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Ce que va dire Tshisekedi à Blinken ?

Le Secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken a entamé une tournée africaine qui va le conduire dans trois pays à savoir, l’Afrique du Sud, la Rdc et le Rwanda. La première étape de cette tournée est le pays de Nelson Mandela où il est arrivé dimanche 07 août.

Du 9 au 10 août, en République démocratique du Congo, le secrétaire d’État s’entretiendra avec des membres haut placés du gouvernement congolais et des membres de la société civile pour discuter de notre intérêt mutuel à assurer la tenue d’élections libres, inclusives et justes en 2023, en promouvant le respect des droits de l’homme et en protégeant les libertés fondamentales. Il se focalisera aussi sur la lutte contre la corruption, l’appui au commerce et aux investissements, les actions visant à faire face aux changements climatiques, l’accroissement de la résilience agricole, et il appuiera les efforts africains régionaux pour promouvoir la paix dans l’Est de la Rdc et l’ensemble de la région des Grands Lacs.

Trois ou quatre choses

Au cours de cette visite, trois ou quatre points intéresseront Félix Tshisekedi, président de la Rdc, qui a besoin d’une forte implication des autorités américaines. D’abord, il y a le fameux partenariat pour la paix et le développement, tel que vanté par Mike Hummer, ex-ambassadeur américain en Rdc. Il s’agit pour les Etats-Unis d’Amérique d’être pragmatiques comme d’autres partenaires de la Rdc et de ne pas s’éterniser dans les théories à dormir debout, qui ne profitent nullement à la population congolaise. Sinon, depuis l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi, nombreux sont les Congolais qui attendent la concrétisation de toutes les promesses annoncées. Les Congolais attendent voir et palper les investissements américains. Et ce, surtout que Félix Tshisekedi s’est inscrit dans la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics. Il s’agit d’une lutte dont les efforts ont commencé à porter leurs fruits : les réalisations des régies financières ne font qu’augmenter, à la grande satisfaction des Congolais. Ceci entrainant cela, l’Etat a désormais les moyens de sa politique, pour répondre aux désidératas des Congolais.

Ensuite, Antony Blinken arrive en Rdc au moment où il a été interpellé par M. Robert Menendez, président de la Commission des Affaires Étrangères au Sénat des États-Unis. Celui-ci a démontré noir sur blanc comment les États-Unis ont alloué plus de 147 millions de dollars d'aide étrangère au Rwanda en 2021, et a proposé 145 millions de dollars pour l'exercice 2023, faisant des États-Unis le plus grand donateur bilatéral du Rwanda. Le sénateur se donne le devoir d'examiner attentivement toute aide sollicitée au Congrès en faveur du Rwanda, et de faire suspendre l’assistance d'ordre sécuritaire, en commençant par plusieurs millions de dollars en soutien aux casques bleus rwandais, car il craint que tout soutien américain à l'armée rwandaise alors qu'elle est déployée en Rdc en soutien aux rebelles responsables d'attaques contre des civils congolais, des troupes congolaises et des soldats de la paix de l'ONU, puisse envoyer un signal troublant que les États-Unis approuvent tacitement de telles actions.  Comment prétendre soutenir la Rdc en ne relançant pas la coopération militaire, susceptible de permettre aux FARDC d’avoir non seulement les moyens, mais aussi les équipements nécessaires pour faire face à toutes sortes de menaces. 

Enfin, Tshisekedi ne manquera pas d’aborder avec son hôte le dernier rapport des experts de l’ONU qui établit que c’est le Rwanda qui est personnellement en opération en Rdc à travers les terroristes du M23. Une présence qui ne cache pas l’ambition réelle du Rwanda d’empêcher tout développement de la Rdc, en alimentant et finançant les groupes armés pour que ceux-ci maintiennent la Rdc à feu et à sang. La réaction des Etats-Unis d’Amérique, principaux bailleurs de fonds de la Monusco et du Rwanda est attendue. Sinon, ceci traduit une complicité dans le mal et la Rdc n’aura de salut que si elle accepte de se prendre elle-même en charge. La question du retrait de la Monusco, qui fait à ce jour l’unanimité de la population, sera aussi à l’ordre du jour. Une force dont la présence en Rdc ne se justifie pas, parce qu’ayant un matériel inférieur à celui que détient le M23. Dans ce contexte, comment appuyer la Rdc et protéger la population congolaise lorsqu’on a des moyens désuets ?

Que dira Blinken à Tshisekedi ?

Comme tout impérialiste, Antony Blinken ne va pas échapper à la logique qui veut qu’il puisse s’immiscer dans la gestion du pays, et faire certaines recommandations ou élaborer des conditionnalités.

Comme il est de coutume, il va revenir sur l’organisation des élections en 2023 où la CENI a publié une feuille de route bourrée des contraintes. Cette feuille de route avec plusieurs défis, peine à rassurer tout le monde sur la volonté réelle du pouvoir en place de financer le processus électoral et de respecter les délais constitutionnels. M. Denis Kadima, le président de la CENI ne manque d’occasion pour marteler sur sa bonne foi de tenir les délais constitutionnels. Toutefois, comme le dit si bien un adage, ‘’à l’impossible, nul n’est tenu’’.

Un autre point sur lequel Antony Blinken pourrait revenir, c’est celui relatif au respect des libertés publiques. Ici, il ferait le plaidoyer de la société civile et de certaines Ong comme l’ACAJ. Depuis la semaine dernière, en effet, cette dernière dénonce des arrestations qui inquiètent quant à la liberté d’expression et de mouvement.

Soulignons que le secrétaire d’État séjournera au Rwanda, du 10 au 12 août, où il s’entretiendra avec de hauts responsables du gouvernement de ce pays, et des membres de la société civile pour discuter des priorités communes. A cela s’ajoutent, bien entendu, les opérations de maintien de la paix. Le secrétaire d’État se concentrera sur le rôle que le Rwanda peut jouer dans la réduction des tensions et de la violence actuelle dans l’est de la RDC. Il soulèvera aussi des préoccupations relatives à la démocratie et aux droits de l’homme, comprenant la répression transnationale, la limitation de l’espace pour les opinions divergentes et l’opposition politique, et la détention injustifiée de Paul Rusesabagina, résident permanent légal aux États-Unis.



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