Pendant qu’il est annoncé des marches de partis politiques et autres organisations de la société civile en rapport avec la situation politique de l’heure, le Premier ministre Ilunga Ilunkamba a réuni autour de lui le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, Gilbert Kankonde, le ministre d’Etat en charge de la Décentralisation Azarias Ruberwa, le ministre de la Défense nationale et Anciens combattants Aimé Ngoie Mukena, le Gouverneur de la ville province de Kinshasa, Gentiny Ngobila, ainsi que les responsables des services de sécurité, de la Police et de l’armée. La rencontre a porté sur les demandes des marches des partis politiques et autres organisations de la société civile. Après échange, il a été décidé ce qui suit : en application de l’Etat d’urgence sanitaire déclaré par le Président de la République, ainsi que des mesures de riposte s’y rapportant, il est formellement interdit d’organiser des marches publiques sur toute l’étendue du territoire national ; il est demandé aux leaders des plateformes CACH et FCC qui constituent la coalition au pouvoir d’inviter leurs membres de s’abstenir impérativement des marches projetées dès ce jeudi 09 juillet 2020 ; il leur est demandé d’entamer urgemment des discussions politiques sur les questions de l’heure qui les divisent et enfin, la Police nationale congolaise est chargée d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, et de veiller scrupuleusement au respect de l’interdiction des marches publiques pendant toute cette période de l’Etat d’urgence sanitaire.
Kankonde rejoint Ngobila
Bien avant la réunion à la Primature, le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, Gilbert Kankonde Malamba, a tenu hier mercredi 8 juillet, une réunion avec certains activistes et politiciens qui ont projeté de manifester ce jeudi contre l’éventualité de la candidature de Ronsard Malonda à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et les trois propositions de loi Minaku et Sakata. Après cette réunion, certains participants ont fait savoir que les échanges avec le VPM n’ont pas abouti. Plusieurs organisations des jeunes ont participé à la réunion qui a également connu la participation des délégués de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) et de la Police Nationale Congolaise (PNC). Pour les partis politiques, l’on a aperçu des délégués de l’UDPS, du PPRD, de l’AFDC…
Déjà faut-il le signaler, le Colonel Pierrot Muanamputu de la PNC s’était prononcé à ce sujet, affirmant que la Police va disperser tout attroupement de plus de 20 personnes.
« Le commandant suprême a ordonné à la PNC de faire respecter scrupuleusement les mesures de prévention de lutte contre la propagation de la Covid-19, notamment la rupture de la chaine de transmission. C’est ainsi qu’un attroupement de plus de 20 personnes est prohibé… et que l’observance des mesures de distanciation sociale est requise », a dit le porte-parole de la Police Nationale Congolaise.
« L’arsenal législatif confie aux forces de l’ordre les prérogatives d’exécuter les lois et règlements de la RDC dans le strict respect des droits humains et libertés fondamentales. Qu’il soit admis que l’Etat d’urgence sanitaire est une période exceptionnelle qui astreint la jouissance de certains droits et libertés fondamentaux entre autre le droit de manifestation dans une réunion pacifique et sans armes, ainsi que dans les manifestations sur la voie publique ou en plein air », peut-on lire dans ce communiqué de la Police.
Ainsi face à la résistance des organisateurs contre des décisions prises par les autorités politiques, il est clair qu’on risque d’assister à des scènes non souhaitées ce jeudi.
Des troubles à Lubumbashi
En marge des manifestations de ce jeudi, hier à Lubumbashi, des militants de l'Udps se sont accrochés avec ceux du PPRD. La scène de violences s’est déroulée sur l’avenue du 30 juin à quelques mètres du siège du PPRD. A en croire notre source, les militants de l’UDPS ont envahi les artères de la ville cuprifère pour protester contre la décision des autorités provinciales de confiner la ville pendant trois jours dès ce jeudi, jour de leur manifestation générale. Ceux de l’UDPS accusent les militants du PPRD d'avoir arrêté et tabassé une dizaine de motards se réclamant de l’UDPS qui étaient en train de sensibiliser pour la marche de ce jeudi à Lubumbashi. Ainsi, ils ont brûlé des pneus sur la chaussée, bien que la Police ait intervenue quelques temps après.
A Goma également, plusieurs manifestants étaient interpellés puis relâchés par la Police ; bien qu’ils se réclament encore « éternels infatigables » et promettent de poursuivre des manifestations.
La Police n’est pas un bien sans maitre
Hier République des juges, République des intouchables, aujourd’hui l’on est en face d’une République des ordres ! La République Démocratique du Congo mérite mieux ; son Peuple également. Hélas, une sorte de confusion s’observe, et cela piétine tous les efforts qui sont mis en œuvre pour instaurer un « véritable » Etat de Droit. Face à des manifestations de troubles à l’ordre public, la Police ne sait plus intervenir ; les fauteurs étant devenus « intouchables ».
Il s’observe depuis quelques semaines, l’organisation des manifestations contre certaines décisions prises. A Kinshasa comme en provinces, plusieurs de ces manifestations n’ont pas reçu l’autorisation de l’autorité compétente. Des manifestants pillent, brûlent et détruisent des biens de particuliers.
Dans la capitale congolaise par exemple, quelques manifestations ont eu lieu aux environs du Palais du Peuple ; siège du Parlement qui du reste demeure inviolable. Hélas, la Police est restée amorphe face à des manifestants qui ont pris le luxe de détruire même la clôture du Palais du peuple. D’après certaines indiscrétions, un commandant aurait même été interpellé pour avoir demandé à ses hommes de repousser les manifestants. Cela, sans leur tirer dessus, mais de s’y prendre de manière plutôt professionnelle. L’auteur de son interpellation l’aurait questionné sur l’origine des « ordres » qui l’ont poussé à repousser les manifestants. Toujours au Palais du Peuple, au lendemain de la première manifestation, la Police est restée impuissante face aux manifestants qui brûlaient des pneus, barricadaient des routes et détruisaient même des biens de particuliers appartenant à un autre camp politique. Ils ont eu le courage d’agir plusieurs heures après, alors que la manifestation tendait déjà à sa fin.
Ce n’est pas fini ! Au marché central de Kinshasa, l’on a vu un haut gradé de la Police nationale accompagnant le commissaire provincial de la Police/Kinshasa, pour le couvrir face aux ordres des gens qui se réclament la « hiérarchie ». Ici, c’est l’ordre d’une autorité politique au niveau national qui l’a emporté sur celui d’une autorité urbaine.
« Nous, nous sommes des policiers et n’obéissons qu’aux ordres de la hiérarchie. Le VPM de l’intérieur donne des ordres, et le commissaire général nous instruit, et à notre tour, nous donnons des ordres à celui qui gère la Police au niveau provincial », a d&ea