche, les Congolais les plus avisés savent qu’à la fin (s’il y a réellement dialogue général) on devra voir un autre gouvernement avec des nouveaux ministres, alors que les actuels n’ont même pas encore produit les fruits de leur travail. Qu’est-ce que le pays résoudra comme problème en changeant chaque fois des ministres ? Une certaine stabilité s’impose si la RDC veut décoller. Sinon, ce sera du sur place. Le temps passe, mais la classe politique refuse de tirer les leçons de l’histoire. Si les réformes proposées par les uns et les autres vont dans le sens de consolider les acquis démocratiques et surtout offrir au pays des scrutins de qualité avec peu de moyens ( le reste doit être consacré au développement), la population ne peut que saluer ce genre d’initiatives mais malheureusement, la classe politique congolaise a toujours une anguille sous roche dans chacune de ses démarches et c’est regrettable.