Depuis le 17 juillet, dans le cadre des opérations conjointes Usujaa menées par les armées de la République démocratique du Congo (RDC) et de l'Ouganda (UPDF) dans le sud du territoire d'Irumu, les forces conjointes FARDC-UPDF pilonnent les positions des ADF dans la forêt de Mont Hoyo, située dans la chefferie de Walese Vonkutu, territoire d'Irumu. Ces opérations se sont intensifiées vendredi 26 juillet près de la rivière Malibongo où les deux armées ont réussi à libérer 23 personnes,  dont seize femmes, parmi lesquelles se trouvent des femmes enceintes, treize mineurs et trois nourrissons.

Selon le porte-parole des opérations Usujaa, l'objectif de ces offensives est de réduire significativement la capacité de nuisance des rebelles ADF, responsables de nombreuses exactions contre la population. Les Forces démocratiques alliées sont un groupe armé ougandais fondé en 1995 et regroupant des mouvements d'opposition au président Yoweri Museveni mais qui  s'est depuis lors déplacée en république démocratique du Congo. Crée par  le  Mouvement démocratique allié; Armée nationale de libération de l'Ouganda; Armée de libération musulmane de l'Ouganda, l’ADF, sous la direction Musa Seka Baluku et Jamil Mukulu versés dans l’idéologie Salafiste djihadiste, les Forces démocratiques alliées (ADF) ont fait allégeance à l’ État islamique en Afrique centrale et financent leurs activités par des prises d'otages ainsi que la  contrebande de bois, des minerais et du cacao.

Pour le cas de ces  ex-otages libérés par les FARDC et l’UPDF, le colonel Mak Hazukay a précisé que les treize enfants libérés, ainsi que d'autres otages, ont été conduits à Luna en Ituri où ils sont pris en charge par les forces conjointes. Certains rescapés, blessés, reçoivent des soins médicaux avant d'être transférés dans des structures médicales appropriées.

Le double jeu ougandais des ougandais

 L’Ouganda comme le Rwanda sont très critiqués par la population qui les accuse de tirer les ficelles dans l’insécurité au Kivu. Depuis un moment, les renseignements congolais ne cessent d’accuser le Rwanda et l'Ouganda de soutenir les terroristes du M23/RDF dans l'Est de la RDC. Il se fait donc que dans un rapport publié en date du 8 juillet 2024, les experts de l'Onu avaient confirmé  que des membres des services des renseignements de l'Ouganda accordent un "soutien actif" aux terroristes M23/RDF qui contrôle une partie du territoire congolais.

En effet, Wanny Rugamika une observatrice de la vie socio-politique congolaise, affirme que  depuis la chute de Bunagana en 2021, les terroristes du M23/RDF séjournent en Ouganda  et les militaires ougandais viennent à Bunagana. Par ailleurs, des militaires rwandais transitent par l'Ouganda avec leurs munitions pour venir aider le M23, indique le rapport qui révèle aussi que les responsables de la rébellion résident le plus souvent en Ouganda, où ils tiennent aussi régulièrement leurs réunions. Ces affirmations ne surprennent pas Kinshasa car, après leur défaite en 2013, plus de 1.500 combattants M23 se sont retiré en Ouganda, d’où sont venus les ADF.  

Il se fait que nombre d’observateur estiment que l’Ouganda joue un double jeu dans la coalition militaire avec les FARDC  attaquant les ADF qui s’opposent à Museveni et soutiennent l’unité spéciale de l’armée rwandaise dans leur projet commune pour l’émergence de l’empire Hima dans l’est de l’Afrique conformément à la thèse du professeur kenyan Mazrui. 

«  A ce sujet, le S.G. de l’O.U.A ; avait même déjà initié un dossier fort avancé sur les causes profondes de l’instabilité des populations dans la région des Grands Lacs. La solution de cette situation consiste à appliquer sur terrain une étude développée par le Professeur Kenyan de nom de MAZRUI, et qui consiste à revoir les tracés des frontières des Etats sur base des affinités ethniques pour aboutir à l’émergence de l’Empire Hima à l’Est du Continent Africain. …  Le S.G. de l’O.N.U (Boutros Galli à l’époque) le sait et soutient même le plan puisqu’il détient un exemplaire du rapport du Prof. MAZRUI», avait dénoncé en son temps, Me Gérard Kamanda Wa Kamanda, ancien S.G. adjoint  de l’OUA ; ancien Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangères du Zaïre (RDC), devant la Commission parlementaire ;  dite Commission VANGU, le 29 février 1996, avait fait ces déclarations.

“Nous ne sommes pas venus en RDC pour des richesses, mais plutôt pour uniquement combattre les ADF” (Commandant des opérations)

En décembre 2021, il y a environ 3 ans, le Commandant des opérations de des opérations “Usujaa” contre les djihadistes ADF, réaffirmait qu’aux côtés des forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) l’armée ougandaise y est  pour traquer les terroristes de Forces Démocratiques Alliées (ADF).

Dans un extrait vidéo de l’époque,  publié par l’armée congolaise, le commandant des opérations “Usujaa” contre les djihadistes ADF a fait savoir que les Forces de Défense du Peuple Ougandais (UPDF) sont sur le sol congolais avec un seul objectif de mettre fin à l’aventure des ADF.

Le Général Major Kayanga Muhanga ajoute que l’objectif de ces opérations est de permettre aux deux pays de bien faire le commerce pour le relèvement de leurs économies.

“Nous sommes là pour soutenir l’UPDF et les FARDC et traquer les rebelles ADF. Nous ne sommes pas venus en RDC pour les richesses mais plutôt pour uniquement combattre les ADF de les neutraliser ou de limiter les dégâts qu’ils font contre les civils. Cela permettra aux deux pays de bien faire leurs activités transfrontalières notamment le commerce”, rassure-t-il.

Les activistes des droits humains de la région ont salué cette action et encouragent les armées à poursuivre leurs efforts pour libérer les civils encore détenus par les rebelles depuis plusieurs mois dans le sud d'Irumu.

L'opération conjointe FARDC-UPDF Usujaa, qui vise à combattre les ADF dans les territoires de Beni au Nord-Kivu et d'Irumu en Ituri, en est à son 31ème mois depuis son lancement par les gouvernements congolais et ougandais.